Jensen Huang relance le débat : est-il encore pertinent d’apprendre à programmer à l’ère de l’intelligence artificielle ?

L'avancée du no-code et de l'intelligence artificielle : Comment ils transforment le développement de logiciels

Les déclarations du CEO de NVIDIA, Jensen Huang, ont une nouvelle fois remis sur le devant de la scène l’une des grandes énigmes de l’ère technologique : est-il encore pertinent d’apprendre à programmer lorsque l’intelligence artificielle semble capable de le faire à notre place ?

Lors du Sommet des gouvernements mondiaux organisé à Dubaï, Huang a surpris son auditoire par un message aussi tranché que polémique :

“Notre mission est de créer une technologie informatique qui fasse en sorte que personne n’ait plus besoin de programmer, et que le langage de programmation devienne le langage humain. Maintenant, tout le monde est un programmeur. C’est là le miracle de l’intelligence artificielle.”

Ces mots contrastent avec la vision qui a dominé ces deux dernières décennies, selon laquelle apprendre à coder était presque une garantie pour l’avenir professionnel.


De la fièvre du code à l’automatisation

Il fut un temps où maîtriser la programmation représentait une véritable clé d’or pour accéder à des emplois bien rémunérés, prometteurs et prestigieux. Les entreprises rivalisaient pour recruter les meilleurs talents, et la maîtrise de langages tels que Java, Javascript, HTML, SQL, PHP, C#, C++ ou Python apportait stabilité, croissance et respect dans le secteur technologique.

Mais la donne a changé. Aujourd’hui, la demande de programmeurs demeure, mais avec une nuance essentielle : ce ne sont plus ceux qui connaissent *les bases* qui manquent, mais ceux qui maîtrisent réellement la discipline, comprennent en profondeur le fonctionnement d’un langage, et surtout, disposent d’une capacité à résoudre des problèmes complexes et à s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution.

L’émergence de la génération d’intelligence artificielle, avec des modèles tels que ChatGPT, Grok4, DeepSeek, Copilot ou Claude, a accéléré cette transition. Désormais, il est possible de demander à un chatbot de générer du code en quelques secondes, ou même de créer des jeux vidéo entiers à partir d’instructions en langage naturel.


Une IA qui “parle” déjà une dizaine de langages

Actuellement, les modèles d’intelligence artificielle peuvent produire du code dans une multitude de langages. Par exemple, ChatGPT affirme maîtriser plus de 50 langages, allant de PHP, Javascript, Python et Swift jusqu’au COBOL ou Objective-C. Et ils ne s’arrêtent pas là, puisqu’ils savent également assembler (ASM) ainsi que d’anciens langages.

Cette polyvalence accroît leur utilité pour réaliser des tâches répétitives ou fastidieuses, permettant aux développeurs humains de se concentrer sur la logique métier, l’architecture du système ou la résolution de problèmes stratégiques.

Cependant, une question fondamentale se pose : si les machines programment déjà dans tant de langages, quel sera le rôle de l’humain ?


Apprendre à programmer : est-ce encore nécessaire ?

Les défenseurs de Huang soutiennent que l’évolution naturelle de l’informatique consiste précisément en cela : atteindre un point où n’importe qui puisse “programmer” simplement en parlant ou en écrivant en langage naturel. Selon cette vision, l’IA démocratise l’accès au développement logiciel et transforme chaque utilisateur en potentiel programmeur.

Mais d’autres experts ne partagent pas cet avis. Pour eux, apprendre à programmer ne se limite pas à écrire des lignes de code :

  • Cela enseigne à penser de manière structurée et logique.
  • Permet de comprendre comment fonctionnent les machines, et ne pas dépendre aveuglément de ce que suggère l’IA.
  • Offre la capacité d’optimiser, auditer et corriger les erreurs que les systèmes automatiques génèrent inévitablement.

De plus, l’apprentissage en profondeur d’un langage demande du temps et de la discipline. Maîtriser un langage de programmation peut nécessiter entre 6 et 12 mois de pratique intensive, et plus d’un an pour ceux qui commencent de zéro. Si l’IA peut aider à accélérer la courbe d’apprentissage, elle ne remplace pas la l’expérience acquise par un professionnel après des années de pratique réelle.


L’impact réel de l’IA sur la programmation

Les grandes entreprises technologiques mesurent déjà cet impact. Microsoft a confirmé que près de 30 % du code qu’elle utilise en interne a été généré par l’IA. Un indicateur qui donne une idée de la direction que pourrait prendre l’industrie.

loin de mener à la disparition des programmeurs humains, cette tendance vise plutôt à une reconfiguration du rôle : les professionnels seront de plus en plus curateurs, auditeurs et architectes du logiciel, tandis que l’IA prendra en charge une grande partie de l’écriture brute du code.

De nombreux développeurs reconnaissent déjà utiliser des outils comme GPT-5, Claude code ou Copilot non seulement pour générer des fonctions, mais aussi pour comprendre des bibliothèques complexes, déboguer, ou accélérer la réalisation de projets qui auparavant nécessitaient des semaines de travail.


Une menace ou une opportunité ?

Huang affirme que “tout le monde est programmeur” grâce à l’IA, mais ses propos alimentent aussi un débat plus profond sur l’avenir de l’emploi dans le secteur technologique.

  • Pour certains, l’automatisation constitue une menace qui réduira les chances d’entrée sur le marché du travail pour les profils débutants.
  • Pour d’autres, c’est une opportunité unique de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, l’IA prenant en charge la monotonie.

Dans tous les cas, une chose est claire : le marché aura besoin de moins de “programmers de base” et davantage de professionnels dotés d’une vision globale, capables de fusionner connaissances techniques, pensée critique et compétences relationnelles.


Conclusion

Les propos de Jensen Huang ne doivent pas être compris comme une condamnation de l’apprentissage de la programmation, mais comme le reflet du changement radical que l’intelligence artificielle opère dans l’industrie.

Apprendre à coder reste aujourd’hui une compétence précieuse, non pas tant parce que l’IA ne pourra pas générer de code, mais parce que cela apprend à réfléchir et à comprendre les fondamentaux du monde digital dans lequel nous évoluons.

La question n’est plus de savoir si apprendre à programmer a encore du sens, mais quel profil de programmeur la société du futur veut et doit former : des exécutants d’instructions ou des esprits capables de guider, d’auditer et de renforcer l’intelligence artificielle ?


Questions fréquentes (FAQs)

1. La nécessité des programmeurs humains va-t-elle vraiment disparaître ?
Non. Ce qui changera, c’est leur rôle. La demande pour des programmeurs effectuant des tâches basiques diminuera, tandis que les profils spécialisés en architecture, sécurité et audit de code seront plus recherchés.

2. À quoi sert encore d’apprendre à programmer si l’IA le fait déjà ?
À développer la pensée logique, la compréhension approfondie des systèmes, et la capacité de superviser, d’auditer et de corriger l’IA, compétences encore indispensables.

3. Quels sont les langages de programmation que l’IA maîtrise actuellement ?
Des modèles comme ChatGPT peuvent générer du code dans plus de 50 langages, notamment PHP, Javascript, Python, Java, C++, Swift, COBOL, Objective-C ou HTML.

4. Comment l’IA influencera-t-elle l’emploi dans le secteur technologique ?
Il est prévu une réduction des postes de débutants focalisés sur l’exécution de code, tout en augmentant la demande pour des spécialistes capables de concevoir, optimiser et superviser des systèmes co-créés avec l’IA.

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