TSMC maintient son leadership avec des marges record tandis que la concurrence peine à réaliser des bénéfices

TSMC étend son opération européenne avec de nouvelles usines axées sur les puces IA

En une année 2025 marquée par l’incertitude économique, les tensions géopolitiques et la pression croissante sur les chaînes d’approvisionnement, l’industrie de la fonderie de semi-conducteurs connaît une division claire entre gagnants et perdants. En tête du classement, TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) continue de réaliser des performances record tout en maintenant des marges brutes enviables. Cependant, pour les fonderies de deuxième et troisième rangs, le panorama est radicalement différent : elles fonctionnent à pleine capacité, mais leurs bilans restent préoccupants.

Un contexte difficile que TSMC ne freine pas

Les taxes à l’exportation, les fluctuations des taux de change et un climat politique tendu entre grandes puissances ont compliqué l’année 2025 pour le secteur. Pourtant, TSMC a su non seulement résister, mais aussi dépasser ses propres records annuels, démontrant que sa taille, sa diversification client et sa maîtrise technologique restent des avantages difficiles à égaler.

La société taïwanaise a habilement géré l’impact des tarifs et la volatilité monétaire grâce à une stratégie de production flexible et à des accords d’approvisionnement qui protègent ses marges face aux augmentations de coûts. De plus, sa position de fabricant clé de puces avancées pour des secteurs comme l’intelligence artificielle, l’automobile et la 5G lui assure des contrats de grande valeur, aux marges nettement plus élevées que la moyenne.

L’autre facette : des fonderies au bord de la rupture sans rentabilité

En revanche, de nombreuses fonderies de second et troisième rangs fonctionnent à pleine capacité pour répondre à une demande forte, mais avec des marges opérationnelles faibles ou même négatives.

Pourquoi ? En partie à cause de une forte dépendance aux chips de gamme moyenne et basse, où la concurrence est féroce et les prix sous pression. S’y ajoutent des contrats moins favorables, un pouvoir de négociation moindre et des coûts énergétiques et logistiques plus élevés, qui rongent toute possibilité de profitabilité.

Alors que TSMC peut répercuter une grande partie de l’augmentation des coûts auprès de ses clients — qui valorisent sa qualité et sa capacité à produire des technologies de pointe — ces fonderies doivent absorber ces coûts pour ne pas perdre de commandes.

Tarifs et devises : le double coup

Les fluctuations du dollar et les politiques tarifaires posent un défi particulièrement difficile aux plus petites fonderies. Sur des marchés comme celui des États-Unis, les hausses de coûts liées à des taxes sur les matériaux ou équipements grignotent rapidement toutes les marges disponibles.

Pour TSMC, sa diversification géographique – avec des usines sur plusieurs continents – lui permet d’atténuer une partie de cet impact. En revanche, les entreprises concentrées en une ou deux régions dépendent excessivement des conditions locales et disposent de moins de flexibilité pour s’adapter.

Innovation, barrière à l’entrée

L’écart technologique s’est également creusé. TSMC ne se contente pas de dominer la capacité de production de nodes avancés – en 3 nm et en préparation pour 2 nm – mais maîtrise aussi tout l’écosystème du packaging avancé comme CoWoS et SoIC, essentiels pour les puces d’IA et de haute performance.

Les fonderies plus petites manquent de ces procédés de dernière génération et, bien qu’elles tournent à capacité maximale, une grande partie de leur production concerne des technologies plus matures, aux prix beaucoup plus modérés.

Le risque de la dépendance à un leader

Ce déséquilibre soulève un dilemme pour l’industrie mondiale. La dépendance à un seul fournisseur comme TSMC pour les puces les plus avancées accroît la vulnérabilité du marché face à toute interruption dans sa chaîne de production, qu’elle soit naturelle, politique ou sécuritaire.

Bien que des efforts de diversification soient en cours, notamment via des projets en Corée du Sud, aux États-Unis et en Europe, aucune autre entreprise n’a réussi à égaler la performance, l’échelle et la rentabilité de TSMC.

Conclusion : un leadership renforcé, une concurrence en péril

Alors que TSMC célèbre une nouvelle année de résultats records, le reste de l’industrie regarde avec inquiétude : malgré une demande mondiale forte, elle ne parvient pas à transformer ce volume en bénéfices. La différence réside non seulement dans l’échelle, mais aussi dans le modèle économique, le portefeuille clients et la maîtrise technologique.

Si cette tendance se confirme, l’écart pourrait encore s’accroître, consolidant un marché des semi-conducteurs où le leader évolue selon des règles très différentes de celles de ses concurrents.

Questions fréquentes

1. Pourquoi TSMC maintient-elle des marges si élevées comparé à d’autres fonderies ?
Parce qu’elle maîtrise les nœuds les plus avancés, possède des contrats de haute valeur et bénéficie d’une clientèle prête à payer pour la qualité et la capacité technologique.

2. Quelles technologies sont clés pour cet avantage ?
Les nœuds en 3 nm, en développement pour 2 nm, ainsi que le packaging avancé comme CoWoS et SoIC.

3. Les fonderies de deuxième rang peuvent-elles rattraper TSMC ?
À court terme, cela paraît très difficile. L’investissement en R&D et en capacité est colossal, et les marges actuelles ne permettent pas de grands sauts technologiques.

4. Quel risque représente la forte dépendance à TSMC ?
Que toute interruption dans sa production puisse impacter l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale en puces avancées.

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