L’Inde stimule les centres de semi-conducteurs de seconde ligne avec des incitations massives et des coûts plus bas

L'Inde doublera son marché de semiconducteurs d'ici 2030 et se consolide comme un hub mondial de talents

La stratégie de l’Inde pour diversifier son écosystème de semi-conducteurs progresse résolument vers les métropoles de deuxième rang (Tier-2). Selon un rapport de Quess Corp Limited, les premiers investissements dans des pôles tels qu’Ahmedabad (ATMP), Mohali (design) et Thiruvananthapuram (systèmes embarqués) bénéficieront d’incitations publiques et d’avantages en coûts, alors que les grands hubs traditionnels —Bengaluru et Hyderabad— commencent à montrer des signes de saturation et de pression liée à la rotation des talents.

Nouvelles usines et projets sous l’égide de l’India Semiconductor Mission

Le gouvernement central a récemment approuvé quatre nouveaux projets dans le cadre de l’India Semiconductor Mission (ISM): deux dans l’Odisha, un en Andhra Pradesh et un en Punjab. Ces initiatives représenteront au total un investissement d’environ ₹4.600 crore et la création de plus de 2.000 emplois spécialisés.

Avec ces nouvelles installations, l’ISM totalise 10 projets approuvés dans six États, pour une somme investie d’environ ₹1,6 lakh crore et la promesse de 29.000 nouveaux emplois.

Un marché en pleine expansion

Le rapport prévoit que le marché indien des semi-conducteurs, évalué à 54.300 millions de dollars en 2025, atteindra 135 milliards de dollars d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 13,8%, surpassant ainsi les références mondiales.

Bien que les appareils grand public — smartphones, ordinateurs portables et systèmes industriels — concentrent encore 70 % de la demande, de nouveaux moteurs de croissance se dessinent :

  • Véhicules électriques (VE), qui pourraient représenter un tiers des ventes de voitures neuves en 2030.
  • Déploiement massif des réseaux 5G.
  • Centres de données hyper-scalaires, dont la capacité devrait augmenter de plus de 75% dans la prochaine décennie.

Talents et clusters en évolution

L’Inde compte déjà plus de 250.000 professionnels spécialisés en semi-conducteurs, avec 43.000 recrutements en 2024-2025 seulement. D’ici 2030, ce nombre pourrait croître de 120% pour atteindre près de 400.000 spécialistes, faisant du pays le deuxième plus grand hub de talents mondial après les États-Unis.

Si Bengaluru et Hyderabad concentrent aujourd’hui plus de 80 % de la main-d’œuvre dans les Global Capability Centers (GCCs) en semi-conducteurs, la pression sur ces centres pousse les entreprises à diversifier. Dans ce contexte, les Tier-2 émergent puissamment, offrant des coûts plus compétitifs et un soutien étatique, souvent en synergie avec des clusters d’automobile électrique et d’industries locales.

Parmi les exemples remarquables, on retrouve la usine ATMP de Micron à Gujarat, qui renforce les capacités d’assemblage et de test, ainsi que les parcs ESDM en Tamil Nadu et Kerala, qui consolident ces régions comme destinations émergentes pour les semi-conducteurs.

Une opportunité stratégique dans la chaîne mondiale

Cette initiative arrive à un moment de tensions géopolitiques croissantes dans la chaîne d’approvisionnement mondiale — de la rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine jusqu’à leur forte dépendance à Taïwan — dans un contexte de mise en œuvre des programmes tels que le CHIPS Act aux États-Unis et dans l’UE.

Dans ce contexte, l’Inde se positionne comme une alternative stable, non seulement pour la conception de puces mais aussi pour les processus avancés d’ATMP (assemblage, test, marquage et emballage).

Selon le rapport The Chip Catalyst : India’s Emerging Semiconductor Ecosystem, ce qui distingue l’Inde, c’est la combinaison d’échelle, de coûts compétitifs et de capacité d’innovation, faisant des hubs Tier-2 une stratégie d’investissement particulièrement attrayante pour les investisseurs précoces.


Foire aux questions (FAQ)

Qu’est-ce que les hubs Tier-2 en semi-conducteurs ?
Ce sont des villes en dehors des pôles traditionnels comme Bengaluru ou Hyderabad, qui attirent des investissements dans la fabrication, la conception et les systèmes embarqués, grâce à des incitations et à des coûts opérationnels inférieurs.

Quelle est la projection pour le marché indien des semi-conducteurs ?
Son volume devrait passer de 54,3 milliards de dollars en 2025 à 135 milliards en 2030, avec un CAGR de 13,8 %.

Quels secteurs alimenteront la demande de puces en Inde ?
En plus des smartphones et ordinateurs portables, ce sont les véhicules électriques, la 5G et les grands centres de données qui joueront un rôle clé.

Quel rôle joue l’India Semiconductor Mission ?
L’ISM soutient les projets stratégiques avec plus de ₹1,6 lakh crore d’investissements et des milliers d’emplois, dans le but de réduire la dépendance extérieure et de développer la capacité industrielle locale à travers toute la chaîne de valeur.

source : telecom.economictimes.indiatimes

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