L’écosystème Proxmox a franchi une étape qualitative avec l’arrivée de Proxmox Datacenter Manager 1.0 (PDM), la première version stable de sa plateforme de gestion centralisée multi-clusters. Cet outil a été conçu avec une mission claire : offrir une vue unifiée et opérationnelle de des dizaines ou centaines de nœuds et clusters Proxmox VE et Proxmox Backup Server, même lorsqu’ils sont répartis entre plusieurs centres de données et emplacements distants.
Pour les entreprises utilisant déjà des infrastructures basées sur Proxmox — comme les clients de Stackscale, qui déploient des clusters dédiés en centres de données haute disponibilité — PDM devient un véritable « vCenter pour Proxmox », tout en conservant la philosophie open source et le contrôle total de leur infrastructure.
“Pour nombre de nos clients, Proxmox Datacenter Manager constitue la pièce manquante pour gérer de grandes plateformes avec la même facilité qu’auparavant avec VMware, sans dépendre d’un fabricant fermé ni de modèles de licences imprévisibles”, souligne David Carrero, cofondateur de Stackscale (Groupe Aire).
Qu’est-ce exactement que Proxmox Datacenter Manager ?
Proxmox Datacenter Manager est une plateforme « single pane of glass » conçue pour superviser et gérer plusieurs environnements Proxmox depuis une seule console web. À partir de ce tableau de bord central, il est possible de visualiser :
- Les nœuds et clusters Proxmox VE
- Les instances de Proxmox Backup Server
- Les machines virtuelles et conteneurs LXC
- Les stockages et datastores de sauvegarde
…même s’ils sont répartis entre différents centres de données, racks ou même sites locaux connectés via VPN ou liens dédiés.
D’un point de vue technique, la version 1.0 repose sur Debian 13 « Trixie », un noyau Linux 6.17 et ZFS 2.3, entièrement développée en Rust — backend, CLI et une nouvelle interface web basée sur le framework Yew —, avec un accent sur la performance, la sécurité et la maintenabilité à long terme.
Elle ne cherche pas à remplacer l’interface classique de chaque cluster Proxmox VE, mais se positionne comme couche de gouvernance et d’orchestration multi-clusters, idéale pour les équipes système gérant de nombreux nœuds dispersés.
Fonctionnalités clés de Proxmox Datacenter Manager 1.0
1. Vue centralisée et métriques agrégées
PDM permet d’enregistrer plusieurs « remotes » (clusters Proxmox VE, nœuds et serveurs de sauvegarde) et d’afficher dans un dashboard global :
- Utilisation du CPU, RAM et stockage
- Capacité disponible et saturation
- Alertes, états et tâches récentes
Les données sont mises en cache localement, garantissant une « photo » récente de l’environnement même si un remote est momentanément inaccessible.
Pour un client disposant de plusieurs clusters dans différents centres de données Stackscale, cela permet de répondre en quelques secondes à des questions telles que :
- « Où ai-je la plus grande capacité disponible ? »
- « Quel cluster est le plus sollicité ? »
- « Comment évolue un service critique sur tous les sites ? »
2. Gestion multi-clusters et migration en direct
L’un des points forts de PDM est la gestion d’environnements multi-clusters et la possibilité d’effectuer des migrations en direct de machines virtuelles entre clusters indépendants, sans interruption.
Ce qui ouvre la voie à :
- Rebalance des charges entre clusters lorsque l’un atteint ses limites.
- Exécuter des maintenances ou élargir le matériel sans périodes d’indisponibilité.
- Concevoir des scénarios de haute disponibilité entre centres de données avec encore plus de flexibilité.
Sur des plateformes Proxmox hébergées chez Stackscale, cette gestion s’intègre parfaitement à des architectures où le client dispose de plusieurs clusters dédiés (production, pré-production, DR, etc.) et souhaite déplacer des charges sans manipulation manuelle d’exportation ou d’importation.
3. Opérations de cycle de vie simplifiées depuis un seul tableau
Depuis Proxmox Datacenter Manager, il est possible de :
- Démarrer, arrêter et redémarrer VMs et conteneurs.
- Consulter et gérer les ressources de stockage associées.
- Vérifier un historique centralisé des tâches et logs.
Pour les équipes système, cela signifie moins de « clicops » dispersés et plus de possibilité d’uniformiser processus et automatisations via une API commune.
4. Recherche avancée et vues personnalisables
La recherche intégrée utilise une syntaxe puissante (inspirée d’outils comme Elasticsearch ou GitHub), permettant de filtrer par :
- Type de ressource (VM, conteneur, remote…)
- État (en fonctionnement, arrêté, dégradé…)
- Étiquettes et métadonnées
Sur cette base, il est possible de créer des vues personnalisées — par projet, client interne, environnement (dev, preprod, prod), etc. — et de les associer à certains rôles. Une équipe de développement peut ainsi voir « ses » ressources sans accès à tout l’infrastructure.
5. Sauvegarde, réseau et SDN avec EVPN
PDM 1.0 s’intègre avec Proxmox Backup Server, affichant datastores, espaces de noms et snapshots dans des panneaux dédiés, avec des métriques d’usage et de performance. Cela facilite la supervision de l’état des sauvegardes à l’échelle globale, essentiel pour des stratégies de restauration multi-site.
Dans le domaine réseau, il inclut des capacités initiales de SDN avec EVPN, permettant de configurer zones et VNets entre plusieurs sites distants depuis une seule interface. Dans des architectures avec overlays L2/L3 répartis entre centres de données, c’est un atout majeur pour garantir une cohérence de configuration.
6. Sécurité, identités et RBAC granulaire
Proxmox Datacenter Manager supporte l’authentification via :
- LDAP
- Active Directory
- OpenID Connect
En complément du 2FA et des tokens, il s’appuie sur un système de contrôle d’accès basé sur les rôles (RBAC) très granulaire. Il est possible d’attribuer à une équipe une visibilité sur certaines vues sans leur donner accès directement aux nœuds sous-jacents.
7. Gestion centralisée des mises à jour et accès distant au shell
La plateforme intègre un tableau de mises à jour centralisées, affichant l’état des dépôts et des paquets à jour sur l’ensemble des Proxmox VE et Proxmox Backup Server connectés. Il est possible de lancer des mises à jour à partir de cet espace, en utilisant un accès distant au shell, évitant ainsi d’ouvrir des sessions isolées sur chaque nœud.
Pour les opérateurs et prestataires, cela réduit considérablement le risque de clusters désalignés ou de vulnérabilités non corrigées dans l’environnement.
Ce que cela change pour les clients de Stackscale
Dans le cadre de Stackscale, Proxmox Datacenter Manager arrive à un moment où de nombreuses organisations font le saut de VMware vers des plateformes open source en raison de modifications de licences et de stratégies.
“De plus en plus de projets où le client souhaite conserver le niveau de contrôle et de résilience qu’il avait avec VMware, mais sur une base open source et dans des infrastructures dédiées. Proxmox VE répondait déjà parfaitement à la partie hyperviseur ; avec Datacenter Manager, la gestion à l’échelle devient enfin une réalité”, explique David Carrero.
Parmi les avantages les plus évidents pour les clients de Stackscale :
- Vue unifiée multi-CPD et multi-clusters : arrêter de traiter chaque cluster Proxmox comme un silo et gérer toute la plateforme — y compris les environnements on-premise connectés — comme un « parc logique » unique.
- Mobilité avancée des charges : la migration en direct entre clusters, combinée au réseau Stackscale, facilite la relocalisation des services, la vidange de clusters pour les rénovations matérielles ou les mouvements entre centres de données dans une stratégie de résilience.
- Meilleur gouvernance et audit : vues par unité d’affaires, permissions par rôle, centralisation des tâches et logs renforcent la conformité réglementaire et la séparation des fonctions.
- Opérations quotidiennes plus efficaces : recherche globale, tableau de bord des tâches unifié, gestion des mises à jour et accès au shell via une seule console, réduisant le temps consacré aux tâches répétitives et les erreurs humaines.
“Notre objectif est clair : que l’équipe système du client puisse concevoir ‘son centre de données Proxmox’ comme un tout, même si, en dessous, il y a différents clusters, racks et centres de données. PDM s’intègre parfaitement dans cette vision de cloud privé Proxmox sur matériel dédié”, ajoute Carrero.
Déploiement, support et premiers pas
Proxmox Datacenter Manager 1.0 est disponible sous forme d’image ISO installable sur bare-metal ou sur une installation existante de Debian, distribuée en logiciel libre sous licence GNU AGPLv3. Pour les environnements de production, Proxmox propose des abonnements avec accès aux dépôts enterprise et support.
Dans le cas de Stackscale, les scénarios typiques incluent :
- Déployer PDM comme une machine (ou nœud) dédié au sein de la plateforme Proxmox du client.
- Intégrer PDM avec l’annuaire d’entreprise (LDAP/AD/OIDC) et les politiques de sécurité en place.
- Concevoir, avec l’équipe Stackscale, une stratégie de vues, rôles et permissions en accord avec leur organisation.
Il est judicieux de commencer avec un pilote limité, par exemple, en connectant quelques clusters non critiques, puis d’étendre progressivement la gestion de l’ensemble du parc Proxmox, à mesure que la confiance grandit.
Questions fréquentes sur Proxmox Datacenter Manager et Stackscale
En quoi Proxmox Datacenter Manager se différencie-t-il de Proxmox VE ?
Proxmox VE est l’hyperviseur (plateforme d’exécution des VMs et conteneurs) et Proxmox Datacenter Manager est la couche de gestion centralisée multi-clusters, conçue pour voir et opérer de nombreux Proxmox VE et Proxmox Backup Server depuis une seule interface.
Quels sont les avantages de Proxmox Datacenter Manager par rapport à la gestion séparée de chaque cluster ?
Il offre métriques agrégées, migration en direct, vues et permissions par rôle, tableau de mise à jour centralisé, et une vision unifiée de l’état de la plateforme, ce qui simplifie l’exploitation et facilite la planification de la capacité et la résilience.
Comment les clients de Stackscale peuvent-ils démarrer avec Proxmox Datacenter Manager 1.0 ?
L’approche la plus courante consiste à déployer une instance dédiée de PDM dans leur environnement chez Stackscale et à connecter progressivement leurs clusters. Stackscale peut accompagner dans la conception, le déploiement et la gestion continue de la solution sur leur infrastructure dédiée.
Proxmox Datacenter Manager convient-il aux environnements multi–CPD et stratégies de récupération d’urgence ?
Absolument. PDM est pensé pour les environnements distribués, avec plusieurs clusters dans différents centres de données, et se combine particulièrement bien avec Proxmox Backup Server pour la supervision des dataStores, snapshots et réplications croisée dans une stratégie multi-site de DR.