Qualcomm remporte le procès contre ARM, mais le conflit n’est pas terminé

Qualcomm prévoit un marché de 900 milliards de dollars pour 2030, stimulé par l'intelligence artificielle et la diversification.

Après deux ans de confrontations légales, Qualcomm est sorti victorieuse de son litige contre ARM concernant l’utilisation de licences de puces acquises suite à l’achat de la startup Nuvia en 2021. Un jury fédéral du Delaware a déterminé que Qualcomm n’a pas violé les termes de son accord avec ARM, marquant un jalon dans cette bataille judiciaire complexe qui pourrait définir l’avenir de l’innovation dans l’industrie des semi-conducteurs.

L’origine du conflit

Le différend a commencé lorsque Qualcomm a acquis Nuvia, une startup fondée par d’anciens ingénieurs d’Apple, pour 1,4 milliard de dollars. Avant l’achat, Nuvia avait obtenu des licences de conception de puces d’ARM, mais ARM a allégué que ces licences n’étaient pas transférables, poursuivant Qualcomm en 2022. La société britannique exigeait la destruction des technologies développées sous ces licences et arguait que Qualcomm payait des royalties considérablement inférieurs par rapport à ce que Nuvia avait précédemment payé.

Le verdict : une victoire partielle

Le jury a soutenu Qualcomm en déterminant qu’elle n’avait pas violé son contrat avec ARM. Cependant, la question de savoir si Nuvia avait violé les termes de son accord avant d’être acquise n’a pas été résolue. Cela laisse la porte ouverte à ARM pour faire appel, ce qu’elle a déjà confirmé qu’elle ferait. La juge Maryellen Noreika a noté que « aucune des parties n’a une victoire nette », laissant entendre que l’affaire pourrait être rouverte dans un avenir proche.

Impact stratégique pour Qualcomm

L’achat de Nuvia a été stratégique pour Qualcomm qui cherche à développer des puces de prochaine génération comme les Snapdragon X, utilisés dans des ordinateurs portables tels que les Copilot Plus. Selon des documents présentés pendant le procès, Qualcomm espérait économiser jusqu’à 1,4 milliard de dollars par an en paiements à ARM grâce à l’acquisition de Nuvia.

De plus, Gerard Williams, cofondateur de Nuvia, a témoigné que moins de 1 % de la technologie développée par Nuvia dépendait des conceptions d’ARM. Ce témoignage, ainsi que des documents internes d’ARM estimant les pertes à 50 millions de dollars résultant de l’opération, ont été clés pour faire pencher la balance en faveur de Qualcomm.

Déclarations des parties

Ann Chaplin, conseillère générale chez Qualcomm, a célébré le verdict en affirmant que « le jury a justifié le droit de Qualcomm à innover ». Chaplin a souligné que les produits de Qualcomm, y compris les CPU personnalisés conformes à ARM Oryon, sont protégés par le contrat existant avec ARM. Quant à ARM, elle a réitéré son intention de faire appel, en cherchant une résolution plus favorable lors d’une éventuelle réouverture du cas.

Implications pour l’industrie

Ce cas a des implications non seulement légales, mais aussi stratégiques pour l’avenir de la conception des puces. Qualcomm et ARM sont des acteurs clés dans le secteur des semi-conducteurs, et ce conflit met en évidence la complexité des accords de licence dans une industrie où l’innovation est essentielle pour maintenir la compétitivité.

Avec l’appel d’ARM à l’horizon, le dénouement définitif demeure à écrire. Cependant, ce procès établit un précédent sur la façon dont les entreprises gèrent les licences technologiques dans des acquisitions stratégiques.

Qualcomm, avec cette victoire partielle, continue d’avancer dans sa mission de mener le développement de puces personnalisées, tandis qu’ARM cherche à préserver son modèle d’affaires basé sur les licences. L’avenir de ce différend définira non seulement les relations entre les deux entreprises, mais aussi le cadre légal pour le développement technologique dans le secteur.

Référence : Verdict du tribunal et Reuters.

le dernier