La fin du support pour Windows 10 pourrait générer 1,7 million de tonnes de déchets électroniques

Microsoft 365 continuera de fonctionner sur Windows 10 après 2025

Le 14 octobre prochain, coïncidant de manière ironique avec la Journée internationale des déchets électroniques, Microsoft cessera officiellement de fournir du support pour Windows 10, un système d’exploitation encore utilisé par près de la moitié des ordinateurs équipés de Windows dans le monde. Cette décision soulève des inquiétudes parmi les experts en durabilité et en technologie, qui mettent en garde contre les conséquences environnementales et sociales de laisser de nombreux appareils fonctionnels à l’abandon. En effet, une grande partie de ces appareils ne répond pas aux exigences matérielles minimales pour passer à Windows 11.

Selon les estimations du groupe américain US PIRG, la fin du support pour Windows 10 pourrait générer plus de 1,54 million de tonnes métriques de déchets électroniques, équivalent à 15 porte-avions de classe Nimitz ou à plus de 150 tours Eiffel. Un rapport publié par l’ONG britannique The Restart Project dénonce le fait que cette décision forcera de nombreux utilisateurs, écoles, institutions publiques et entreprises à remplacer prématurément des équipements encore en bon état, alimentant ainsi la boucle du gaspillage électronique.

Face à la pression des utilisateurs et des médias, Microsoft a récemment annoncé qu’elle proposerait une année supplémentaire de mises à jour de sécurité gratuites pour les utilisateurs individuels, évitant ainsi un coût initial de 30 dollars. Cependant, cette extension ne retardera le problème que jusqu’en 2026 et reste limitée à certains groupes. Les établissements éducatifs pourront acheter jusqu’à trois années supplémentaires de support à moindre coût, mais les entreprises devront payer des tarifs plus élevés, et l’accès à cette prolongation gratuite reste restreint.

Par ailleurs, des initiatives communautaires et des mouvements citoyens cherchent à prolonger la durée de vie des appareils à travers l’installation de systèmes d’exploitation alternatifs utilisant des logiciels libres et open source, comme Linux. Certains organisent des événements de réparation collective où des volontaires aident à remplacer Windows 10 par des distributions légères encore supportées.

Pour faciliter ce travail, un groupe de développeurs a créé l’“End of Windows 10 Toolkit”, une collection d’outils et de guides visant à aider les communautés à libérer leurs équipements des exigences de Microsoft et à leur redonner fonctionnalité et sécurité sans frais.

Néanmoins, les experts lancent un cri d’alarme : ces actions, certes louables, ne suffisent pas face à l’ampleur du problème. Plusieurs organisations en faveur du droit à la réparation, de la durabilité technologique et de la durabilité électronique appellent les gouvernements et les organismes internationaux à établir des normes plus strictes concernant la durabilité minimale, la réparabilité, ainsi que des mesures pour encourager la réutilisation, la mise à jour et la réparation plutôt que l’obsolescence programmée.

Les fabricants conçoivent souvent leurs produits pour une durée de vie limitée, sans prendre en compte le coût environnemental de leur retrait du marché, dénoncent-ils. Beaucoup estiment qu’une réelle solution pourrait consister à étendre le support de sécurité de Windows 10 en utilisant des versions open source, une idée qui permettrait d’assurer la maintenance du système par la communauté ou d’autres fournisseurs.

Dans un contexte où la transition technologique doit impérativement respecter les impératifs écologiques, et à l’heure où l’Union européenne déploie le Green Deal pour lutter contre le changement climatique, cette décision de Microsoft souligne la nécessité de repenser profondément notre modèle de développement technologique, en privilégiant la durabilité, l’éthique et la justice numérique.

En somme, la fin de Windows 10 représente non seulement un changement de logiciel, mais aussi un symptôme des choix industriels qui impactent l’environnement et les droits numériques de millions d’individus.

le dernier