Une coalition de développeurs de navigateurs, y compris Opera, Vivaldi, Google Chrome, Wavebox et Waterfox, a lancé l’Alliance pour le Choix du Navigateur (Browser Choice Alliance) dans le but de garantir le droit des consommateurs de choisir et d’utiliser le navigateur de leur préférence sur les appareils Windows, sans interférences ni restrictions. Le groupe accuse Microsoft d’implémenter des tactiques qui entravent la concurrence et rendent difficile pour les utilisateurs l’installation et la configuration de navigateurs alternatifs au navigateur par défaut Edge. La coalition appelle la Commission Européenne et d’autres organismes de régulation mondiaux à intervenir pour protéger les droits des consommateurs et encourager une concurrence équitable dans l’écosystème des navigateurs.
L’Alliance pour le Choix du Navigateur demande que Microsoft Edge soit désigné comme «gatekeeper» (gardien d’accès) selon la loi des Marchés Numériques (DMA, pour ses initiales en anglais), une classification qui entraîne des responsabilités supplémentaires pour assurer le respect de la concurrence et la neutralité sur les plates-formes numériques. Selon la coalition, la domination de Windows, qui possède plus de 70 % du marché mondial des systèmes d’exploitation pour ordinateurs de bureau, permet à Microsoft d’implémenter des stratégies qui nuisent à ses concurrents. En juillet 2024, Opera a présenté un appel contre la décision de la Commission Européenne de ne pas inclure Microsoft Edge comme «gatekeeper». Cet effort s’ajoute à une lettre ouverte émise par Vivaldi en 2023 et au soutien public d’autres navigateurs, ainsi qu’à une couverture médiatique croissante concernant les pratiques restrictives de Microsoft.
Selon l’Alliance pour le Choix du Navigateur, Microsoft utilise des «dark patterns» (schémas trompeurs) et des barrières techniques qui compliquent le choix de navigateurs alternatifs. Parmi les tactiques mentionnées se distinguent : des obstacles pour télécharger et installer des navigateurs autres qu’Edge; la réinitialisation automatique d’Edge comme navigateur par défaut après des mises à jour de Windows; la force d’ouverture de liens dans Edge depuis des applications comme Teams et Outlook; et des messages coercitifs incitant les utilisateurs à «restaurer la configuration recommandée par Microsoft». Jon von Tetzchner, CEO et cofondateur de Vivaldi, a dénoncé : «Les navigateurs indépendants ne peuvent pas concurrencer sur un pied d’égalité quand Edge est favorisé de manière si évidente dans Windows. Les régulateurs doivent intervenir d’urgence.»
Les navigateurs sont une porte d’accès fondamentale à internet et à des services clés, comme des outils de productivité et d’intelligence artificielle. Assurer une concurrence juste dans ce domaine est essentiel pour promouvoir l’innovation et offrir des choix réels aux utilisateurs. Susan Davies, cofondatrice de Wavebox, a souligné : «Les tactiques de Microsoft sapent constamment les préférences des utilisateurs, comme ouvrir automatiquement des liens dans Edge ou revenir aux configurations par défaut après des mises à jour.» De son côté, Alex Kontos, fondateur de Waterfox, a ajouté : «Les pratiques de Microsoft rendent difficile pour les utilisateurs préoccupés par leur vie privée de découvrir des navigateurs alternatifs comme Waterfox. Cela limite la liberté de choix et va à l’encontre des principes fondamentaux du web : ouverture, concurrence et empowerment de l’utilisateur.»
L’Alliance pour le Choix du Navigateur défend qu’une régulation efficace, comme celle appliquée par la loi des Marchés Numériques, est nécessaire pour éviter les abus de pouvoir dans l’écosystème digital. De plus, elle incite les consommateurs et les entreprises à soutenir des navigateurs alternatifs qui encouragent un accès ouvert et équitable à internet. Ce mouvement s’ajoute à un débat croissant sur la nécessité de réguler les grandes plates-formes technologiques et de s’assurer qu’elles respectent les droits des utilisateurs et les règles de la concurrence dans un environnement de plus en plus interconnecté et dépendant des services digitaux.