Le secteur mondial des semi-conducteurs pourrait prochainement connaître une alliance inattendue. Selon des informations publiées par des médias sud-coréens et relayées par le Taiwan Economic Daily, Samsung Electronics étudie une possible collaboration stratégique avec Intel. Ce mouvement, d’envergure technologique et ayant également une forte connotation politique, suscite de nombreuses attentes dans l’industrie.
Ce scénario se déroule alors que le président sud-coréen Lee Jae-myung doit se rendre à la Maison Blanche, où des investissements d’une valeur de plusieurs milliards de dollars pourraient être annoncés aux États-Unis. Parmi la délégation, Lee Jae-yong, président de Samsung, pourrait profiter de cette occasion pour renforcer ses liens avec l’administration américaine.
La Maison Blanche considère Intel comme une pièce maîtresse de sa stratégie industrielle et géopolitique. La récente participation du gouvernement américain au capital d’Intel, à hauteur de 9,9 % via un investissement de 8,9 milliards de dollars, a positionné le géant des semi-conducteurs comme un acteur clé du « Made in USA » dans ce secteur.
Dans ce contexte, un soutien de Samsung à Intel pourrait être perçu comme une démarche d’alignement avec la politique américaine de relocalisation et de réduction de la dépendance technologique vis-à-vis de l’Asie. Selon un dirigeant de l’industrie sud-coréenne cité par Etnews, une telle collaboration pourrait être avantageuse pour Samsung en termes de prestige et de condition commerciale, notamment dans la négociation de tarifs douaniers.
Historiquement, Samsung et Intel ont été décrits comme deux concurrents majeurs dans le domaine des semi-conducteurs, rivalisant sur la mémoire et la capacité de fabrication. Cependant, la conjoncture du marché et la pression politique pourraient encourager une coopération ponctuelle. L’alliance pourrait être mutuellement bénéfique : Intel, cherchant à regagner des parts de marché face à TSMC et à améliorer sa division de fabrication, bénéficierait d’un apport supplémentaire en capitaux et en savoir-faire, tandis que Samsung renforcerait sa présence aux États-Unis et pourrait atténuer l’impact des taxes douanières.
Actuellement, Samsung produit déjà certains contrôleurs pour Intel et construit à Taylor, au Texas, l’un de ses centres de production les plus avancés, destiné à fabriquer des puces en technologie de 2 nanomètres.
Plusieurs axes de collaboration potentielle sont évoqués : la licence technologique sur les substrats en verre, un domaine dans lequel Intel a récemment ralenti ses investissements, la mutualisation de capacités de fabrication malgré la compétition sur les nœuds de 2 nm, ou encore une coopération autour du test et de l’emballage des semi-conducteurs, notamment avec Amkor Technology, une société américaine spécialisée dans ces domaines.
Au-delà de l’aspect technologique, cette alliance touchera également à la sphère politique. Samsung cherche à assurer ses opérations aux États-Unis face à d’éventuels nouveaux droits de douane ou mesures restrictives sous l’administration Trump. Un partenariat avec Intel, soutenu par le gouvernement américain, pourrait démontrer l’engagement de Samsung dans le renforcement de la filière locale des chips et améliorer son image en tant que partenaire fiable.
Néanmoins, cette démarche n’est pas sans risques. La rivalité constante entre Samsung et Intel pourrait compliquer leur coopération. Des divergences technologiques et la dépendance à l’évolution politique des États-Unis constituent également des défis majeurs. La stratégie de Samsung pourrait être fragilisée si le contexte politique change.
L’éventuelle alliance pourrait marquer un tournant dans l’industrie des semi-conducteurs, illustrant que dans l’arène géopolitique actuelle, d’anciens adversaires peuvent devenir des alliés circonstanciels. Bien que rien n’ait encore été officiellement annoncé, le simple fait que la spéculation soit alimentée montre à quel point politique et industrie sont désormais étroitement liées. La politique de l’administration Trump redéfinit non seulement les investissements américains, mais pousse aussi à la formation de nouvelles alliances globales, autrefois inimaginables.
Questions fréquentes :
1. Pourquoi Samsung serait-elle intéressée à collaborer avec Intel ?
Principalement pour renforcer sa position aux États-Unis, contourner d’éventuels droits de douane et participer à la reconstruction de l’industrie locale des semi-conducteurs.
2. Quels avantages pour Intel dans ce partenariat ?
En plus de capitaux et d’un échange technologique, Intel pourrait renforcer son image dans le monde en tant que partenaire international, dans un contexte où le gouvernement américain s’investit directement dans sa gouvernance.
3. Cette alliance pourrait-elle impacter TSMC ?
Oui, si elle renforçait la compétitivité de Samsung et Intel dans des segments clés, cela pourrait offrir une alternative soutenue politiquement aux acteurs taïwanais.
4. Quand cette coopération pourrait-elle être annoncée ?
Il est spéculé que cela pourrait coïncider avec la visite du président sud-coréen à Washington, sans confirmation officielle à ce jour.