Qu’est-ce que le programme Verified Peering Provider de Google

Qu'est-ce que le programme Verified Peering Provider de Google

Dans un Internet dominé par les services en cloud, la question n’est plus simplement “quel fournisseur choisir ?”, mais “par où circule réellement mon trafic vers ce fournisseur ?”. Google a construit depuis des années un réseau privé mondial colossal et franchit aujourd’hui une nouvelle étape avec son programme Verified Peering Provider (VPP), une sorte de “label de qualité” pour les opérateurs et FAI qui garantissent une connectivité optimisée vers ses services publics (Workspace, YouTube, Google Cloud, etc.).

Ce mouvement s’inscrit parallèlement à des changements profonds dans sa politique de peering : Google réduit sa dépendance aux échanges publics (IX) et mise sur interconnexions privées à haute capacité (PNI), obligeant ainsi de nombreux acteurs à encore mieux professionnaliser leur relation de réseau avec le géant de Mountain View.

Dans ce contexte, Verified Peering Provider apparaît comme une pièce clé pour les entreprises nécessitant un accès à Google avec faible latence et haute disponibilité, sans avoir à se lancer dans la négociation de peering direct ni à répondre à des exigences techniques exigeantes.


Qu’est-ce qu’un VPP exactement ?

Le Programme Verified Peering Provider est un programme de badge de Google qui identifie un ensemble d’ISP ayant démontré :

  • Une connectivité privée redondante vers le réseau de Google.
  • De bonnes pratiques opérationnelles et de capacité (PNI à large bande, multiples sites, etc.).
  • Une stabilité et une diversité géographique dans leurs interconnexions.

Ces fournisseurs reçoivent une insigne (badge) à deux niveaux :

  • Silver VPP : garantit une redondance au niveau du Point de Présence (PoP), avec plusieurs PNIs vers Google dans une même zone.
  • Gold VPP : exige une redondance au niveau métropolitain (connectivité privée vers Google dans plusieurs localités), améliorant leur résilience face aux pannes régionales.

Pour Google, il s’agit d’indiquer : “si vous vous connectez à Internet via l’un de ces ISP, votre parcours vers Google sera beaucoup plus prévisible et robuste”.

Important : le programme est volontaire pour les ISP et ne remplace pas la politique de peering de Google ; les participants doivent toujours respecter les exigences standard en matière de peering (trafic minimum, bonnes pratiques BGP, redondance, etc.).


Ce que VPP apporte aux clients de Google

Pour une entreprise utilisant Google Workspace, APIs Google Cloud, YouTube ou d’autres services publics, VPP répond à trois principaux soucis :

1. Connectivité simplifiée

  • Pas besoin de négocier un Direct Peering avec Google.
  • Provisoirement, pas besoin de gérer des sessions BGP avec Google ni d’organiser une topologie d’interconnexion.
  • Il suffit de souscrire un IP Transit ou un accès Internet dédié (DIA) auprès d’un ISP Verified Peering Provider ; c’est cet ISP qui s’occupe de maintenir et d’optimiser la connectivité avec Google.

En pratique, c’est une façon d’externaliser la complexité du peering auprès de votre opérateur.

2. Haute disponibilité conçue dès le départ

  • Google exige une connectivité redondante : plusieurs PNIs, situés en différents endroits et sur différentes routes physiques.
  • Le badge Silver garantit une redondance au niveau du PoP ; le Gold assure une redondance au niveau métropolitain (plusieurs sites reliés en privé).
  • Tout le trafic vers Google transit par fibre privée dédiée, pas seulement par “Internet à meilleur marché”.

Ce qui se traduit par une expérience plus fiable lors de moments critiques : campagnes marketing, pics d’utilisation de Workspace, débits importants vers Google Cloud, etc.

3. Accès unifié à l’univers Google via une route optimisée

Avec un VPP, le client bénéficie d’un accès optimisé à :

  • Google Workspace (Gmail, Drive, Meet, etc.).
  • Google Cloud (APIs publiques, Cloud VPN, services accessibles par IP publique, etc.).
  • Autres services comme YouTube, Maps, Search…
  • .

Il n’y a pas de surcharge pour utiliser VPP : Google ne facture pas la consultation ou la sélection d’un Verified Peering Provider ; la relation commerciale est entre le client et l’ISP (transit ou DIA, SLAs, etc.).


Ce que gagne un ISP en devenant Verified Peering Provider

Pour un opérateur ou fournisseur d’accès à Internet, devenir VPP offre une stratégie commerciale claire :

  • Differenciation commerciale : affichage du badge Silver ou Gold sur son site web et dans ses propositions commerciales, attestant d’une connectivité répondant à des standards supérieurs de redondance et de qualité.
  • Visibilité dans les canaux de Google : sa présence dans la liste officielle VPP, avec logo, zones géographiques de vente et contacts, offrant un canal supplémentaire de prospection.
  • Renforcement de la relation avec Google : intégrer les exigences du programme permet une coopération technique plus étroite (diagnostic de congestion, événements, évolutions de la politique de peering, etc.).
  • Sans coût d’entrée : aucune redevance n’est exigée par Google pour participer ; le coût principal réside dans la mise en place de l’architecture réseau (PNIs, capacité, redondance), ce que nombreux opérateurs mondiaux ont déjà mis en place.

Pour les opérateurs européens de taille moyenne ou régionale, le badge VPP constitue une manière crédible de rivaliser avec les géants internationaux, du moins en ce qui concerne la connectivité avec Google.


En quoi cela se compare-t-il à d’autres services “premium” de connectivité ?

Le programme Verified Peering Provider de Google n’évolue pas isolément. D’autres « acteurs » proposent des offres avec des objectifs similaires : améliorer la connectivité vers leurs services depuis le réseau public, en s’appuyant sur des partenaires.

Les plus comparables sont :

  • Azure Peering Service (APS) de Microsoft.
  • AWS Direct Connect d’Amazon Web Services (plus orienté circuits privés “leased line” que peering public).

Azure Peering Service

Microsoft propose Azure Peering Service comme un service permettant aux clients d’obtenir des routes optimisées et monitorées vers des services comme Microsoft 365, Dynamics 365 et autres services publics de Microsoft, via des partenaires ISP.

Les partenaires de l’Azure Peering Service doivent respecter des exigences techniques proches de celles du VPP :

  • Disposer de PNIs redondants avec Microsoft dans chaque point de connexion.
  • Éviter les rate limiting sur ces liens.
  • Maintenir la diversité physique des connexions.
  • Publier correctement leurs préfixes d’infrastructure et supporter LAG/LACP pour les liens agrégés.

Ce service est clairement ciblé pour améliorer la connectivité vers les SaaS de Microsoft, avec des métriques visibles dans le portail Azure (latence, routes, etc.).

AWS Direct Connect

Pour Amazon Web Services, l’offre équivalente n’est pas tant un programme de “peering vérifié” que AWS Direct Connect :

  • Fournit des liaisons dédiées et privées entre le datacenter ou le réseau du client et AWS.
  • Offre des performances plus prévisibles que l’Internet public et des coûts de sortie de données plus faibles.
  • S’intègre avec AWS Transit Gateway, permettant d’utiliser une seule liaison comme “hub” vers plusieurs VPC et régions.

AWS travaille avec des Partenaires Livraison Direct Connect et des opérateurs de colocation, mais le modèle diffère : il ne s’agit pas tant de “marquer” des ISP pour une bonne connectivité vers AWS, mais d’offrir des circuits privés de niveau opérateur entre réseaux d’entreprise et cloud.


Tableau comparatif : Google VPP vs Azure Peering Service vs AWS Direct Connect

Caractéristique Google Verified Peering Provider Azure Peering Service AWS Direct Connect
Objectif principal Optimiser la connectivité publique vers tous les services Google (Workspace, Google Cloud public, YouTube, etc.) via des ISP “certifiés”. Optimiser et monitorer la connectivité publique vers les services Microsoft (Microsoft 365, Dynamics, services Azure)./td>

Fournir des liaisons privées et dédiées de niveau opérateur entre le réseau du client et AWS, avec moins de latence et de coûts.
Modèle technique Peering géré par l’ISP via PNIs privés redondants avec Google ; le client achète simplement du transit ou DIA à l’ISP VPP. Peering géré par un partenaire ISP avec PNIs redondants vers Microsoft ; le client se connecte à l’ISP qui fournit les routes et la visibilité via le portail Azure.
Type de trafic Trafic public vers les services Google accessibles par Internet. Trafic public vers les services SaaS et publics de Microsoft. Trafic privé (et éventuellement public) vers les services AWS via interfaces virtuelles (private/public/transit).
Rôle de l’ISP Acteur principal : maintient un peering direct et privé avec Google ; obtient le badge Silver/Gold. Acteur principal : devient partenaire du Service de Peering et doit respecter des exigences strictes d’interconnexion. Peut être partenaire de livraison, mais la relation centrale demeure entre le client et AWS pour la connexion dédiée.
Redondance minimale Silver : redondance PoP ; Gold : redondance métropolitaine, plusieurs PNIs et routes. PNI redondant en chaque lieu ; plusieurs emplacements recommandés pour une redondance géographique. Redondance optionnelle : plusieurs connexions Direct Connect recommandées, selon le design.
Cas d’usage typique Entreprise souhaitant garantir une bonne performance vers Google (Workspace, APIs). Pas besoin de gérer le peering direct. Améliorer l’expérience de Microsoft 365/Dynamics, avec visibilité sur les routes et latence. Entreprise avec un fort volume de trafic vers AWS, nécessitant un “chemin dédié” et contrôle BGP.
Coût du hyperscaler Google ne facture pas le VPP au client ; c’est l’ISP qui facture le transit ou DIA. Microsoft facture le service, l’ISP facture la connectivité ; programme contractualisé. AWS facture la connexion Direct Connect (port-hour) et le trafic ; l’opérateur ou la colocation facture aussi.

Pourquoi ces programmes deviennent-ils cruciaux à partir de 2025 ?

La tendance est claire : la connectivité vers les grands clouds ne se limite plus à “Internet simple”. On évolue vers un modèle où :

  • Les hyperscalers préfèrent des interconnexions privées et prévisibles aux sessions dispersées sur des centaines d’IX publics.
  • Les entreprises ont besoin d’SLAs et de routes optimisées vers des SaaS et PaaS critiques.
  • Les ISP investissant dans leur réseau et auprès des grands plateformes disposent d’une avantage compétitif évident.

Dans ce contexte, des programmes comme Verified Peering Provider, Azure Peering Service ou l’écosystème AWS Direct Connect sont la manière dont Google, Microsoft et AWS structure et normalise un monde qui, autrement, resterait opaque pour le client final.

Pour une entreprise élaborant sa stratégie de connectivité, la question ne se limite plus à “quelle vitesse ?”, mais devient :

“Êtes-vous Verified Peering Provider de Google ? Êtes-vous partenaire d’Azure Peering Service ? Disposez-vous d’un Direct Connect, ExpressRoute ou équivalent avec les hyperscalers que j’utilise ?”


Foire aux questions (FAQ)

En quoi un Verified Peering Provider se distingue-t-il d’un peering direct avec Google ?

Avec le peering direct, l’entreprise négocie et gère directement l’interconnexion avec Google, doit respecter des exigences de trafic, de redondance et opérer ses sessions BGP avec Google. Avec un Verified Peering Provider, cette complexité est déléguée à l’ISP : le client se contente de souscrire un Internet professionnel (transit ou DIA), et c’est l’opérateur qui garantit une interconnexion optimisée selon les standards du programme.


Un VPP suffit-il pour des applications critiques sous Google Workspace ou Cloud ?

Pour la majorité des entreprises, oui : un VPP offre une redondance et des routes optimisées vers les services publics de Google, ce qui suffit pour le courrier, la collaboration, et de nombreuses applications cloud. Toutefois, pour des projets extrêmement sensibles, il peut être judicieux de combiner VPP avec des solutions comme Cloud Interconnect, Cloud VPN ou architectures multi-homing selon leur politique de continuité d’activité.


Comment savoir si mon opérateur est Silver ou Gold Verified Peering Provider ?

Google maintient une liste publique des Verified Peering Providers où l’on peut vérifier les ISP certifiés, leur zone de vente, et leur badge (Silver ou Gold). On y trouve aussi les localisations avec plusieurs PNIs vers Google. Avant toute souscription, il est conseillé de consulter cette liste et de valider avec votre contact commercial la configuration précise qui sera déployée.


Que dois-je demander à un ISP avant de le considérer comme Verified Peering Provider ?

Voici quelques questions clés :

  • Quel badge détenez-vous : Silver ou Gold ?
  • Dans quelles villes disposez-vous de PNIs privés avec Google, et quelle capacité totale ?
  • Incluez-vous des SLA spécifiques concernant la latence ou la disponibilité vers Google Workspace/Google Cloud ?
  • Comment gérez-vous la redondance physique (fibres, centres de données, opérateurs de backhaul) ?
  • Offrez-vous une visibilité sur les routes et métriques (perte, jitter, etc.) vers Google ?

Une réponse détaillée permettra de mieux évaluer si l’ISP se limite à vendre de l’Internet ou s’il s’aligne réellement avec la nouvelle approche recommandée par Google pour faire circuler leur trafic.[/div]

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