L’Observatoire Européen de la Concurrence dans le Cloud appelle à une réponse réglementaire ferme contre les pratiques jugées abusives
L’Observatoire Européen de la Concurrence dans le Cloud (ECCO), un organisme indépendant soutenu par CISPE — l’association européenne des fournisseurs de services cloud — a publié un rapport sévère concernant Broadcom suite à son acquisition récente de VMware. Ce rapport, diffusé en mai 2025, dénonce les nouvelles conditions de licence imposées par Broadcom, jugées « légales et éthiquement défectueuses », et exige une intervention urgente des autorités réglementaires de l’Union Européenne.
Selon ECCO, la situation s’est détériorée depuis le rapport précédent en février. Les partenaires européens font état de pressions commerciales, d’annulations abruptes de contrats et d’une incertitude croissante concernant les conditions futures. Dans de nombreux cas, les fournisseurs cloud européens (CSP) ont été contraints de signer de nouveaux accords, selon le rapport.
Parmi les mesures les plus controversées, on trouve l’obligation de choisir entre agir en tant que revendeurs ou en tant que fournisseurs de services. Cette dichotomie, qui ne reflète pas la réalité opérationnelle du marché européen — où de nombreux acteurs occupent les deux rôles — limite la compétitivité et la réactivité des CSP locaux.
De plus, ECCO signale des actions en justice engagées par Broadcom contre des clients utilisant des licences perpétuelles, y compris un cas notable contre Siemens aux États-Unis. « Nous craignons que ces pratiques s’étendent également en Europe », affirment les membres de l’organisation.
Demandes pressantes et avertissement réglementaire
Le rapport détaille un certain nombre de mesures urgentes que Broadcom devrait adopter pour rétablir une relation commerciale équitable :
- Un préavis minimum de six mois avant tout changement de prix, de contrat ou de conditions.
- Des modèles de prix transparents reflétant la flexibilité des services cloud.
- Un accès équitable aux programmes de partenaires, en particulier pour les fournisseurs de petite taille ou hybrides.
- Protection de la vie privée des clients finaux, permettant l’anonymat dans les rapports d’utilisation.
Bien qu’un nombre croissant de fournisseurs ait signé les nouveaux contrats, ECCO insiste sur le fait que cette adhésion s’est faite dans des conditions déséquilibrées et sans alternatives viables, ce qui enfreint les principes de libre concurrence. L’organisme estime que la Commission Européenne devrait envisager de revenir sur les modifications contractuelles, suspendre les litiges en cours et appliquer des mesures correctives.
Réponse de Broadcom, mais maintien de sa position
En réponse aux critiques, Broadcom a réaffirmé son engagement envers l’écosystème cloud européen, soulignant qu’elle collabore avec plus de 140 CSP dans la région, dont plus de 40 offrent des services cloud souverains. La société assure être ouverte à un « dialogue constructif » avec CISPE, mais n’a pas encore annoncé de rectification substantielle de ses politiques.
Un marché en quête d’alternatives
Cette situation suscite un intérêt croissant des régulateurs. Fin avril, l’association allemande des utilisateurs de TI, VOICE, a déposé une plainte formelle contre Broadcom auprès de la Commission Européenne, renforçant ainsi la pression sur Bruxelles pour agir.
À propos d’ECCO
L’Observatoire Européen de la Concurrence dans le Cloud a été créé dans le cadre d’un accord entre CISPE et Microsoft pour résoudre un litige antitrust. Bien que son mandat initial ait été de superviser Microsoft, ECCO a élargi son attention à d’autres entreprises dont les pratiques pourraient limiter le choix des services cloud en Europe.
Références : arstechnica et CISPE