La Commission Nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC) est au cœur d’une bataille commerciale entre les principaux fournisseurs de services cloud. Google, Amazon et Microsoft, ainsi que d’autres acteurs du secteur, ont présenté leurs arguments devant le régulateur espagnol dans le cadre d’une consultation publique sur le marché du cloud computing.
Accusations croisées entre les géants technologiques
Google et Amazon ont directement pointé du doigt Microsoft pour avoir prétendument entravé la concurrence sur le marché espagnol. Les deux entreprises accusent la firme de Redmond d’implémenter des changements dans ses conditions de licences qui entravent l’utilisation de ses produits logiciels sur les plateformes cloud concurrentes.
Amazon Web Services (AWS) affirme dans son document soumis à la CNMC que les pratiques de licence de Microsoft « rendent financièrement inviable le choix d’autres fournisseurs ». De son côté, Google soutient que ces politiques « faussent la concurrence » et obligent pratiquement les clients traditionnels de Microsoft à utiliser sa plateforme Azure.
La vision des fournisseurs plus petits
OVHCloud, une entreprise française considérée comme l’une des principales plateformes indépendantes de services cloud, a également participé à la consultation. La société souligne la forte concentration du marché, notant que Microsoft, Amazon et Google représentent plus de 72 % des parts de marché en Europe.
En outre, OVHCloud a identifié plusieurs pratiques qu’elle considère comme anticoncurrentielles, telles que les remises conditionnées par des engagements de dépense minimum, les difficultés à migrer entre services et la liaison de logiciel et matériel qui décourage le changement vers d’autres fournisseurs.
Aussi, l’Association des Fournisseurs Espagnols de Cloud et Data Center (APECDATA) avait déjà commenté il y a quelques mois les difficultés des entreprises américaines à se conformer au GDPR. Et en consultant des experts en infrastructure cloud comme David Carrero, co-fondateur de Stackscale (Groupe Aire), il souligne qu’il existe de nombreuses soi-disant pratiques anticoncurrentielles exercées par les grands hyperscalaires pour captiver leurs clients et les entraîner vers leurs plateformes. Une pratique qui cherche sans aucun doute à réduire la concurrence locale dans chaque pays.
La défense de Microsoft
Face aux accusations, Microsoft a adopté une approche plus subtile dans sa réponse à la CNMC. La société remet en question sa position dominante, suggérant que AWS pourrait être le véritable leader du marché. De plus, il plaide pour une facilité d’interopérabilité et de changement entre différentes plateformes cloud, présentant un tableau très différent de celui décrit par ses concurrents.
Le rôle de la CNMC et le contexte international
La consultation publique lancée par la CNMC fait partie d’une étude plus large sur le secteur du cloud en Espagne. L’organisme cherche à analyser les éventuels éléments qui pourraient conditionner le fonctionnement compétitif du marché, avec pour objectif d’émettre des recommandations pour « promouvoir un environnement compétitif ».
Il est important de souligner que cette initiative de la CNMC n’est pas un cas isolé. Au Royaume-Uni, l’Autorité de la Concurrence et des Marchés (CMA) effectue une analyse similaire et a déjà proposé des mesures préliminaires pour répondre aux déséquilibres et problèmes de concurrence dans le secteur.
Implications pour l’avenir du marché cloud
L’enquête de la CNMC et les déclarations des différents acteurs du marché mettent en évidence l’importance croissante des services cloud et les tensions concurrentielles dans un secteur de plus en plus critique pour l’économie numérique. Le résultat de cette étude pourrait avoir des implications significatives pour l’avenir du marché du cloud en Espagne et potentiellement influencer la régulation au niveau européen.
via: La Información