Movistar, MásOrange et Vodafone souhaitent rendre des fréquences mobiles inutilisées pour réduire les coûts

Carte des bandes de fréquence en Espagne : Répartition et implications pour les utilisateurs

Les trois principales opérateurs de téléphonie mobile en Espagne — Telefónica Movistar, MásOrange et Vodafone — ont demandé à l’État la restitution d’une partie du spectre radioélectrique dont ils disposent, à savoir un bloc de fréquences de 5 MHz dans la bande TDD de 2100 MHz, attribué il y a plus de vingt ans pour le déploiement des réseaux 3G, mais jamais exploité.

La requête, déposée en février dernier, repose sur trois arguments principaux : l’absence d’utilisation depuis sa attribution, la faible valeur stratégique et technique qu’elle présente aujourd’hui, ainsi que le manque de prévision quant à son utilisation future dans leurs réseaux commerciaux.

Une attribution dont la destination initiale était incertaine

En novembre 1999, le ministère de l’Équipement de l’époque a mis aux enchères la bande de 2100 MHz pour soutenir l’arrivée de la 3G en Espagne. En mars 2000, le concours a attribué des licences UMTS à quatre opérateurs : Orange, Telefónica, Vodafone et Xfera (devenu aujourd’hui MásMóvil).

À cette époque, il existait des interrogations sur la technologie 3G qui finirait par s’imposer :

  • TD-SCDMA (TDD), qui utilise les mêmes fréquences pour l’envoi et la réception en alternance dans le temps.

  • WCDMA (FDD), qui emploie des fréquences distinctes pour chaque sens de communication.

Les opérateurs ont reçu, en plus des blocs FDD, un bloc supplémentaire de 5 MHz en TDD. Finalement, l’Europe a favorisé le standard WCDMA, reléguant le TDD à l’usage en Chine, ce qui a laissé ces blocs TDD inutilisés.

Une bande peu adaptée au 4G et à la 5G

Bien que les technologies ultérieures telles que la 4G et la 5G puissent exploiter la bande connue sous le nom de b39, sa largeur limitée à 5 MHz limite considérablement sa capacité et ses performances. C’est pourquoi, dans le secteur, les opérateurs ne jugent pas rentable d’en activer l’usage.

Sur le marché espagnol, Digi a acquis auprès de MásOrange une partie du spectre dans cette bande — 2×10 MHz en FDD — mais a laissé de côté le bloc TDD, qui reste sous contrôle de MásMóvil.

Impacts économiques : 15,6 millions d’euros en jeu chaque année

Au-delà de sa valeur technique, la motivation économique est évidente. Conserver les droits d’utilisation de ces fréquences implique le paiement de redevances de spectre, qui s’élèvent ici à 3,9 millions d’euros par opérateur et par an. Au total, les quatre titulaires versent chaque année 15,6 millions d’euros pour un actif qu’ils n’utilisent pas.

La réduction de cette dépense permettrait de dégager des fonds que les opérateurs pourraient orienter vers d’autres priorités stratégiques, telles que l’expansion des réseaux 5G ou l’amélioration des infrastructures en fibre optique.

Propositions de réaffectation par la Commission européenne

Les opérateurs soulignent également que la Commission européenne recommande que cette bande soit réaffectée à d’autres usages, notamment :

  • RMR (Railway Mobile Radio) : système européen de communications radio pour les opérations ferroviaires.

  • Communications par drones pour les usages policiers, d’urgence et de protection civile.

Une telle réattribution permettrait d’exploiter ces fréquences dans des domaines à plus forte valeur sociale et opérationnelle.

Un décision qui pourrait créer un précédent

Si le ministère de la Transformation numérique et de la Fonction publique approuve la restitution, cela constituerait un cas peu fréquent sur le marché espagnol, où les opérateurs préfèrent généralement maximiser l’usage du spectre qui leur est attribué ou l’échanger entre eux. Cette démarche pourrait ouvrir la voie à d’autres demandes similaires si d’autres portions de spectre deviennent obsolètes ou non rentables.

Questions fréquentes (FAQ)

  1. Qu’est-ce que la bande TDD de 2100 MHz (b39) ?
    C’est un segment de spectre radioélectrique utilisant le mode « Time Division Duplex », où la transmission et la réception partagent la même fréquence en alternance.

  2. Pourquoi cette bande n’est-elle pas utilisée en Espagne ?
    Parce qu’en Europe, la norme adoptée pour la 3G a été le WCDMA (FDD), laissant la TDD sans déploiement commercial. De plus, sa largeur limitée à 5 MHz restreint son utilité pour les réseaux modernes.

  3. Quel serait l’économie réalisée en la rétrocédant ?
    Chaque opérateur cesserait de payer 3,9 millions d’euros par an en redevances, soit un total de 15,6 millions d’euros pour les quatre.

  4. À quelles utilisations pourrait-elle être consacrée si libérée ?
    Au système RMR pour communications ferroviaires européennes, et aux systèmes de contrôle et de transmission de données pour drones utilisés par les agences de sécurité, d’urgence et de protection civile.

Source : bandaancha.eu

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