LaLiga déclenche le chaos avec des blocages massifs et des menaces contre des sites légaux partageant des adresses IP avec des services piratés

LaLiga déclenche le chaos avec des blocages massifs et des menaces contre des sites légaux partageant des adresses IP avec des services piratés

Depuis plusieurs semaines, la lutte de LaLiga contre la piraterie footballistique connaît une escalade préoccupante, alliant blocages massifs et menaces légales visant des sites web totalement légitimes. Ce que certains qualifient de riposte contre la diffusion illégale de matches s’est rapidement transformé en une opération de grande envergure qui impacte également des plateformes et institutions respectant la légalité.

De nombreux administrateurs de sites, y compris ceux liés à la culture, à l’éducation ou à des services en ligne bien établis, ont signalé recevoir des notifications ou des avertissements provenant de Cloudflare, le fournisseur d’infrastructure web souvent utilisé pour protéger et accélérer les sites. Ces messages, attribués à LaLiga, dénoncent la sharing d’adresses IP partagées avec des services accusés de diffuser des contenus piratés, tels que des parties du championnat.

Le problème ne date pas d’hier, mais il s’est accentué avec la récente intensification des mesures en début de saison. Lors de ces blocages, il arrive que des sites aussi emblématiques que le site de la RAE ou la plateforme Github deviennent inaccessibles sans avertissement préalable. La pratique consiste à couper des plages entières d’adresses IP associées à ces sites, une approche que des experts en cybersécurité jugent disproportionnée, étant donné qu’il existe des méthodes plus ciblées pour bloquer le piratage.

Une situation encore plus étonnante concerne certains administrateurs de sites innocents, comme celui du blog personnel « El Blog de Lázaro », qui ont reçu des courriels alarmants. Par exemple, ce dernier a été informé d’une menace juridique directement envoyée par Cloudflare, avec un message daté du 25 août. La communication indique que son site, hébergé sur l’IP 104.21.16.1, aurait été utilisé pour diffuser en streaming des matches piratés, sans lien direct avec le piratage, mais simplement parce que le site partageait cette adresse IP.

Ce type de démarche soulève de vives controverses, notamment parce que Cloudflare, en tant que prestataire, n’expérimente pas directement le contenu du site mais doit transmettre les notifications de déclarations de violation en vertu des règles de l’ICANN. LaLiga exploite cette obligation pour adresser ses avertissements aux utilisateurs finaux, remettant en cause le principe de la responsabilité limitée des hébergeurs et des fournisseurs de services.

L’utilisation d’une stratégie aussi expansive n’est pas sans risques juridique ni éthique. Plusieurs acteurs dénoncent cette méthode comme une “chasse aux sorcières numériques”, où des sites respectables se retrouvent piégés sans avoir commis aucune infraction, tout en étant soumis à une pression qui peut nuire à leur réputation ou à leur stabilité juridique. La légalité de ces blocages, notamment lorsqu’ils concernent des plages IP entières plutôt que des domaines spécifiques, est également remise en question dans le contexte européen, où la protection des données et la neutralité du net sont encadrées par des réglementations strictes.

En fin de compte, cette nouvelle phase de la guerre contre la piraterie soulève de nombreux débats sur la proportionnalité des mesures, la protection des innocents, et l’équilibre entre la lutte contre la violation des droits et le respect des principes fondamentaux de liberté d’accès à l’information. LaLiga, tout en affirmant défendre la propriété intellectuelle, voit son approche critiquée pour ses conséquences potentiellement délétères sur la radiodiffusion légitime et l’écosystème numérique dans son ensemble.

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