Le nouveau cadre réglementaire de la CNMC entraîne une hausse des coûts d’accès aux infrastructures civiles en Espagne

Depuis le 1er juillet, le nouveau règlement de la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) augmente le coût d’accès aux infrastructures civiles, utilisées par des opérateurs alternatifs tels que Digi, MásOrange ou Vodafone, pour offrir des services de fibre optique à bas prix.

L’Espagne se targue d’avoir l’une des réseaux de fibre optique les plus avancés d’Europe, un exploit reconnu par des organismes tels que le FTTH Council Europe et souligné par des classements de vitesse internationale comme ceux de Cloudflare. Ce succès repose en grande partie sur le modèle MARCo (offre de gros d’accès aux conduits et poteaux de Telefónica), un outil réglementaire qui, depuis 2008, permet aux opérateurs alternatifs de déployer leurs propres réseaux en utilisant les infrastructures physiques de l’opérateur dominant.

Cette approche a été à la base de l’émergence de tarifs ultra-compétitifs sur le marché résidentiel espagnol, avec des offres de 300 Mbps pour seulement 10 euros par mois. Cependant, cette situation pourrait être remise en question.

À compter du 1er juillet 2025, de nouveaux tarifs d’accès aux infrastructures civiles de Telefónica sont désormais en vigueur, comme annoncé dans le Bulletin officiel de l’État. La CNMC a approuvé un ajustement de jusqu’à 11,6 % des coûts réglementés que doivent payer les opérateurs concurrents pour chaque kilomètre de sous-conduit, poteau ou raccord utilisé.

Hausse généralisée des tarifs clés

Les nouveaux tarifs, qui s’appliquent immédiatement, se décomposent comme suit :

Bien que l’augmentation soit moins importante que l’augmentation de 29 % proposée initialement par la CNMC, l’impact sur les opérateurs qui reposent leur modèle économique sur des prix bas devrait être considérable.

Des conséquences possibles pour le consommateur final

Cette mesure arrive à un moment sensible, avec une inflation persistante dans de nombreux secteurs et une forte concurrence entre les opérateurs pour attirer des clients sensibles aux prix. Des experts du secteur avertissent que cette augmentation pourrait éroder les marges des opérateurs plus agressifs, les contraignant à revoir leurs stratégies ou même à augmenter leurs prix.

Digi, par exemple, a construit sa croissance en Espagne en offrant des connexions à haut débit à des prix largement inférieurs à la moyenne du marché. Grâce à MARCo, elle a pu déployer un réseau compétitif sans avoir à investir depuis le début dans des infrastructures civiles. Désormais, avec un coût mensuel accru par kilomètre de câble, elle pourrait être forcée de reconsidérer sa politique de tarifs très bas.

Une menace pour la fibre bon marché ?

La CNMC justifie cette révision comme un ajustement nécessaire pour refléter le coût réel de maintenance des infrastructures de Telefónica, un concept appelé "coût moyen efficient" en termes réglementaires. Cependant, la conséquence peut être une hausse des offres de détail les plus abordables, celles-là mêmes qui ont démocratisé l’accès à internet haut débit.

« La fibre à prix réduits a été rendue possible grâce à un écosystème réglementaire très ouvert qui commence maintenant à se tendre. Si cet avantage disparaît, nous pourrions assister à un ralentissement de la concurrence et une homogénéisation des prix à la hausse, » expliquent des consultants spécialisés dans les télécommunications.

Une alerte pour le marché

Bien que l’Espagne continue de briller en matière de connectivité, cette augmentation de coûts marque un tournant. Le cadre MARCo a été fondamental pour construire un marché pluraliste, diversifié et compétitif. Si le coût d’accès aux infrastructures devient prohibitif pour certains acteurs, cela risque d’entraîner une consolidation du marché avec moins d’options réelles pour le consommateur.

Dans un contexte où chaque euro compte pour des millions de foyers, toute augmentation, aussi minime soit-elle, se traduit par une diminution des choix disponibles.

La grande question à présent est : la fibre à bas prix appartient-elle déjà au passé ?

Source : CNMC et Banda Ancha