OVHcloud lance Quantum Platform : l’enjeu européen pour l’informatique quantique dans le cloud

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OVHcloud a franchi une étape stratégique dans la course à la suprématie quantique avec l’annonce de Quantum Platform, qu’il présente comme la première offre européenne d’ordinateurs quantiques dans le cloud. Cette initiative débute avec un accès à au moins huit QPU (unités de traitement quantique) dans les prochaines années et démarre avec Pasqal Orion Beta, un système de 100 qubits basé sur des atomes neutres, déjà accessible aux clients professionnels et aux administrations publiques.

Au-delà de la communication accrocheuse, cette démarche place le fournisseur français dans une position stratégique au sein de l’écosystème émergent de Quantum-as-a-Service (QaaS) en Europe, un domaine jusqu’ici dominé par des géants américains et asiatiques.


Des laboratoires au cloud : ce que apporte Quantum Platform

La computing quantique promet de résoudre des problèmes impraticables avec les supercalculateurs actuels : optimisation à grande échelle, simulation de matériaux et molécules, modèles financiers complexes ou planification énergétique, entre autres. Le défi, cependant, ne se limite pas à la construction des machines, mais consiste surtout à les rendre accessibles aux entreprises et centres de recherche sans qu’ils aient à monter leur propre laboratoire quantique.

C’est là qu’intervient Quantum Platform :

  • Il est proposé comme service cloud, accessible à la demande.
  • Il cohabite avec l’infrastructure classique d’OVHcloud (bare-metal, cloud public et privé).
  • Il permet de travailler aussi bien avec émulateurs quantiques qu’avec hardware quantique réel.

OVHcloud ne démarre pas de zéro. Déjà en 2022, la société a lancé son premier émulateur quantique, et dispose aujourd’hui de neuf émulateurs déployés sur ses infrastructures, constituant la gamme la plus étendue d’émulateurs quantiques en Europe, avec près de 1 000 utilisateurs ayant expérimenté différents modèles de calcul quantique.

La nouveauté, c’est que ces émulateurs sont désormais complétés par un accès à distance à de véritables ordinateurs quantiques, en commençant par Pasqal Orion Beta.


Pasqal Orion Beta : 100 qubits européens… aussi dans le cloud européen

Le premier système intégré à cette plateforme est Pasqal Orion Beta, une QPU de 100 qubits basée sur des atomes neutres disposés en matrices en 2D et 3D, technologie dans laquelle Pasqal s’est spécialisé depuis sa fondation en 2019. Cette approche se positionne comme une des principales candidates dans la course à la suprématie quantique, face à d’autres approches telles que les supraconducteurs ou les ions piégés.

Avec cette annonce :

  • Les clients d’OVHcloud peuvent accéder à Orion Beta directement depuis l’écosystème cloud du fournisseur.
  • Ils n’ont pas besoin de gérer directement le matériel ni l’infrastructure cryogénique et de contrôle complexe associée.
  • Ils peuvent combiner charges de travail classiques et développements quantiques dans un même environnement cloud.

Pasqal met également en avant le partenariat stratégique. Son CEO, Loïc Henriet, souligne que mettre à disposition cet ordinateur quantique via OVHcloud représente « une étape importante vers la souveraineté numérique européenne », en assurant que le matériel quantique et l’infrastructure cloud peuvent être conçus et exploités intégralement en Europe.


Vers un écosystème quantique européen… avec huit QPU intégrées d’ici 2027

Quantum Platform ne se limitera pas à un seul fournisseur. L’objectif d’OVHcloud est d’intégrer au moins huit QPU d’ici 2027, dont sept provenant de fournisseurs européens, selon le plan annoncé par la société.

Concrètement, cela signifie :

  • De favoriser diverses technologies quantiques (atomes neutres, photonique, supraconducteurs…).
  • Permettre aux clients d’expérimenter et de comparer différents modèles et architectures en fonction de leurs cas d’usage.
  • Construire un catalogue multi-fournisseurs d’outils quantiques, similaire à ce qui existe déjà pour les instances classiques dans les grands clouds.

Pour Fanny Bouton, responsable quantique chez OVHcloud, ce lancement permet d’offrir « les technologies les plus avancées » tout en soutenant « le développement d’un cloud quantique européen », avec des outils facilitant l’itération, l’expérimentation et l’apprentissage avant que la computation quantique n’entre dans une phase d’adoption massive.

Ce message s’inscrit dans la stratégie européenne de souveraineté numérique et rejoint des initiatives telles que les programmes européens de supercalcul et de quantique, qui visent à éviter une dépendance totale à l’égard des infrastructures américaines ou chinoises dans la prochaine vague technologique.


Ce que les entreprises pourront faire avec Quantum Platform

Bien que la computation quantique en soit encore à ses débuts, OVHcloud positionne sa plateforme comme un environnement permettant d’amorcer le développement de capacités internes, aussi bien pour les entreprises que pour les administrations publiques.

Voici quelques scénarios typiques que cette plateforme facilite :

  • Optimisation et logistique
    Planification d’itinéraires, répartition des ressources, gestion des réseaux électriques ou de télécommunications, où de légers gains d’efficacité se traduisent souvent par d’importantes économies.
  • Finance et gestion des risques
    Modèles d’évaluation de dérivés, simulations Monte Carlo plus rapides et précises, optimisation de portefeuilles sous contraintes multiples.
  • Énergie et climat
    Modèles complexes liés aux réseaux de distribution énergétique, stockage ou intégration des énergies renouvelables, où de grands volumes de données et de nombreux paramètres interagissent.
  • Sciences des matériaux et chimie
    Simulation de molécules et de matériaux innovants pour batteries, médicaments ou catalyseurs, un domaine où l’avantage pratique en calcul quantique est très attendu.

Dans tous ces cas, la combinaison d’émulateurs et de hardware réel permet de commencer à travailler dès maintenant avec des algorithmes quantiques (ou hybrides quantique-classiques), de les tester dans des environnements d’expérimentation, et de se préparer à l’arrivée du hardware mature.


OVHcloud ambitionne de devenir un acteur clé dans la cloud quantique européenne

Au-delà de l’avancée technique, cette annonce renforce la position d’OVHcloud comme acteur européen de référence en matière de cloud et d’infrastructure :

  • Elle gère plus de 500 000 serveurs dans 46 centres de données répartis sur 4 continents.
  • Elle dessert 1,6 million de clients dans plus de 140 pays.
  • Elle opère dans un modèle intégré, concevant et fabriquant ses propres serveurs et centres de données, maîtrisant le réseau en fibre optique et s’engageant à réduire son empreinte carbone grâce à une gestion parcimonieuse des ressources.

Avec Quantum Platform, cette base industrielle et réseau est désormais mise au service de la prochaine génération de charges de travail, à savoir la computation quantique. Et cela dans une optique résolument européenne : infrastructure, données et maintenant même ordinateurs quantiques hébergés et exploités sous souveraineté européenne.


Les défis à venir

Ce mouvement ne supprime pas les défis encore présents :

  • Le hardware quantique reste encore éloigné d’une « suprématie quantique » généralisée pour des cas d’usage quotidiens.
  • Il manque de profils hybrides (développeurs, data scientists, ingénieurs systèmes) dotés d’une formation concrète en technologie quantique.
  • L’standardisation des interfaces, SDK et frameworks est encore en évolution.

Cependant, c’est précisément ce qui rend significatif le fait que des fournisseurs comme OVHcloud commencent à proposer des plateformes intégrées et accessibles. Sans cette étape intermédiaire, la computation quantique pourrait rester confinée à quelques laboratoires.

En définitive, Quantum Platform apparaît comme une étape supplémentaire vers un écosystème quantique européen souverain, dans lequel entreprises et organismes publics pourront expérimenter, apprendre et se préparer à la prochaine grande vague de la technologie, tout en conservant le contrôle sur leurs données et leur infrastructure.

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