La CNMC radiographie l’interconnexion IP en Espagne : peering gratuit, transit et le rôle dominant de Madrid

La CNMC radiographie l'interconnexion IP en Espagne : peering gratuit, transit et le rôle dominant de Madrid

La Comisión Nationale des Marchés et de la Concurrence (CNMC) a publié un rapport détaillé sur l’état de l’interconnexion IP en Espagne, un secteur clé pour comprendre comment circule le trafic Internet dans le pays. L’étude explore des concepts tels que le peering (public et privé), le transit IP, les points d’échange (IXPs), les systèmes autonomes (AS) et les CDN en réseau, tout en analysant les volumes de trafic ainsi que la répartition géographique des connexions.

Selon le rapport, près de 79 % des interconnexions sont basées sur un peering gratuit, mettant en lumière l’importance des accords entre opérateurs sans échange financier. En revanche, 20 % sont réalisés via du transit, et moins d’un pour cent concerne des peering payants, une pratique relativement rare en Espagne. Cependant, le nombre d’interconnexions ne reflète pas nécessairement le volume de données échangées, puisque plus de la moitié du trafic (55,95 %) est acheminée via du transit, contre 43,25 % par peering gratuit et moins de 1 % par peering payant. Cette distribution s’explique notamment par l’utilisation de filiales spécialisées par de grands acteurs comme Telefónica, via Telxius, ou Orange avec OpenTransit, pour gérer le transit international.

La répartition géographique des interconnexions montre une concentration quasi exclusive à Madrid, qui demeure la plateforme centrale en raison de la présence des principaux points neutres et infrastructures critiques du pays. D’autres provinces jouent un rôle plus marginal, bien que la diversification commence à apparaître avec le déploiement de réseaux régionaux et l’implantation de nouveaux centres de données.

En matière de peering, 80,85 % du trafic est traité par des accords de peering privé, tandis que 19,15 % passe par des points d’échange publics, tels que DE-CIX Madrid ou ESPANIX, attestant que si ces centres sont importants, les accords bilatéraux entre opérateurs restent la pierre angulaire de l’interconnexion nationale.

Le rapport fournit aussi des chiffres impressionnants concernant le volume total de trafic géré : les quatre principaux opérateurs espagnols enregistrent un trafic entrant combiné de près de 31 Tbit/s et un trafic sortant d’environ 6,3 Tbit/s. En détail, ce trafic se décompose entre peering et transit, avec une majorité passant par ces deux modes.

Une autre étape clé du document concerne l’analyse des Content Delivery Networks (CDN) intégrés dans les réseaux des opérateurs. Excluant les services audiovisuels propres, la capacité maximale des CDN on-net atteint 15,27 Tbit/s pour la livraison de contenus aux utilisateurs, et 2,52 Tbit/s pour le remplissage de contenu. Les opérateurs plus petits disposent d’une capacité nettement inférieure, autour de 360 Gbit/s, une indication de l’importance croissante de localiser les contenus proche de l’utilisateur final pour limiter la latence et réduire les coûts de transit international.

L’étude clarifie également les concepts fondamentaux tels que le peering gratuit, le peering payant, le transit IP, les systèmes autonomes (AS) et les points d’échange (IXPs), essentiels pour comprendre l’écosystème de l’internet en Espagne.

Ce rapport arrive à un moment où l’on observe un boom dans l’implantation des centres de données en Espagne, une croissance du trafic liée aux applications d’intelligence artificielle et vidéo, et Madrid qui s’affirme comme le hub numérique du sud de l’Europe. La concentration du trafic dans quelques hubs, la prédominance du transit sur le peering, ainsi que l’importance des CDN, révèlent un écosystème mature, mais qui doit aussi relever des défis en termes de diversification et de résilience.

le dernier