Le secteur des semi-conducteurs continue de dictéer le rythme de l’économie numérique, marqué par des alliances stratégiques entre géants technologiques. Récemment, SoftBank Group et Intel Corporation ont annoncé la signature d’un accord d’investissement en date du 18 août 2025. SoftBank prévoit d’investir 2 milliards de dollars pour acheter des actions ordinaires d’Intel, dans le cadre d’une opération qui sera finalisée après l’obtention des approbations réglementaires nécessaires.
Ce mouvement renforce la position d’Intel dans la course mondiale à l’innovation en matière de semi-conducteurs et d’intelligence artificielle. Le secteur, clé de l’économie numérique, couvre un large spectre allant du cloud computing et des centres de données, aux véhicules électriques, smartphones, et applications d’IA générative. La décision de SoftBank n’est pas uniquement financière : elle témoigne de la confiance dans le leadership américain en matière technologique et de l’importance stratégique de renforcer la fabrication avancée en territoire américain.
Masayoshi Son, CEO de SoftBank, a déclaré : « Les semi-conducteurs constituent la base de toutes les industries. Depuis plus de 50 ans, Intel est leader en innovation. Cet investissement stratégique reflète notre conviction que la fabrication avancée de chips aux États-Unis, avec Intel à sa tête, va continuer de se développer. »
De son côté, Lip-Bu Tan, PDG d’Intel, a souligné la portance stratégique de cette opération : « Nous sommes ravis de renforcer notre partenariat avec SoftBank, une entreprise à l’avant-garde de nombreuses technologies émergentes. Leur confiance dans Intel témoigne de notre rôle central dans la relance de la fabrication de semi-conducteurs de pointe aux États-Unis. »
L’accord prévoit que SoftBank achètera chaque action à 23 dollars. Alors que ce prix doit s’inscrire dans une stratégie financière plus large pour le conglomérat japonais, cette injection intervient à un moment crucial pour Intel, confrontée à la montée en puissance de NVIDIA et AMD sur les marchés de l’IA et des graphiques, et à la domination de TSMC dans la production avancée en 3 et 2 nanomètres.
Ce financement vise à soutenir la feuille de route d’Intel dans l’industrie des semi-conducteurs, son objectif étant de regagner du terrain face à ses concurrents et de garantir la souveraineté technologique des États-Unis et de ses partenaires.
La stratégie de SoftBank est également alignée avec sa vision de l’intelligence artificielle. Forte de décennies d’investissements, notamment dans ARM, acquis en 2016 et recentré en bourse en 2023, l’entreprise japonaise pousse à l’expansion des infrastructures indispensables à la révolution IA.
Dans un contexte géopolitique tendu, où les États-Unis, l’Europe, le Japon, la Corée du Sud et Taïwan rivalisent pour sécuriser leur autonomie dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs, cette alliance envoie un signal fort. Intel, acteur rare capable de concevoir et fabriquer des puces de dernière génération aux États-Unis, voit ses efforts consolidés par l’entrée de SoftBank, renforçant ainsi sa position stratégique.
Par ailleurs, cette opération coïncide avec une forte demande du marché de la IA, notamment en raison de la pénurie de GPU NVIDIA, soulignant la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement et d’accroître la capacité de production mondiale. Intel, avec ses nouvelles unités à Ohio et Arizona, aspire à devenir un pilier de l’infrastructure de données qui alimentera la prochaine décennie d’innovations en IA, robotique, edge computing et services cloud.
Certaines voix critiques évoquent le risque d’une bulle technologique dans cet engouement. Cependant, la majorité des analystes estiment que la demande réelle pour ces technologies, alimentée par la digitalisation rapide, la croissance de l’IA générative et l’automatisation, différencie cette période des excès des années 2000.
L’opération reste en attente de validation réglementaire, notamment par la législation antitrust américaine, avant de se finaliser officiellement. Une fois conclue, elle renforcera le partenariat entre deux acteurs emblématiques de l’écosystème technologique mondial.
Les enjeux de cette alliance touchent à la fois l’économie et la géopolitique, dans un contexte où la course à la suprématie dans le secteur des semi-conducteurs est plus que jamais stratégique. Les experts se demandent si ces investissements massifs seront suffisants pour soutenir la cadence de la révolution numérique ou s’il s’agit simplement du prélude à un nouveau cycle de consolidation dans le marché technologique mondial.