La société sud-coréenne améliore l’efficacité de son processus de 2 nanomètres et accélère le développement de son nœud de 1 nm, avec l’objectif de commencer la production de masse d’ici quatre ans.
Samsung Foundry est résolue à revenir au sommet de l’innovation technologique. Après plusieurs trimestres marqués par des défis en performance et en part de marché, la société a annoncé des améliorations significatives dans ses processus de 2 nm (SF2) et a confirmé officiellement qu’elle travaille déjà au développement de son nœud de 1 nanomètre, dont la production de masse est prévue pour 2029.
Avancées dans le domaine des 2 nm : l’Exynos 2600 comme fleuron
D’après les dernières informations, l’attendu Exynos 2600 sera le premier système sur puce (SoC) fabriqué avec le nœud SF2 de 2 nm, avec une production de masse programmée pour novembre 2025. Ce jalon marquera un tournant pour Samsung, qui entend démontrer avec ce chip non seulement des avancées technologiques, mais également une récupération opérationnelle après le revers rencontré avec les 3 nm et leur faible niveau de performance initiale.
La société a réussi à franchir la barre des 40 % de performance dans ses wafers de 2 nm, un chiffre encore éloigné de l’idéal, mais qui représente une nette amélioration par rapport aux chiffres de seulement 20-30 % en début d’année. L’objectif est maintenant de se rapprocher du seuil de 70-80 % qui ouvre normalement la voie à une production à grande échelle.
“La performance des 2 nm est meilleure que celle connue auparavant. Le processus est plus avancé que celui des 3 nm à ce stade”, affirment des sources internes de Samsung.
Restructuration et expansion commerciale
Une bonne partie du mérite de cette reprise est attribuée à Han Jin-man, le nouveau président de la division de fonderie, qui a redessiné à la fois la stratégie technique et commerciale. Sous sa direction, Samsung a cessé de se concentrer uniquement sur de grands clients américains et a entrepris une diversification active vers les marchés en Chine, en Inde et en Europe. Cette stratégie vise à assurer des revenus stables dans des processus matures et à réduire le coût par wafer pour améliorer la compétitivité sur des nœuds avancés.
De plus, l’utilisation de transistors GAA (Gate-All-Around) dans les 2 nm permettra une amélioration de la performance et de l’efficacité énergétique par rapport aux traditionnels FinFET, offrant ainsi à Samsung un avantage technologique clé, en particulier dans les applications à haute performance.
Nœud de 1 nm pour 2029 : la nouvelle frontière de la miniaturisation
Samsung a officiellement lancé le développement du processus de 1 nanomètre, un objectif qui semblait encore lointain il y a quelques mois. L’équipe de R&D a rassemblé certains des ingénieurs à l’origine du nœud de 2 nm pour relever ce nouveau défi, qui nécessitera une refonte profonde de l’architecture des puces et l’utilisation d’outils de lithographie avancés, tels que les scanners EUV à haute ouverture numérique (High-NA EUV).
“Nous travaillons pour que la production de masse commence en 2029”, déclarent des responsables de l’entreprise.
Ainsi, Samsung rejoint la course que mènent déjà TSMC et Intel pour conquérir le territoire subnanométrique. Cette nouvelle génération de processus nécessitera probablement l’utilisation de la technologie Forksheet, une évolution des transistors GAA, et pourrait représenter le dernier grand bond avant que les limites physiques de la miniaturisation n’imposent de nouvelles règles.
TSMC reste en tête, mais Samsung voit une opportunité
Malgré les avancées, Samsung reste derrière TSMC en termes de performance de production. La fonderie taïwanaise aurait déjà atteint un rendement de 60 % avec son processus de 2 nm et devrait commencer la production de masse avant la fin de 2025. Selon TrendForce, l’écart en part de marché entre les deux a augmenté : TSMC a clôturé 2024 avec 67,1 % contre 8,1 % pour Samsung, une chute à un chiffre qui a déclenché des alertes à Séoul.
Cependant, la hausse soutenue des prix de TSMC crée des opportunités pour Samsung. Certaines sources indiquent que des entreprises comme Apple ou AMD envisagent déjà de migrer une partie de leur production vers les nœuds avancés du fabricant sud-coréen, à la recherche d’un rapport qualité-prix plus favorable.
Conclusion : la course vers le 1 nm s’accélère
Avec sa stratégie renouvelée et un calendrier ambitieux, Samsung cherche à regagner du terrain dans la lutte pour la suprématie des semi-conducteurs. Si elle parvient à stabiliser les performances de ses 2 nm et à maintenir le rythme vers les 1 nm, la société pourrait retrouver sa place en tant qu’option privilégiée face à TSMC et Intel.
Alors que l’industrie s’engage dans la décennie de l’informatique subnanométrique, le leadership ne se mesure plus seulement par des nœuds, mais par la capacité d’exécution, la flexibilité commerciale et le contrôle des coûts. Et Samsung, après des années de revers, semble déterminée à rivaliser à nouveau au plus haut niveau.