La Comisión Européenne a clôturé un chapitre clé dans la relation avec Microsoft et ses pratiques commerciales sur le marché SaaS. Après deux années d’investigations et de plaintes de concurrents tels que Slack et alfaview, Bruxelles a accepté les engagements de Microsoft visant à délier sa plateforme de collaboration Teams des suites Office 365 et Microsoft 365. Cette décision marquera la direction du logiciel d’entreprise en Europe pour la prochaine décennie.
Les engagements, désormais juridiquement contraignants, obligent Microsoft à proposer des suites sans Teams à des prix inférieurs, à ouvrir l’interopérabilité avec les concurrents, et à assurer la portabilité des données de ses utilisateurs. Il s’agit d’un accord d’une durée de sept à dix ans, visant à empêcher l’intégration de Teams de renforcer la position dominante de Microsoft sur le marché.
Origine du conflit : tying et position dominante
Depuis 2019, Microsoft incluait Teams par défaut dans ses suites de productivité, ce qui, pour Bruxelles, représentait un cas évident de “tying” : lier un produit nouveau à un autre déjà dominant. Avec Office et Microsoft 365 en tête du marché des suites professionnelles, Teams a rapidement permis de constituer une base d’utilisateurs massive, compliquant la pénétration de concurrents dans le domaine des vidéoconférences et de la messagerie d’entreprise.
La Commission a conclu que cette stratégie conférait non seulement à Teams un avantage injuste en termes de distribution, mais limitait également l’interopérabilité avec des solutions extérieures. Résultat : un écosystème de plus en plus fermé qui renforçait la dépendance des clients à la suite Microsoft.
Les engagements : quatre piliers
Après une consultation publique sur les premières propositions en 2024, Microsoft a été amenée à les renforcer. Le paquet final comprend :
- Suites sans Teams à prix réduit : Microsoft proposera dans l’EEE des versions de Office 365 et Microsoft 365 sans Teams, à un décalage de prix de 50 % supérieur par rapport aux versions avec Teams. De plus, aucun rabais ne pourra fausser cette différence.
- Flexibilité pour les clients existants : ceux ayant des contrats longue durée pourront rester à des suites sans Teams et les déployer dans des centres de données mondiaux.
- Interopérabilité garantie : les concurrents pourront intégrer Office Web Apps (Word, Excel, PowerPoint) dans leurs solutions, et Microsoft devra publier une documentation ouverte pour faciliter l’intégration avec Outlook, Word, ou d’autres produits clés.
- Portabilité des données : les utilisateurs pourront extraire leur historique de messagerie de Teams afin de le migrer vers d’autres plateformes, évitant ainsi le verrouillage.
Supervision et sanctions
L’accord sera contrôlé par un “trustee” indépendant, qui arbitrera les litiges et rendra compte à la Commission. En cas de non-respect par Microsoft, il risque des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial annuel, ou des sanctions quotidiennes de 5 % de son volume d’affaires.
Implications pour le marché SaaS européen
Cette décision ouvre la voie à une concurrence plus équitable pour d’autres plateformes de collaboration — telles que Slack, Zoom, Webex, alfaview ou des solutions européennes émergentes.
- Concurrence véritable : il ne sera plus obligatoire de payer pour Teams lors de la souscription à Office 365.
- Plus de diversité d’outils : les entreprises pourront opter pour un écosystème mixte.
- Pression réglementaire : Bruxelles envoie un message clair : les intégrations limitant la concurrence ne seront pas tolérées dans l’espace numérique européen.
Récapitulatif chronologique
- 2019 : Microsoft inclut Teams par défaut dans Office 365.
- 2023 : Slack dépose une plainte contre Microsoft ; investigation formelle ouverte.
- 2024 : alfaview rejoint la plainte ; Bruxelles envoie un detailed chargesheet.
- Mai 2025 : lancement d’un “market test” pour évaluer les premières propositions.
- Septembre 2025 : adoption d’engagements renforcés, contraignants pour 7 à 10 ans.
Impacts pour entreprises et utilisateurs
Ce changement majeur permettra aux organisations européennes de :
- Choisir des suites plus économiques sans Teams.
- Maintenir Teams si souhaité, mais sans obligation.
- Intégrer des solutions tierces sans barrières techniques auparavant imposées.
Pour les concurrents de Microsoft, c’est une opportunité de croissance, dépendant de leur capacité à innover et à attirer des utilisateurs désormais libérés des barrières réglementaires.
Foire Aux Questions
Combien dureront ces engagements ?
En général sept ans, et dix ans pour l’interopérabilité et la portabilité de données.
Pourra-t-on migrer chats et données de Teams vers d’autres plateformes ?
Oui, Microsoft sera obligé de permettre une migration complète de la messagerie.
Que se passe-t-il si Microsoft ne respecte pas l’accord ?
La Commission pourra imposer des amendes allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires global ou des sanctions quotidiennes de 5 %.
Quand les suites sans Teams seront-elles disponibles ?
Microsoft a déjà commencé à déployer ces versions en Europe, avec une extension prévue à l’échelle mondiale.
via : Noticias Redes Sociales