Taïwan réaffirme son soutien au siège de NVIDIA malgré les obstacles avec le terrain : le projet est bloqué à Beitou–Shilin alors que des emplacements alternatifs sont envisagés

Le sud de Taïwan se consolide comme un pôle mondial de semi-conducteurs et d'intelligence artificielle avec 300 start-ups internationales

Le projet de NVIDIA visant à établir sa première siège à l’étranger à Taïwan — présenté par Jensen Huang lors de Computex 2025 comme un gesture stratégique vers le cœur de l’écosystème des semi-conducteurs — fait aujourd’hui face à un obstacle majeur : l’accès au terrain. Néanmoins, le gouvernement a remis à zéro le compteur et confirme son soutien total pour débloquer l’initiative et la maintenir dans la capitale. Le Ministère de l’Économie (MOEA) a souligné qu’il participera activement à l’identification de parcelles viables si le site initialement choisi, dans le Parc technologique Beitou–Shilin, ne parvient pas à surmonter les obstacles contractuels qui le maintiennent à l’arrêt.

Que s’est-il passé : un empêchement lié aux droits d’usage du terrain

En mai, NVIDIA a annoncé son intention d’établir sa filiale taiwanaise dans le parc Beitou–Shilin, à Taipei. La zone étant majoritairement urbanisée et prévue pour des projets technologiques, deux parcelles privilégiées par la société sont déjà soumises à un droit d’usage au profit de Shin Kong Life Insurance, conformément à un contrat avec la municipalité. Ce chevauchement de droits a conduit à une négociation à trois—nvidia, Shin Kong et la ville—qui n’a pas abouti dans les délais prévus par un précédent protocole, ouvrant la voie à des échéances et reproches mutuels concernant les concessions et responsabilités de chacun.

La situation s’est tendue autour de la formule juridique envisagée pour sortir de l’impasse. Selon la presse locale, la ville a rejeté un transfert direct des droits d’usage — invoquant ses règles pour éviter tout favoritisme —, alors que Shin Kong affirme que une cession du bail, soutenue par la réglementation municipale et avec l’autorisation explicite de la mairie, est possible. Elle souligne également que renoncer unilatéralement à une partie des revenus futurs pourrait engager la responsabilité de ses dirigeants. Résultat : un blocage et une mise en scène politique sur comment résoudre le différend sans violer la loi ni établir de précédent.

La réaction du gouvernement central : soutien inconditionnel et plan B d’emplacement

Face à ce blocage, le MOEA a réaffirmé son soutien total au projet et s’est inscrit dans une démarche pour explorer d’autres options répondant aux critères de NVIDIA — on parle d’une superficie minimale d’environ 3 hectares, connectivité optimale et délais compatibles avec la stratégie de croissance de l’entreprise — si Beitou–Shilin venait à échouer. Des sources gouvernementales et analyses dans la presse évoquent un calendrier immédiat pour proposer d’autres sites afin d’éviter de nouvelles complications et préserver l’effet de levier qu’aurait une présence de NVIDIA sur l’île.

La Présidence et le ministre de l’Économie ont dépassé la simple communication en affirmant : “NVIDIA reste engagée à Taïpei”, en promettant “tout le soutien nécessaire” pour que le projet se déroule dans le cadre légal. Ce message s’adresse à la fois à l’entreprise et au marché local, après plusieurs jours de titres évoquant une situation “décevante” ou “bloquée” par des obstacles administratifs.

Taïpei veut retenir le projet : appels à Shin Kong et démarches administratives

Parallèlement, la Vice-municipalité de Taipei a exigé publiquement que Shin Kong Life coopère avec la municipalité pour résoudre le contrat actuel concernant les deux parcelles concernées par NVIDIA, afin que la ville puisse réattribuer les droits d’usage à la société de semi-conducteurs. Ce mouvement vise à maintenir le siège dans la capitale et à endiguer la spéculation autour d’un éventuel transfert vers une autre juridiction. La municipalité a évoqué, en outre, des solutions alternatives à Taipei si le dossier Beitou–Shilin venait à être définitivement bloqué.

Pourquoi cela importe : plus qu’un simple bureau, un pôle pour la R&D et les talents

La valeur stratégique de cette installation dépasse le cadre d’un bâtiment d’entreprise classique. Depuis mai, l’exécutif taiwanais a relié l’annonce de NVIDIA à une stratégie d’attraction des talents — locaux et internationaux —, accompagnée de bourses et d’aides aux chercheurs, afin de favoriser la position de Taipei comme hub mondial en IA appliquée, développement logiciel et conception de puces. Il ne s’agit pas simplement de bâtir une infrastructure, mais de renforcer une chaîne de valeur dans laquelle Taïwan occupe déjà une place centrale grâce à sa manufacture avancée, et de monter en gamme dans la recherche et développement et les services à haute valeur ajoutée.

Si le projet voit le jour dans les délais, la nouvelle siège deviendrait le “port d’attache” pour coordonner centres de données, laboratoires et partenaires en Asie, avec des plans de recrutement d’ingénieurs et la création d’un pôle de collaboration avec universités et startups. À l’inverse, un retard prolongé affaiblirait l’image que souhaite transmettre Taïwan comme plage d’investissement compétitive dans le domaine de l’IA de nouvelle génération.

Les enjeux juridiques : détails de la situation actuelle

  • Droits d’usage existants : Shin Kong Life détient un contrat en cours sur les deux terrains choisis par NVIDIA à Beitou–Shilin. La résiliation ou la fin mutuelle du contrat nécessitent un accord sur les compensations et leur conformité légale.
  • Transfert direct vs. réaffectation : Taipei refuse un transfert immédiat des droits de Shin Kong à NVIDIA ; Shin Kong argue qu’une cession selon la réglementation municipale, avec l’approbation de la mairie, serait possible et ne contreviendrait pas aux lois si elle est faite sans attendre la construction des bâtiments. La question centrale est de savoir comment procéder sans violer les règles ni engager la responsabilité des décideurs.
  • Risques fiduciaires : Shin Kong a averti que renoncer volontairement à des revenus futurs sans cadre clair pourrait entraîner la responsabilité pour gestion déloyale de ses dirigeants, ce qui refroidirait toute démarche unilatérale de leur part.

Signaux du marché et de l’écosystème

Ce dossier dépasse la sphère de l’urbanisme. Selon des spécialistes, malgré la préférence de NVIDIA pour Beitou–Shilin, une relocalisation vers d’autres parcs reste envisageable si les blocages persistent. La communauté professionnelle met également en garde contre une exigence excessive dans la procédure, susceptible de dissuader l’investissement, en insistant sur l’importance d’un compromis entre intégrité et efficacité. Par ailleurs, le MOEA continue d’affirmer qu’une présence à Taïwan est assurée, mais que le choix final dépendra de la find contexte juridique et des délais pour obtenir une parcelle appropriée.

Les trois scénarios pour la suite

  1. Accord tripartite à Beitou–Shilin
    NVIDIA, Shin Kong et Taipei s’accordent sur une résolution ou transfert selon les règles municipales, avec des compensations et des garanties pour éviter tout risque juridique. C’est la voie privilégiée pour ceux qui veulent maintenir le projet dans la capitale sans retard supplémentaire.
  2. Transfert à l’intérieur de Taipei
    Si le blocage persiste, la municipalité propose des sites alternatifs respectant les critères de taille et calendrier (on évoque environ 3 hectares). Cela permettrait de préserver la présence du siège sans dépendre du dossier Shin Kong.
  3. Transfert vers une autre ville taiwanaise
    Le MOEA envisage également d’autres localisations à l’extérieur de Taipei, en coordination avec d’autres administrations et parcs scientifiques. C’est le plan de secours si la capitale ne parvient pas à débloquer la situation dans un délai raisonnable. Le gouvernement central a d’ailleurs demandé des propositions pour accélérer cette démarche si besoin.

Contexte politique : un soutien transversal et une pression pour obtenir des résultats

La Présidence a utilisé l’annonce de NVIDIA comme symbole d’une Taïwan ouverte à l’investisssement international, et l’opinion publique suit le dossier comme un thermomètre de la capacité de gouvernance locale. Dans cette optique, le MOEA et la Vice-municipalité de Taipei ont multiplié les messages de confiance (“une solution est en vue”) et d’appels à la coopération (“chacun doit faire des concessions”) pour éviter que la situation ne se détériore davantage.


Les enjeux clés du projet (à ce jour)

  • Annoncé : mai 2025 ; NVIDIA choisit Taipei pour son siège à Taiwan.
  • Emplacement privilégié : Parc technologique Beitou–Shilin (Taipei).
  • Obstacle majeur : droits d’usage existants en faveur de Shin Kong Life ; désaccord sur la procédure légale pour libérer ou transférer le terrain.
  • Position du gouvernement : soutien total du MOEA et recherche d’alternatives si le dossier Beitou–Shilin ne se débloque pas.
  • Position de la municipalité : Taipei exige que le projet reste dans la ville et pousse à la coopération de Shin Kong.

Foire aux questions

NVIDIA a-t-elle renoncé à Taipei ?
Non. La société maintient sa préférence pour Beitou–Shilin, mais a demandé au MOEA d’identifier d’autres options si le désaccord sur la terre n’était pas résolu. Le gouvernement central assure de soutien total et d’approches en cours de préparation.

Pourquoi est-il compliqué de transférer le terrain ?
Parce que les parcelles sélectionnées sont déjà soumises à un droit d’usage accordé à Shin Kong Life. La municipalité rejette un transfert direct ; Shin Kong soutient qu’une cession peut être effectuée en conformité avec la réglementation locale si elle est approuvée par la mairie, et sans attendre la construction. La question centrale est de savoir comment faire sans violer la loi ni engager la responsabilité des décideurs.

Que demande NVIDIA pour son siège ?
Les données disponibles mentionnent une superficie minimale autour de 3 hectares, un bon accès et des délais alignés avec le plan de développement en R&D et recrutement d’ingénieurs. Taipei et le MOEA suivent cette liste de critères.

Quel est le prochain jalon ?
À court terme, il s’agit que Taipei et Shin Kong trouvent une solution légale à Beitou–Shilin ou que le MOEA concrétise des sites alternatifs avec des garanties juridiques et un calendrier clair. L’objectif politique déclaré est de maintenir la présence à Taiwan et de réduire les délais.


Sources : DIGITIMES Asia (soutien du MOEA et cadre général), Taiwan News et CNA/FocusTaiwan (chronologie du blocage par droits d’usage et position de Shin Kong), ICRT (messages de la Vice-municipalité de Taipei) ainsi que des analyses de la presse économique locale sur les exigences foncières et les options alternatives.

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