Samsung rectifie : réduit la HBM et mise à nouveau sur DDR5, LPDDR5 et GDDR7

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Samsung a décidé de freiner dans la course à la mémoire HBM3E pour l’Intelligence Artificielle et reconsidère un domaine qu’elle connaît bien : la DRAM généraliste pour PC, ordinateurs portables et serveurs. Après plusieurs mois de transfert de ses lignes de fabrication vers la HBM afin de rivaliser directement avec SK Hynix, la société sud-coréenne amorce un changement stratégique qui consiste à augmenter sa capacité de production de DDR5, LPDDR5 et GDDR7, en plein cycle haussier des prix de la mémoire.

Ce revirement a surpris l’industrie. Sur le papier, la HBM3E est le produit star du moment : c’est la mémoire qui alimente les GPU pour l’IA de NVIDIA, AMD et autres acteurs, et la demande reste très forte. Cependant, la situation économique derrière chaque puce a contraint Samsung à réévaluer ses priorités.

De l’engagement total en HBM… à un retour à la DRAM “traditionnelle”

Il y a tout juste un mois, Samsung a transféré une grande partie de ses lignes de production DDR5, LPDDR5 et GDDR7 vers la fabrication de HBM, en espérant que l’essor de l’IA et les contrats avec de gros clients comme NVIDIA compenseraient cette décision. L’objectif était clair : rattraper SK Hynix, qui domine aujourd’hui le marché de la HBM avec plus de la moitié de la part mondiale, et a parfois approché 60 % en volume.

Mais la stratégie n’a pas donné les résultats escomptés. La fabrication de la HBM3E est complexe : elle nécessite plus de couches, un packaging avancé et un contrôle qualité maximal. Pourtant, les marges qu’obtient Samsung sont bien plus faibles que prévu, en partie parce qu’elle a dû proposer des prix compétitifs pour entrer dans des contrats importants où SK Hynix détenait une longueur d’avance.

Selon les analyses industrielles qui circulent, la société aurait vendu de la HBM3E avec des marges opérationnelles proches de 30 %, tandis que la DRAM généraliste (DDR5, LPDDR5, GDDR7) peut dépasser 60 % dans le contexte actuel de pénurie et de fortes hausses des prix. Autrement dit, la mémoire “classique” pour PC et serveurs est aujourd’hui deux fois plus rentable par unité de capacité que la sophistiquée HBM destinée à l’IA.

Un revirement à 180 degrés en pleine hausse historique de la RAM

Le nouveau plan de Samsung consiste à reconvertir entre 30 % et 40 % de sa capacité de production en 1ère génération vers la 1b, qui sera dédiée à la DDR5, LPDDR5X et GDDR7. Cette transition permettrait de libérer l’équivalent d’environ 80 000 wafers supplémentaires par mois pour la DRAM généraliste, selon des estimations internes relayées par des médias spécialisés.

Le contexte est favorable : en 2025, les prix de la mémoire ont connu une augmentation historique. Certains analyses indiquent que les modules DDR5 grand public coûtent aujourd’hui au moins deux fois plus qu’à la mi-année, et les prix contractuels de la DRAM ont augmenté de plus de 170 % par rapport aux minima du cycle.

Ce dynamisme du marché est précisément ce que Samsung souhaite exploiter. Si la HBM3E doit connaître une baisse moyens de prix de plus de 30 % à partir de 2026, comme plusieurs analystes le prévoient, rivaliser en réduisant les tarifs face à SK Hynix devient une bataille difficile. En revanche, renforcer sa position sur DDR5, LPDDR5 et GDDR7 lui permettrait de mieux capitaliser sur la tendance haussière de la DRAM.

Quels impacts pour les PC, portables et cartes graphiques ?

Le message principal est clair : Samsung va consacrer davantage de ressources à la mémoire “grand public”, même si cela se fait indirectement via les fabricants d’équipements et d’assemblages de GPU.

  • DDR5 pour desktop et serveurs : une augmentation de la capacité de production devrait, au moins temporairement, soulager la pénurie et limiter les hausses de prix. Mais, avec 80 000 wafers par mois pour le marché mondial de la DRAM, cela reste une goutte d’eau dans un océan, et il ne faut pas s’attendre à une chute drastique des prix, seulement à un léger apaisement.
  • LPDDR5/LPDDR5X pour portables et dispositifs mobiles : la décision de Samsung profite aussi à la mémoire basse consommation intégrée dans laptops, tablettes et autres appareils. Avec la montée en puissance de l’IA locale et des systèmes d’exploitation, assurer un approvisionnement avec de bonnes marges est crucial.
  • GDDR7 pour les GPU de nouvelle génération : Samsung a notamment été parmi les premières à annoncer GDDR7, visant les cartes graphiques haut de gamme avec des gains de performance jusqu’à 40 % par rapport à GDDR6. D’iriger davantage de capacité vers GDDR7 est une stratégie pour mieux se positionner pour l’arrivée des nouvelles générations de GPU de NVIDIA, AMD et Intel.

En résumé : à court terme, on pourrait constater une légère augmentation des stocks de modules DDR5 et de kits mémoire, voire une stabilité relative des prix. Mais, avec un marché de la DRAM toujours en tendance haussière, toute baisse sera probablement de courte durée, de l’ordre de quelques mois.

La paradoxe de la HBM : vendre tout… tout en souffrant

Ce qui est frappant dans cette histoire, c’est que Samsung vend presque toute la HBM3E qu’elle produit, surtout après avoir passé avec succès toutes les certifications techniques de NVIDIA et d’autres grands clients. Pourtant, le business ne paraît pas entièrement rentable.

Alors que SK Hynix profite d’une position dominante sur la HBM avec des prix plus élevés et de meilleures structures de coûts, Samsung doit souvent faire des offres à prix réduit pour écouler sa production, ce qui rogne ses marges. Avec une prévision de baisse de plus de 30 % du prix moyen de la HBM3E dans les années à venir, et seulement deux acteurs majeurs en jeu, la question est simple : a-t-on encore du sens à investir massivement dans un produit où la rentabilité est inférieure à celle de la DRAM classique ?

Plusieurs responsables de l’industrie sud-coréenne sont francs : en l’état actuel, produire de la HBM3E devient presque une “ perte comptable” si l’on compare avec la fabrication de DDR5, LPDDR5 ou GDDR7. La mémoire à haut débit reste stratégique – elle permet de s’inscrire dans la conversation de l’IA de haute performance – mais elle cesse d’être le cœur de la stratégie de rentabilité de Samsung.

Un virage qui impactera le marché jusqu’en 2026

Ce changement de cap est si profond que Samsung ne se contente pas de réorienter ses lignes de HBM vers la DRAM, elle réaffecte également ses capacités de NAND Flash dans ses grands sites de Pyeongtaek et Hwaseong vers la production de DDR5, LPDDR5 et GDDR7. Le message clair pour le marché : en 2026, l’objectif sera d’exploiter pleinement la cycle haussier de la DRAM.

Pour les consommateurs et les entreprises, cela signifie :

  • Plus grande disponibilité des modules mémoire : moins de ruptures de stock sur certains modèles.
  • Moins de volatilité extrême à court terme, avec des hausses plus mesurées.
  • Mais, globalement, des prix de la RAM encore élevés en 2026, soutenus par une demande robuste pour les PC, serveurs, centres de données IA et appareils mobiles.

Le seul point positif, c’est qu’au moins la pénurie ne devrait pas être aussi dramatique que lors des périodes récentes de mining de cryptomonnaies, où la revente faisait grimper les prix à des niveaux exorbitants. Le problème devient plus structurel : la mémoire est devenue une ressource critique dans l’économie de l’IA… et les fabricants y adaptent leurs stratégies.

Questions fréquentes sur le changement de stratégie de Samsung

Pourquoi Samsung réduit-il son engagement dans la HBM3E alors que la demande pour l’IA est forte ?
Parce qu’en dépit d’une demande soutenue, les marges générées par la HBM3E sont inférieures à celles de DDR5, LPDDR5 et GDDR7. La nécessité de proposer des prix compétitifs face à SK Hynix et les prévisions de baisse des prix de la HBM font que, aujourd’hui, la DRAM généraliste est plus rentable par unité de capacité.

Les prix de la mémoire DDR5 pour PC et serveurs vont-ils baisser ?
Il pourrait y avoir une légère amélioration des stocks et une stabilisation partielle des prix à court terme, grâce à l’augmentation de la capacité de production. Cependant, le marché de la DRAM reste en tendance haussière, avec une demande continue pour l’IA, les centres de données et les PC de nouvelle génération. Les prix devraient donc rester élevés en 2026.

Quel impact pour les GPU et la GDDR7 ?
En concentrant davantage de capacité sur la GDDR7, Samsung se positionne pour approvisionner les futurs GPU de nouvelle génération. Cela pourrait éviter une pénurie grave de mémoire graphique, bien que cela ne garantisse pas des prix faibles, la demande pour le gaming et l’IA influant aussi sur le prix final.

Samsung abandonne-t-elle la course à la HBM pour l’IA ?
Pas exactement. Samsung continue à produire de la HBM3E et maintient ses accords avec des grands clients de l’IA, mais elle ne souhaite plus investir autant dans ce produit à marges plus faibles. La stratégie consiste à maintenir une présence dans la HBM pour ne pas se couper de l’écosystème IA, tout en maximisant la rentabilité avec DDR5, LPDDR5 et GDDR7.

Sources : elchapuzasinformatico
Analyse du marché de la mémoire HBM et part de SK Hynix.
Rapports récents sur la hausse des prix de la DDR5 et de la DRAM en 2025.
Informations produits et feuille de route GDDR7 de Samsung.

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