Les projections indiquent que le marché des serveurs atteindra 366 milliards de dollars en 2025, principalement stimulé par la demande croissante d’infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle. Dans ce contexte, chaque architecture évolue en misant sur ses avantages spécifiques :
Intel dispose d’un environnement bien établi, d’accélérateurs spécialisés et d’une compatibilité héritée. AMD mise sur un rendement brute élevé, une densité de cœurs supérieure et une mémoire améliorée. ARM se distingue par sa faible consommation d’énergie et son adoption par de grands hyperscalers. RISC-V offre une flexibilité de conception et l’absence de royalties. Enfin, les fabricants chinois cherchent à garantir leur indépendance géopolitique tout en proposant des coûts compétitifs.
Une tendance émerge vers une convergence vers la personnalisation. Les grands fournisseurs cloud développent leurs propres processeurs — comme Amazon Graviton, Google Axion ou Microsoft Cobalt — tandis que les entreprises chinoises exploitent RISC-V et leurs architectures propres pour répondre à leurs besoins spécifiques. Cette évolution vers un « silicon personnalisé » fragmente certes le marché, mais ouvre également des opportunités pour des architectures plus modulaires comme RISC-V. Un analyste souligne que « vous pouvez posséder votre propre design en RISC-V de façon que vous ne pouvez pas avec une ISA licenciée ».
À long terme, cette compétition façonne non seulement le présent, mais aussi l’avenir de l’informatique d’entreprise. La diversification des architectures limite la dépendance à un unique fournisseur, tout en complexifiant le développement logiciel et la gestion de l’infrastructure. D’ici 2030, le marché devrait devenir véritablement multipolaire : Intel conservera ses forces dans le secteur traditionnel, AMD progressera en performance brute, ARM dominera en efficacité énergétique, RISC-V trouvera sa place dans des applications spécialisées et les marques chinoises renforceront leur position sur leur marché domestique, voire à l’international.
Ce panorama laisse peu de place à un hégémonie absolue. La réussite ira désormais aussi à ceux qui sauront s’adapter le mieux à un écosystème où flexibilité, efficacité énergétique et autonomie géopolitique sont aussi déterminantes que la puissance brute. Les utilisateurs finaux sortiront gagnants, bénéficiant d’une innovation accrue, d’un choix plus vaste et de technologies plus efficaces que jamais dans l’histoire de l’informatique d’entreprise.