Le tableau du marché pour 2025 est sans appel : aucune entreprise européenne ne figure désormais parmi les 25 plus grandes entreprises mondiales par capitalisation boursière. Dominée par les États-Unis et flanquée par TSMC (Taiwan), Tencent (Chine) et Saudi Aramco (Arabie Saoudite), cette liste dépasse le simple classement financier : c’est une véritable carte du pouvoir technologique. Elle renseigne sur celui qui détient les puces tant convoitées, qui exploite le cloud hébergeant les modèles d’IA, qui contrôle les paiements et qui dispose de méga-watts» fiables pour bâtir des hyperscales et centres de données de 80 kW/rack.
Pour un média spécialisé en technologie, la question ne se limite pas à « pourquoi l’Europe s’est-elle retirée ? » mais devient plutôt : « Que faut-il construire pour y revenir ». La réponse ne passe pas par la protection, mais par la mise à l’échelle : en capital, en talents, en électricité, en fabs et plateformes.
Qui domine aujourd’hui (et pour quelles raisons) : GPU, cloud et plateformes
La partie haute du classement se lit comme le stack de la nouvelle économie IA :
Eli Lilly, Visa, Mastercard, Netflix, Exxon Mobil, Johnson & Johnson
—
0,45–0,73 T
États-Unis
Lecture technique.
NVIDIA est le moteur du cycle IA (GPU + réseaux + logiciels).
Microsoft/Alphabet/Amazon monétisent cloud + IA et fixent les standards de copilotes et plateformes d’agents.
Broadcom capte le côté silencieux : interconnexion, switching, ASICs sur-mesure.
TSMC est le baromètre physique : tant que des wafers sont en N2/A16 et que l’emballage avancé progresse, le reste suit.
Le vide européen contraste avec un arsenal de champions techniques (ASML, STMicro/Infineon, SAP, Siemens, Schneider, ABB, ARM*, Nokia/Ericsson, Airbus, Novo Nordisk, Roche, AstraZeneca, LVMH…). Mais ils ne jouent pas encore dans la ligue du billion de dollars à la cadence dictée par l’économie IA.
*ARM est coté aux États-Unis bien que ses origines soient européennes.
Pourquoi l’Europe n’est-elle pas au palmarès (version tech)
1) Marché financier peu « prêt pour le cloud ». La cotation, le rachat, l’émission et les fusions-acquisitions à l’échelle pan-européenne restent freinés par des obstacles : fiscalité, double-vote, prospectus, délais de supervision… Le « CMU » (Union des marchés de capitaux) n’est pas un one-click deploy.
2) Électricité et permis. Un hyperscale IA requiert plusieurs dizaines de MW1 de puissance fiable, des PPA 24/7, et des licences en ≤9 mois. Dans plusieurs régions européennes, l’énergie est coûteuse (et peu prévisible) et les délais, longs.
3) Gap de calcul. Il y a des fonds pour HPC, mais l’accès élastique et abordable à des GPU/HBM pour les PME et universités n’est pas comparable à celui des États-Unis ou de la Chine. De nombreux builds européens finissent dans des régions hors du continent.
4) Moins de « platformisation ». L’Europe domine dans le secteur industriel/énergie, le climat-tech, la biopharmacie et l’équipe semiconducteurs; mais sa présence sur les plateformes logicielles mondiales (SaaS avec effets de réseau, marketplaces, apps consumer) est moindre.
5) Talents et ESOPs. Attirer le top 1 % en IA, puces et systèmes demande visa en 30 jours et des plans de stock-options simples et transférables au sein de l’UE. Aujourd’hui, cela reste trop peu fluide.
Que devrait faire l’Europe pour revenir dans le ‘top 25’ avant 2030
Plus qu’un manifeste, c’est un plan exécutable axé sur calcul, énergie, puces, capital et plateformes.
A) MW et permis : le nouveau « cloud region »
Électricité fiable < €60–70/MWh (PPAs 24/7 avec renouvelables + nucléaire/SMR où le consensus est en place + firming avec batteries/hydrogène).
Centres de données IA avec refroidissement liquide (D2C/inertie) et permis en ≤9 mois, tout en respectant des standards d’eau et de recyclage de chaleur.
Objectif 2028 : +80 GW de puissance fiable contractée pour l’industrie et les centres de données.
B) Calcul IA pour tous (pas seulement hyperscalers)
Un EuroHPC-AI abordable : pools multi-locataires, exaflops agrégés, tarification transparente pour PME et universités ; crédits conditionnels au développement local.
Achat public de tokens de calcul comme incitation à la construction en Europe.
C) Chips où l’Europe peut être #1–#2
Validation du EU Chips Act : Intel Magdeburg, TSMC Dresden et le clusterpower semis (STMicro/Infineon).
Apost pour HBM/emballage et SiC/GaN (automobile, power datacenter, énergies renouvelables).
EDA/Metrologie européennes seedées par des commandes publiques.
D) Capital qui influence le secteur
CMU réelle : segment tech paneuropéen, consolidated tape, dual-class autorisé, SPAC/listing direct avec règles claires.
Pensions : objectif 5–10 % des actifs investis en growth/VC/tech infrastucture (niveau comparable au Canada ou à l’Australie).
Co-investisseurs européens de €50–75 milliards pour le late stage évitant une IPO forcée aux États-Unis.
E) Plateformes verticales avec avantage européen
Biopharma (Nordiques/DACH/Benelux) : transformer deux sociétés en > $1 T avec un portefeuille en oncologie, obésité et thérapies géniques.
Pourquoi cela importe au secteur (pas seulement pour les investisseurs)
Développeurs : le où (localisation) sera presque aussi important que le quoi. Latences, egress et prix du calcul influenceront roadmaps et unit economics.
Startups : se lancer et s’inscrire en Europe nécessitent un CMU réel et des ESOPs simples ; sinon, le choix principal restera l’exportation vers les États-Unis.
Opérateurs cloud/colocation : la demande IA ne croît que par l’intermédiaire de MW fiers et licences rapides ; ceux qui contrôleront l’énergie autant que l’espace seront en position de force.
Semi-conducteurs : le nouveau capital tourne autour du HBM, emballage, power et métrologie ; un greenfield sans OSAT reste à jouer.
Est-il réaliste de revenir dans le ‘top 25’ ?
Oui, à condition que l’Europe mette en œuvre. Le continent ne repart pas de zéro : il dispose déjà de ASML (composant critique du front-end mondial), d’un cluster unique de power semis (SiC/GaN), d’un secteur biopharma en tête, et d’une industrie nécessitant une IA à ROI élevé et une capacité d’ingénierie climat-tech. Ce qui manque, c’est l’absence de friction dans le capital, le talent, l’électricité et les permis, ainsi que quelques bets concentrés pour accélérer la plateforme.
En résumé, deux idées clés
La disparition de l’Europe du top 25 n’est pas une fatalité : c’est un défi d’ingénierie à échelle — en capital, mégavatios et calcul — qui peut être relevé d’ici 2030.
En éliminant les frictions (CMU, ESOP, visas, PPAs, chips + packaging) et en surfinançant ses atouts (biopharma, IA industrielle, power semis), de nouvelles entreprises européennes peuvent émerger dans la liste. Ce n’est pas du protectionnisme, mais un effet de levier technologique cumulé.
Questions rapides (pour CTOs, CFOs et décideurs)
Quels sont les enjeux prioritaires : chips ou mégawatios ? Les deux. Sans HBM/packaging et power semis, la stack coince ; sans électricité fiable et abordable, l’IA peine à décoller.
Quelle est la levée d’impact la plus efficace à court terme (2025–2027) ? PPA 24/7 et permis en accéléré pour datacenters et fabs. Sans énergie, le capital ne peut pas s’engager.
Quelle verticale pourrait générer le prochain « trillion » européen ? La biopharma (déjà très avancé), suivie par l’industrie + électrification avec logiciels et puces puissantes si compute, énergie et capital sont alignés.
Comment évaluer si on progresse ? Plus d’IPO tech européennes > €10 000 000 000, R&D ≥ 3,5 %, MW fiers contractés, exaflops disponibles en Europe, et 1 ou 2 entreprises dépassant les $500–900 milliards avant 2030.
L’Europe sort du ‘top 25’ mondial par capitalisation : que dit cela du paysage technologique de 2025 et comment revenir en tête d’ici 2030
Le tableau du marché pour 2025 est sans appel : aucune entreprise européenne ne figure désormais parmi les 25 plus grandes entreprises mondiales par capitalisation boursière. Dominée par les États-Unis et flanquée par TSMC (Taiwan), Tencent (Chine) et Saudi Aramco (Arabie Saoudite), cette liste dépasse le simple classement financier : c’est une véritable carte du pouvoir technologique. Elle renseigne sur celui qui détient les puces tant convoitées, qui exploite le cloud hébergeant les modèles d’IA, qui contrôle les paiements et qui dispose de méga-watts» fiables pour bâtir des hyperscales et centres de données de 80 kW/rack.
Pour un média spécialisé en technologie, la question ne se limite pas à « pourquoi l’Europe s’est-elle retirée ? » mais devient plutôt : « Que faut-il construire pour y revenir ». La réponse ne passe pas par la protection, mais par la mise à l’échelle : en capital, en talents, en électricité, en fabs et plateformes.
Qui domine aujourd’hui (et pour quelles raisons) : GPU, cloud et plateformes
La partie haute du classement se lit comme le stack de la nouvelle économie IA :
Lecture technique.
Le vide européen contraste avec un arsenal de champions techniques (ASML, STMicro/Infineon, SAP, Siemens, Schneider, ABB, ARM*, Nokia/Ericsson, Airbus, Novo Nordisk, Roche, AstraZeneca, LVMH…). Mais ils ne jouent pas encore dans la ligue du billion de dollars à la cadence dictée par l’économie IA.
*ARM est coté aux États-Unis bien que ses origines soient européennes.
Pourquoi l’Europe n’est-elle pas au palmarès (version tech)
1) Marché financier peu « prêt pour le cloud ». La cotation, le rachat, l’émission et les fusions-acquisitions à l’échelle pan-européenne restent freinés par des obstacles : fiscalité, double-vote, prospectus, délais de supervision… Le « CMU » (Union des marchés de capitaux) n’est pas un one-click deploy.
2) Électricité et permis. Un hyperscale IA requiert plusieurs dizaines de MW1 de puissance fiable, des PPA 24/7, et des licences en ≤9 mois. Dans plusieurs régions européennes, l’énergie est coûteuse (et peu prévisible) et les délais, longs.
3) Gap de calcul. Il y a des fonds pour HPC, mais l’accès élastique et abordable à des GPU/HBM pour les PME et universités n’est pas comparable à celui des États-Unis ou de la Chine. De nombreux builds européens finissent dans des régions hors du continent.
4) Moins de « platformisation ». L’Europe domine dans le secteur industriel/énergie, le climat-tech, la biopharmacie et l’équipe semiconducteurs; mais sa présence sur les plateformes logicielles mondiales (SaaS avec effets de réseau, marketplaces, apps consumer) est moindre.
5) Talents et ESOPs. Attirer le top 1 % en IA, puces et systèmes demande visa en 30 jours et des plans de stock-options simples et transférables au sein de l’UE. Aujourd’hui, cela reste trop peu fluide.
Que devrait faire l’Europe pour revenir dans le ‘top 25’ avant 2030
Plus qu’un manifeste, c’est un plan exécutable axé sur calcul, énergie, puces, capital et plateformes.
A) MW et permis : le nouveau « cloud region »
B) Calcul IA pour tous (pas seulement hyperscalers)
C) Chips où l’Europe peut être #1–#2
D) Capital qui influence le secteur
E) Plateformes verticales avec avantage européen
Objectif 2030 : au moins 3 empresas européennes > 500–900 Md$ et 1 ou 2 proches du $1 T.
Candidats avec un « moat » technologique (vision tech)
Ce que les conseils d’administration et CTOs devraient mesurer chaque trimestre
Pourquoi cela importe au secteur (pas seulement pour les investisseurs)
Est-il réaliste de revenir dans le ‘top 25’ ?
Oui, à condition que l’Europe mette en œuvre. Le continent ne repart pas de zéro : il dispose déjà de ASML (composant critique du front-end mondial), d’un cluster unique de power semis (SiC/GaN), d’un secteur biopharma en tête, et d’une industrie nécessitant une IA à ROI élevé et une capacité d’ingénierie climat-tech. Ce qui manque, c’est l’absence de friction dans le capital, le talent, l’électricité et les permis, ainsi que quelques bets concentrés pour accélérer la plateforme.
En résumé, deux idées clés
Questions rapides (pour CTOs, CFOs et décideurs)
Quels sont les enjeux prioritaires : chips ou mégawatios ?
Les deux. Sans HBM/packaging et power semis, la stack coince ; sans électricité fiable et abordable, l’IA peine à décoller.
Quelle est la levée d’impact la plus efficace à court terme (2025–2027) ?
PPA 24/7 et permis en accéléré pour datacenters et fabs. Sans énergie, le capital ne peut pas s’engager.
Quelle verticale pourrait générer le prochain « trillion » européen ?
La biopharma (déjà très avancé), suivie par l’industrie + électrification avec logiciels et puces puissantes si compute, énergie et capital sont alignés.
Comment évaluer si on progresse ?
Plus d’IPO tech européennes > €10 000 000 000, R&D ≥ 3,5 %, MW fiers contractés, exaflops disponibles en Europe, et 1 ou 2 entreprises dépassant les $500–900 milliards avant 2030.
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