L’Espagne prépare une norme pour que les télécommunications résistent aux coupures de courant et aux phénomènes extrêmes

L'Espagne prépare une norme pour que les télécommunications résistent aux coupures de courant et aux phénomènes extrêmes

Le Ministère de la Transformation Numérique et de la Fonction Publique a lancé une consultation publique pour rédiger une réglementation renforçant la sécurité et la résilience des réseaux et services de communication électroniques face à des événements exceptionnels: allant des aux DANA, éruptions volcaniques ou crises sanitaires. Ce mouvement se base sur l’article 63 de la Loi 11/2022, Loi Générale des Télécommunications (LGT), qui oblige déjà les opérateurs à assurer la continuité du service et à notifier les incidents majeurs.

Cette initiative intervient suite à la Coupure nationale d’avril, qui a mis à l’épreuve l’autonomie énergétique du réseau : après quelques heures, batteries et générateurs se sont épuisés et certaines zones du pays sont restées déconnectées, avec la radio à piles comme dernier recours pour l’information. Le Ministère rappelle également d’autres épisodes récents ayant tendu les infrastructures : la Pandémie de COVID-19, l’éruption de La Palma (septembre 2021) et la DANA qui a particulièrement touché la Méditerranée en octobre 2024.

Ce que la réglementation vise à encadrer

Selon le projet présenté à consultation, la réglementation pourrait prévoir :

  • Plans de contingence obligatoires : un plan général par opérateur et d’autres spécifiques par service, comportant des mesures techniques et organisationnelles pour garantir l’intégrité des réseaux et la continuité du service en cas de défaillance catastrophique ou de force majeure.
  • Délai et procédure de notification : des critères précis pour communiquer les incidents de sécurité ayant un impact significatif, conformément à l’art. 63.3 LGT, ainsi que des protocoles de alerte précoce à destination de l’administration.
  • Coordination institutionnelle : la mise en place de mécanismes formels de collaboration et d’échange d’informations entre le Ministère et d’autres autorités nationales, européennes et internationales.

Obligations existantes (et renforcées)

L’article 63 LGT impose aux opérateurs de gérer les risques de sécurité, de garantir autant que possible la disponibilité des services vocaux et Internet en cas de catastrophe, et de assurer un accès continu au 112 ainsi qu’à la diffusion des alertes publiques. La Secretaría de Estado de Telecomunicaciones e Infraestructuras Digitales (SETELECO) souhaite transposer ces obligations en exigences opérationnelles concrètes, tirant les leçons des expériences des dernières années.

Implications pratiques de ces plans

Bien que les détails seront précisés après la consultation, le secteur considère que ces plans incluront, entre autres, des mesures telles que :

  • Capacité énergétique de secours dimensionnée en fonction de zone et criticité : autonomie minimale pour les stations de base, centrales et nœuds de transport, avec des inventaires et une rotation du combustible pour les générateurs.
  • Renforcement du backhaul et des routes alternatives (fibre, liaison radio, satellite) et priorisation du trafic pour les services essentiels et les appels d’urgence.
  • Tests réguliers (simulations) de changement de réseau, démarrage de générateurs et perte totale d’alimentation, avec audits et retour d’expérience.
  • Logistique de crise : contrats cadres pour générateurs mobiles, batteries, pièces de rechange et équipes de terrain; et protocoles d’accès aux zones restreintes en situation d’urgence.
  • Continuité d’activité et cybersécurité : séparation des domaines critiques, Red Team et réponse 24/7, ainsi que communication coordonnée avec les autorités de protection civile.

Pourquoi maintenant ?

La croissance de la dépendance numérique IoT, IA, cloud et big data— multiplie la surface de risque. Lors d’épisodes récents, le trafic a augmenté alors que la capacité diminuait en raison de pannes d’énergie ou de dommages physiques aux infrastructures. L’administration souhaite anticiper ces situations et harmoniser les standards minimaux pour que, lors du prochain événement extrême, le téléphone et Internet restent opérationnels, notamment pour les urgences et la réception d’alertes.

Étapes à venir

La consultation publique vise à recueillir des avis sur :
a) les problèmes à traiter ; b) la nécessité et opportunité de la réglementation ; c) ses objectifs ; et d) alternatives réglementaires ou non réglementaires. Après analyse des contributions, le ministère élaborera le projet de réglementation, qui sera soumis aux procédures habituelles pour adoption.


Questions fréquentes

Que changera pour les utilisateurs finaux ?
Idéalement, une résilience accrue : moins d’interruptions et une disponibilité accrue des services essentiels durant une coupure ou un phénomène extrême (appels, 112, alertes). Une partie du travail sera invisible, mais très critique.

Des sanctions sont-elles prévues en cas de non-respect par les opérateurs ?
La LGT prévoit déjà un régime de sanctions. La nouvelle réglementation définira probablement des normes vérifiables et des délai de notification, facilitant la supervision et, le cas échéant, l’application de sanctions.

La réglementation s’aligne-t-elle avec les textes européens (NIS2/EECC) ?
Oui. L’Espagne cherche à harmoniser la résilience et la sécurité avec les cadres européens. La norme sera conçue pour être compatible avec NIS2 et le Code Européen des Communications Électroniques, évitant ainsi tout chevauchement.

Quels services auront priorité en cas de crise ?
Par la loi, les communications d’urgence, les alertes publiques et les services essentiels seront prioritaires. Les plans de contingence devront détailler la priorisation du trafic et les mécanismes de continuité pour chaque service.

Sources : bandaancha, Consultation publique et Article 63 LGT.

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