L’Europe durcit ses normes de recyclage des batteries pour promouvoir l’économie circulaire et réduire la dépendance aux matières premières critiques

L'Europe durcit ses normes de recyclage des batteries pour promouvoir l'économie circulaire et réduire la dépendance aux matières premières critiques

L’Union européenne franchit une étape importante dans sa démarche vers la durabilité avec la publication de nouvelles réglementations concernant le recyclage et la récupération des matériaux issus des batteries en fin de vie. Le règlement délégué 2025/606, publié dans le Journal officiel de l’UE la semaine dernière, établit des directives harmonisées afin de garantir une récupération efficace, sûre et traçable des matériaux critiques utilisés dans les batteries, tels que le lithium, le cobalt, le cuivre, le nickel et le plomb.

Ce nouveau cadre législatif entrera en vigueur le 24 juillet 2025 et constitue une composante essentielle du Règlement (UE) 2023/1542 relatif aux batteries et aux déchets de batteries, qui s’inscrit dans la stratégie européenne visant une économie circulaire, résiliente et neutre en carbone d’ici 2050.

Les batteries jouent un rôle fondamental dans la transition énergétique de l’Europe. Leur utilisation accrue dans les véhicules électriques, les systèmes de stockage d’énergie et les appareils électroniques rend indispensable un système de gestion des déchets rigoureux et efficace. La nouvelle réglementation vise à réduire la dépendance aux importations, minimiser l’impact environnemental et soutenir une industrie européenne compétitive et durable.

Selon la Commission Européenne, ces nouvelles règles permettront de maintenir les matériaux stratégiques au sein de l’économie européenne plus longtemps, tout en réduisant la quantité de déchets et en renforçant l’autonomie des chaînes de valeur critiques.

Le règlement délégué 2025/606 complète le cadre général sur les batteries et prévoit notamment des méthodologies standardisées pour le calcul de l’efficacité du recyclage de différents types de batteries, ainsi que des normes pour mesurer la récupération réelle des matériaux, notamment le cobalt, le cuivre, le lithium, le nickel et le plomb. Les recyclateurs devront également fournir des documents harmonisés permettant aux autorités nationales de suivre et de contrôler leur conformité.

Des objectifs obligatoires ont été fixés pour la récupération et le recyclage, avec des délais spécifiques : à la fin 2025, le taux de recyclage pour les batteries au plomb sera de 75 %, celui des batteries au nickel-cadmium de 80 %, et celui des batteries au lithium de 65 %. D’ici 2030, ces pourcentages augmenteront pour atteindre 80 %, 70 % et 70 % respectivement. Quant à la récupération des matériaux, elle doit atteindre 90 % pour le cobalt, le cuivre, le plomb et le nickel d’ici fin 2027, puis 95 % d’ici fin 2031 ; pour le lithium, les objectifs tournent autour de 50 % en 2027 et 80 % en 2031.

Cette réglementation s’appuie sur un rapport technique du Centre commun de recherche de la Commission, qui définit des méthodes scientifiques pour le calcul et la vérification de l’efficacité du recyclage. Elle envisagera également des paramètres techniques précis, tels que les pertes lors du traitement ou la qualité des matériaux récupérés.

Avec l’adoption de ces normes, l’industrie devra investir dans des technologies plus avancées, renforcer la traçabilité et travailler en étroite collaboration avec les autorités nationales pour garantir le respect des objectifs. Pour les États membres, ces mesures offrent un cadre clair pour contrôler la conformité à la réglementation sur les batteries à l’échelle européenne.

Au-delà de la protection de l’environnement, cette nouvelle réglementation contribue à renforcer la souveraineté stratégique de l’Europe dans l’accès aux matières premières essentielles pour ses industries. La capacité à réutiliser ces ressources est devenue un enjeu géopolitique majeur, notamment face à la volatilité des marchés internationaux. En favorisant plusieurs filières de recyclage, l’UE entend consolider sa position dans des secteurs clés comme les énergies renouvelables, la microélectronique ou la défense, tout en soutenant son tissu industriel face aux défis globaux.

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