Lors de l’événement ISC à Hambourg, la société française SiPearl a dévoilé les spécifications techniques de son premier microprocesseur, Rhea1, conçu spécifiquement pour les charges de travail de supercalcul (HPC) et l’inférence en intelligence artificielle. Cette annonce marque une étape importante dans l’effort européen pour retrouver sa souveraineté technologique dans le domaine du matériel haute performance.
Basé sur la plateforme Arm® Neoverse V1, Rhea1 intègre 80 cœurs hautes performances, chacun doté de deux unités SVE (Scalable Vector Extension) de 256 bits, rendant le processeur particulièrement adapté aux opérations vectorielles intensives, comme celles utilisées dans les simulations scientifiques ou les applications d’IA.
Le processeur dispose également d’une architecture mémoire avancée avec quatre empilements de mémoire HBM (High Bandwidth Memory) intégrés dans le encapsulage, garantissant une capacité et une largeur de bande élevées, idéales pour des charges de travail dépendantes de la mémoire, telles que l’analyse de big data, l’IA ou la simulation scientifique avancée. S’ajoutent à cela quatre interfaces DDR5, prises en charge en configuration 2 DIMMs par canal.
Côté connectivité, Rhea1 prévoit 104 lignes PCIe Gen5, réparties en six connexions x16 et deux x4, assurant une interaction optimale avec des GPU, des accélérateurs ou des systèmes de stockage haute performance.
Conçu pour une échelle flexible, le processeur exploite la norme d’interconnexion CMN-700 Coherent Mesh Network on Chip (NoC) d’Arm, permettant une gestion efficace des communications internes entre cœurs, interfaces mémoire et périphériques, tout en offrant la possibilité de basculer entre modes Flat ou Quadrant pour différentes topologies HPC.
Rhea1 sera compatible avec des langages de programmation traditionnels comme C, C++, Go et Rust, ainsi qu’avec des frameworks de l’IA de nouvelle génération tels que TensorFlow et PyTorch, ce qui le rendra polyvalent tant pour les data scientists que pour les ingénieurs en supercalcul.
Selon Philippe Notton, fondateur et CEO de SiPearl, « Rhea1 combine la performance des cœurs Arm Neoverse V1 avec une efficacité énergétique sans précédent, grâce à nos innovations brevetées en gestion de mémoire et d’énergie. Il est conçu pour être une alternative rentable et flexible aux solutions actuelles d’inférence en IA. »
Le lancement de Rhea1 s’inscrit dans les objectifs de l’European Processor Initiative (EPI) et du programme EuroHPC Joint Undertaking, visant à déployer une infrastructure de supercalcul de classe mondiale en Europe. Son application se concentrera sur des secteurs stratégiques tels que la médecine, la défense, la sécurité, la transition énergétique, le changement climatique et, de plus en plus, les modèles génératifs d’intelligence artificielle.
Avec plus de 190 employés répartis entre la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, SiPearl mène le développement de processeurs à usage général, orientés vers l’efficacité et l’indépendance technologique européenne. La décision d’utiliser une architecture basée sur Arm, plutôt que des architectures propriétaires comme x86, ouvre de nouvelles perspectives de personnalisation, de durabilité et d’évolutivité pour les futures infrastructures de centres de données.
Le premier échantillon de Rhea1 est prévu pour 2025, et sa fabrication se fait en collaboration avec TSMC à Taïwan, renforçant ainsi les liens entre l’industrie européenne et asiatique du semi-conducteur.
Caractéristiques techniques de Rhea1 :
– 80 cœurs Arm® Neoverse V1
– 2 unités SVE de 256 bits par cœur
– Quatre empilements de mémoire HBM intégrés
– Quatre interfaces DDR5 (2DPC)
– 104 lignes PCIe Gen5 (6 x16 + 2 x4)
– Réseau d’interconnexion NoC Arm CMN-700
– Support pour modes Flat et Quadrant
– Compatibilité avec C, C++, Go, Rust, TensorFlow et PyTorch
Rhea1 représente une démarche concrète de l’Europe pour rivaliser dans le domaine du supercalcul et de l’intelligence artificielle avec une architecture propre, efficace et évolutive. SiPearl ne cherche pas seulement à atteindre l’autonomie technologique, mais aussi à offrir une alternative stratégique face à la domination actuelle des grands acteurs américains et asiatiques. La question est de savoir si Rhea1 pourra devenir la nouvelle norme européenne pour les centres HPC et les clusters d’inférence IA, réponse attendue en 2025.