La Comisión nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) a récemment approuvé une décision majeure dans l’histoire récente des télécommunications en Espagne : Telefónica ne sera plus obligée de partager son réseau de fibre optique avec d’autres opérateurs. Après 26 ans de régulation, l’ancien monopole retrouve le contrôle total de son infrastructure d’accès fixe, marquant ainsi la fin d’une ère qui a débuté avec l’ADSL et qui se conclut désormais avec la fibre ultrarapide.
La décision, prise le 29 juin par le conseil de la CNMC, permet à Movistar de bénéficier en exclusivité de son réseau de fibre optique, qui, fin 2024, desservait plus de 30,8 millions de foyers en Espagne. Désormais, Telefónica pourra décider librement avec quels opérateurs elle partage son réseau, dans quelles conditions et à quel prix, sans supervision directe du régulateur.
Ce changement offre à Telefónica une plus grande marge de manœuvre pour innover et lancer ses propres offres. La suppression de l’obligation de partage en gros facilite son agilité face au marché. Jusqu’à présent, toute modification technique ou commerciale devait être approuvée par la CNMC, ce qui ralentissait l’implémentation de nouvelles offres ou d’améliorations de vitesse, tout en permettant à la concurrence d’anticiper ses mouvements.
Avec cette nouvelle autonomie, Movistar pourrait accélérer l’innovation dans ses produits, mais cela pourrait également susciter un nouvel équilibre concurrentiel dans le secteur, obligeant les opérateurs alternatifs à revoir leur stratégie.
La fin du système NEBA (Service Ethernet de Bande Passante) marque aussi une étape clé. En vigueur depuis 2012, cette régulation permettait aux opérateurs alternatifs de louer le réseau de Telefónica dans des zones sans déploiement propre. NEBA, qui comprenait deux variantes (provinciale et locale), a remplacé progressivement d’autres solutions plus anciennes comme GigaADSL, lancé en 1999. Ces mesures ont été essentielles pour stimuler la concurrence et faire progresser le déploiement de la fibre en Espagne.
La nouvelle réglementation entrera en vigueur six mois après sa publication au BOE, ce qui laissera aux opérateurs le temps de négocier des accords privés ou de migrer vers d’autres réseaux. Bien que depuis 2016 une zone non régulée ait été instaurée, Telefónica partageait encore volontairement une partie de son réseau via des accords privés. La nouvelle donne, cependant, s’accompagne d’un contexte concurrentiel renforcé, notamment avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme Orange, qui a dépassé Movistar en nombre de clients.
Cette décision pourrait avoir des implications importantes pour les consommateurs, en accélérant l’apparition de nouvelles offres à haute vitesse ou en favorisant la concurrence entre opérateurs. Reste à voir dans les prochains mois si cette libéralisation profitera ou empêcheront les intérêts des utilisateurs finaux.
En définitive, après plus de deux décennies d’intervention régulatrice, Telefónica reprend la main sur son réseau, redéfinissant ainsi la dynamique du marché télécom en Espagne.