Le 25 août 2025 a marqué un tournant dans la coopération économique entre la Corée du Sud et les États-Unis. Les deux pays ont signé 11 protocoles d’accord (MOUs) couvrant des secteurs stratégiques tels que la construction navale, l’énergie nucléaire, l’aviation, le GNL et les minéraux critiques.
Cette annonce a été faite lors d’une table ronde d’affaires à Washington, un jour après la première rencontre entre le président sud-coréen Lee Jae Myung et le président américain Donald Trump. Quatre-vingt-seize dirigeants d’entreprises sud-coréennes, notamment Lee Jae-yong de Samsung Electronics, Chey Tae-won de SK Group, et Euisun Chung de Hyundai Motor Group, étaient présents, tout comme vingt-et-un partenaires américains, dont Jensen Huang, CEO de Nvidia, et David Rubenstein, co-fondateur de Carlyle Group, selon le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie de la Corée du Sud.
Dans le domaine naval, HD Hyundai et la Banque de développement de Corée (KDB) ont signé un accord préliminaire avec l’investisseur américain Cerberus Capital pour créer un programme conjoint d’investissement visant à moderniser la construction navale et renforcer la collaboration avec la marine américaine. Par ailleurs, Samsung Heavy Industries et Vigor Marine Group ont également conclu un mémorandum pour des projets de maintenance, réparation et overhaul (MRO) de navires de la Navy américaine. Ces actions renforcent la position de la Corée du Sud comme un allié stratégique dans la chaîne d’approvisionnement maritime pour les États-Unis, face à la montée en puissance de la Chine.
En énergie nucléaire, un consortium formé par Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP), Doosan Enerbility, X-energy et Amazon Web Services s’est engagé dans le développement de petits réacteurs modulaires (SMR), considérés comme essentiels pour une transition énergétique sûre. Doosan Enerbility a également conclu un accord avec Fermi America pour fournir des matériaux pour une grande centrale nucléaire et pour alimenter un ambitieux campus d’intelligence artificielle au Texas. En parallèle, KHNP et Samsung C&T ont signé un autre accord avec Fermi America sur ce même projet, tandis que KHNP a finalisé un partenariat avec le fournisseur américain Centrus pour la construction d’une usine d’enrichissement d’uranium, renforçant la sécurité de l’approvisionnement nucléaire dans un contexte de demande mondiale croissante.
Dans le secteur aéronautique, Korean Air a confirmé l’achat de 103 avions de nouvelle génération à Boeing, pour une valeur de 36,2 milliards de dollars, en plus d’un contrat de 13,7 milliards de dollars avec GE Aerospace pour la fourniture et la maintenance de moteurs, consolidant ainsi la relation entre la Corée du Sud et l’industrie aéronautique américaine, dans un contexte de reprise post-pandémique.
Dans l’énergie, Korea Gas Corp. a signé avec Trafigura un contrat pour l’achat de 3,3 millions de tonnes de GNL américain par an pendant 10 ans à partir de 2028, contribuant à sécuriser la dépendance de la Corée du Sud à ses sources d’énergie. Concernant les minéraux critiques, Korea Zinc s’est associé à Lockheed Martin dans une démarche visant à sécuriser l’approvisionnement en lithium, nickel, cobalt et terres rares, matériaux indispensables pour les batteries, l’aérospatiale et la défense.
Au plan géopolitique, ces MOUs traduisent la volonté conjointe de renforcer leur partenariat stratégique face aux tensions avec la Chine et la Russie, ainsi qu’à la course technologique dans des domaines comme l’intelligence artificielle, l’énergie et la défense. Le ministre sud-coréen de l’Industrie, Kim Jung-kwan, a insisté sur le soutien institutionnel que le gouvernement apportera à cette coopération, afin d’ouvrir de nouvelles opportunités d’affaires.
Ces accords affichent une vision commune axée sur l’innovation, la défense et la durabilité, visant à assurer la résilience et l’autonomie technologique des deux nations. La présence de figures telles que Jensen Huang illustre l’importance stratégique de l’intelligence artificielle dans cette nouvelle dynamique de partenariat, mêlant infrastructures énergétiques, supercalcul et défense dans un paradigme inédit de coopération bilatérale.