Bien que les près de 3 000 entreprises participantes gardent le secret sur leurs révélations avant l’événement pour susciter l’attente, voici quelques innovations attendues cette année :

Agents d’intelligence artificielle

Depuis un peu plus de deux ans, l’intelligence artificielle imprègne et révolutionne l’écosystème technologique : les assistants virtuels apparaissent comme l’avenir d’une industrie qui s’efforce d’améliorer sans relâche l’interaction avec les modèles de langage. « Nous allons beaucoup entendre parler d’agents capables d’agir de manière autonome », révèle César Córcoles, qui anticipe des innovations dépassant le simple chatbot interactif par texte ou par voix, pour se concentrer sur des assistants autonomes au service de l’utilisateur.

Les développeurs, conscients des préoccupations des utilisateurs concernant la confidentialité à mesure que les assistants virtuels deviennent omniprésents, s’emploient à combiner le cloud computing avec le traitement local sur l’appareil de l’utilisateur. C’est ici qu’intervient le NPU, ou unité de traitement neuronal, un nouveau « cerveau » intégré dans de nombreux appareils, tels que les smartphones ou les ordinateurs, pour exécuter localement des applications d’intelligence artificielle. Toutefois, le professeur de l’UOC estime que cela ne résout pas complètement les problèmes de confidentialité et de sécurité, car l’utilisateur reste dans l’ignorance des processus exécutés localement ou dans le cloud. Cependant, l’accroissement d’appareils dotés de NPU, associé au développement de modèles de langage plus petits pour des tâches spécifiques, pourrait entraîner une exécution locale croissante des processus.

Les défis de la maison connectée

En plus de l’intelligence artificielle et de ses capacités d’automatisation, la domotique se profile comme une industrie émergente qui pourrait prospérer si elle parvient à surmonter de notables défis. « À moins de se cantonner à un seul fabricant, l’intégration de divers appareils de maison intelligente sera source de complications », explique César Córcoles au sujet des protocoles de connectivité actuels.

Malgré cela, le professeur anticipe d’autres domaines prometteurs où des innovations pourraient propulser cette industrie. « Des rumeurs circulent selon lesquelles Amazon souhaite que Alexa fonctionne sur un modèle de langage avancé », indique-t-il, ce qui rendrait les assistants comme Alexa ou Siri plus « intelligents » et fonctionnels — des technologies aujourd’hui dominées par des acteurs tels que ChatGPT ou Gemini, ainsi que des nouveaux entrants comme Claude ou Perplexity.

Robots intelligents

Le domaine de la robotique connaît également des avancées impressionnantes. Une fois les obstacles liés à la mobilité des robots surmontés, l’intelligence artificielle leur confère un « cerveau » pour réaliser de nouvelles actions, entreprendre des apprentissages et améliorer leurs capacités. « Des progrès considérables ont été réalisés, nous avons constaté les améliorations du chien de Boston Dynamics à chaque version », illustre-t-il, dans un secteur dont les dernières innovations suggèrent que l’ère des robots humanoïdes dans notre quotidien pourrait être plus proche que jamais.

Cependant, l’expert souligne que l’avenir de la robotique massive ne réside pas nécessairement dans les robots humanoïdes. « Je pense que la fabrication de robots humanoïdes peut avoir son utilité, mais ne répond pas à tant de besoins dans la pratique », admet-il. Les humanoïdes sont impressionnants, mais en pratique, le modèle Roomba continuera de dominer le marché car nous nous y sommes habitués et en voyons l’utilité », ajoute-t-il.

À cet égard, il semble que pour l’instant, le marché se concentre sur l’offre de petits robots domestiques connus des utilisateurs, comme les aspirateurs robots, mais dotés de bras robotiques pour améliorer leurs capacités d’interaction avec l’environnement. Cela n’empêche pas de constater des avancées dans les robots humanoïdes, mais l’ère où chaque foyer en aurait un devra probablement patienter, surtout en raison de leur coût élevé, les modèles les plus abordables étant estimés entre 15 000 et 20 000 euros, contre moins de 300 euros pour un aspirateur robot.

Le futur de l’automobile

Le Mobile World Congress est également devenu un vitrine des avancées récentes dans le secteur de la mobilité, en particulier en ce qui concerne les voitures autonomes et connectées. L’expert de l’UOC s’attend à voir cette année de nouvelles avancées de véhicules développés par Sony et déjà commercialisés par Xiaomi, bien qu’il se concentre davantage sur les nouvelles technologies et le matériel associés à ces gammes de véhicules. « Je souhaite voir jusqu’à quel point nous continuerons à parler d’écrans tactiles dans les voitures, car ils ont déjà causé des problèmes, et les boutons restent un excellent outil pour de nombreuses fonctionnalités désormais cachées derrière les écrans », fait-il remarquer.

Dans ce contexte, il semblerait que le prochain grand enjeu de cette industrie ne sera pas tant sur les capacités des véhicules eux-mêmes, mais plutôt sur la conquête de ces écrans qui feront office de centres de divertissement lorsque les véhicules autonomes deviendront courants. « Si nous cessons de conduire, ce sera un espace supplémentaire pour consommer des médias », explique-t-il, ouvrant la voie à une compétition entre géants pour intégrer leurs produits, services et plateformes sur ces écrans encore à explorer.

De plus, une lutte majeure se profile entre les États-Unis et la Chine, le géant asiatique semblant prendre la tête du marché des voitures électriques, dont le prochain défi sera l’autonomie. Cependant, César Córcoles affirme que la difficulté d’accès de la Chine au matériel occidental, mieux adapté à l’autonomie des véhicules, pourrait ralentir ses ambitions sur ce marché, au bénéfice des marques américaines et européennes. Tout reste possible, et le MWC pourrait être le lieu pour anticiper les orientations de chaque bloc, marque et marché.

Dispositifs convergents

Enfin, il apparaît que l’une des prochaines frontières technologiques résidera dans les dispositifs convergents et les nouvelles gammes de produits permettant aux fabricants de diversifier leurs activités au-delà des smartphones. « De plus en plus de gens examinent les nouveautés et constatent qu’une caméra dispose de 8 mégapixels supplémentaires, mais cela ne justifie pas de dépenser 1 200 ou 1 600 euros dans un nouvel appareil », souligne-t-il, notant alors qu’« il convient de concevoir un nouveau format d’interaction avec la technologie ».

Les smart rings, ou anneaux intelligents, semblent bien positionnés pour devenir l’un des prochains grands produits de consommation, en partie en raison de leur approche tournée vers la santé et un mode de vie actif. Cependant, ils devront rivaliser avec d’autres dispositifs portables, comme les smart glasses ou lunettes connectées, tant qu’ils parviennent à surmonter leurs limitations actuelles. Pour l’instant, les Ray-Ban Meta pourraient avoir un avantage, « si elles intègrent réellement l’intelligence artificielle », note-t-il. « Il pourrait être intéressant que le dispositif sache où vous regardez sans nécessiter de le tenir, mais de nombreux problèmes d’interaction demeurent non résolus, tout en devant être confortables, peu gourmands en batterie et en électronique », souligne-t-il.

Le Mobile World Congress pourrait bien révéler des avancées dans ce secteur. « Nous devrions voir des prototypes et des démonstrations de lunettes offrant un petit écran limité devant nos yeux. Cela pourrait s’avérer utile, ou frustrant, d’avoir les notifications de son mobile à portée de vue, ou des indications de Google Maps », explique César Córcoles. Cependant, ce marché ne manque pas de défis, à la fois techniques et commerciaux : il ne sera pas facile de créer une norme garantissant la compatibilité entre les produits, plateformes et services de différentes marques, chaque acteur souhaitant s’assurer de sa domination sur des marchés encore inconnus mais au potentiel énorme.

Note de l’UOC : César Córcoles. Professeur des Études d’Informatique, Multimédia et Télécommunications à l’UOC.