NVIDIA investira jusqu’à 2 milliards de dollars dans xAI, la société d’intelligence artificielle d’Elon Musk (Grok), dans le cadre d’une mégaronde qui s’élève à 20 milliards entre capital et dette. La structure comprend un véhicule à but spécifique (SPV) qui achètera des GPU de NVIDIA et les louera à xAI pendant cinq ans afin d’accélérer le déploiement du superordinateur Colossus 2. Ce mouvement intervient 48 heures après l’annonce d’un accord pluriannuel entre OpenAI et AMD pour déployer 6 GW de GPU Instinct — avec un premier gigawatt au second semestre 2026 — et une option financière permettant à OpenAI d’obtenir jusqu’à 10 % du capital d’AMD à 0,01 $ par action, sous réserve du respect de certains jalons de livraison. Ces deux opérations illustrent un modèle consolidé : alliances “capitaux + approvisionnement” qui accélèrent l’infrastructure tout en garantissant une demande dans un marché sous tension.
xAI : capitaux, dette et leasing de GPU… avec NVIDIA en face
Selon Bloomberg et Reuters, xAI porte ses ambitions jusqu’à 20 milliards de dollars (≈ 7,5 milliards en fonds propres et jusqu’à 12,5 milliards en dette). NVIDIA contribuerait à hauteur de 2 milliards dans la partie actions ; des acteurs comme Apollo Global Management et Diameter Capital participent également à la dette. Le mécanisme clé : un SPV achète les puces de NVIDIA et les loue à xAI sur une période de cinq ans, permettant aux investisseurs de récupérer leur argent via des loyers et évitant à la startup d’impacter totalement son bilan par l’actif. L’objectif opérationnel est clair : accélérer Colossus 2 (Memphis) et sécuriser l’accès aux GPU en un contexte de demande élevée et de bottlenecks.
Ce type de financement combine dette garantie par du matériel + participation du fournisseur, ce que certains analystes qualifient de “financement circulaire” : le fabricant investit dans le client qui achètera (ou louera) ses puces. Les avantages sont évidents (déploiement accéléré, signal de confiance, demande stabilisée), mais il faut aussi tenir compte de certaines considérations réglementaires concernant d’éventuelles distorsions de marché ou de prix dues à cette intégration.
AMD–OpenAI : 6 GW par phases et une “clause d’option” conditionnelle
Par ailleurs, OpenAI et AMD ont annoncé un accord multigénérationnel : 6 GW pour la prochaine infrastructure d’OpenAI avec Instinct MI450 comme étape initiale (1 GW au second semestre 2026). Ce qui distingue cet accord, ce n’est pas seulement le volume, mais aussi la possibilité pour OpenAI d’obtenir jusqu’à 10 % de AMD à 0,01 $ la action, sous condition de réalisation de certains jalons d’achat et de livraison. Il ne s’agit pas d’un achat immédiat du pourcentage, mais d’une option (warrant) qui s’active au fur et à mesure que AMD exécute son plan de livraison. La lecture du marché : OpenAI diversifie ses partenaires au-delà de NVIDIA, tandis que AMD assure une relation stratégique à long terme.
Les trois impacts stratégiques clés
- Demande anticipée et risque réduit
Les offres combinant “capitaux + dette adossée au matériel + leasing” favorisent des déploiements plus rapides et envoient un signal positif tout au long de la chaîne d’approvisionnement (fonderies, HBM, OSAT). Pour NVIDIA, investir dans xAI sécurise la demande future ; pour AMD, les 6 GW avec OpenAI justifient des investissements en capex et une feuille de route ambitieuse. - Recomposition de la compétition… si AMD tient ses promesses
Si AMD respecte ses délais et ses performances énergétique/watt avec ses puces MI450 et suivantes, elle gagnera des parts dans la formation et l’inférence à grande échelle. Cependant, la persistance du moat de NVIDIA (CUDA, écosystème, partenaires, outils) demeure très forte, et sa puissance de structuration financière, notamment via ces opérations, demeure un avantage stratégique. - Énergie et centres de données : le vrai défi
Parler de 6 GW implique de décrire des centres de données équipés de sous-stations, de refroidissement avancé et de réseaux internes affichant plusieurs centaines de Tb/s. Plusieurs analystes rappellent que le véritable verrou n’est plus seulement la production de puces, mais aussi la capacité à construire et alimenter ces campus à ce rythme.
Le risque de “financement fournisseur 2.0” ? Ce que surveillent les régulateurs
L’allure du financement fournisseur des années 2000 plane toujours : lorsque le fabricant injecte du capital ou du crédit pour clôturer ses ventes de ses produits. La différence aujourd’hui est l’émergence de acteurs hyperscalaires et de plateformes dotées de flux de trésorerie capables d’absorber ces investissements. Cependant, la question du ROI reste ouverte, surtout en dehors du “noyau technologique”. Les régulateurs suivront de près ces opérations pour détecter tout conflit d’intérêts, conditions de leasing ou concentrations de marché.
Ce qu’il faut suivre dans les prochains mois
- xAI/NVIDIA : conclusion officielle de la ronde, mise en marche de Colossus 2 et définition des termes du SPV (délais, garanties, residual de matériel).
- AMD/OpenAI : précision sur le ramp-up à 1 GW en 2026, calendrier des phases suivantes et indicateurs de livraison pour activer l’option.
- Chaîne d’approvisionnement : HBM, emballages avancés et infrastructures data center (énergie, réseau). Les banques et gestionnaires d’actifs suivront probablement cet exemple avec d’autres SPV si ce modèle prouve son efficacité.
FAQ
NVIDIA “se finance elle-même” avec xAI ?
Pas tout à fait, mais le SPV achète des GPU NVIDIA qu’il loue à xAI, tout en recevant des investissements de NVIDIA dans la ronde. Il s’agit d’une dépendance mutuelle qui garantit la demande et favorise le déploiement rapide.
OpenAI détient-il déjà 10 % d’AMD ?
Non. Les informations évoquent une warrant/option qui pourrait atteindre environ 10 % à 0,01 $ par action, sous condition de réalisation de certains jalons liés aux achats et livraisons (premier 1 GW en 2026, puis étapes suivantes). La mention officielle confirme 6 GW et le premier jalon, mais le texte complet de l’option n’a pas été publié.
Pourquoi ces SPV avec leasing de puces prolifèrent-ils désormais ?
Parce que ils permettent de réduire le capex initial pour les startups IA, accélèrent l’accès aux GPU et alignent les incitations (l’actif garantit la dette ; les rentes remboursent le capital). Ce modèle, facilement reproductible, pourrait continuer à se répandre si la demande de calculs continue sa croissance.
source : Noticias inteligencia artificial