L’ordinateur de bureau va connaître une transformation qui la changera à jamais. Il ne s’agit plus simplement d’augmenter la puissance ou d’améliorer la batterie, mais de posséder une machine capable de exécuter de l’intelligence artificielle directement sur l’appareil, sans dépendre constamment du cloud. C’est la vision d’Intel avec sa troisième génération de processeurs Core Ultra et la nouvelle architecture Panther Lake, présentée cette semaine au Pérou devant un public de presse spécialisée et de partenaires technologiques.
Au-delà des détails techniques, le message a été clair : l’Amérique latine, et en particulier le Pérou, dispose d’une perspective exceptionnelle pour faire un saut technologique. La combinaison d’un parc informatique vieillissant, la pression pour adopter l’IA dans le secteur professionnel et les nouvelles exigences de sécurité créent le contexte idéal pour l’arrivée massive des PC à intelligence artificielle (AI PC).
87 % des entreprises envisagent déjà des PC équipés d’IA
Lors de la présentation, José Cornejo, responsable du Développement Commercial pour l’Amérique Latine et country lead chez Intel Pérou, a partagé les résultats d’une étude menée auprès de plus de 5 000 cadres supérieurs dans 23 marchés mondiaux, dont 1 050 issus de la région des Amériques.
Le chiffre qui ouvre la voie au changement est sans appel :
- 87 % des personnes interrogées ont déjà commencé ou envisagent une transition vers des PC avec capacités d’IA.
- Seuls 13 % ne contemplent pas encore cette migration.
Parmi ceux qui n’ont pas encore franchi le pas, la sécurité apparaît comme le principal frein :
- 49 % redoutent l’exposition des données dans le cloud.
En revanche, parmi les adopteurs de AI PC :
- 23 % reconnaissent que la sécurité constitue un défi majeur,
- mais 33 % indiquent n’avoir rencontré aucun problème dans ce domaine.
Cornejo résume la préoccupation de nombreux CIO : les entreprises souhaitent exploiter l’IA, mais sans mettre en danger des informations sensibles en les envoyant vers des services extérieurs non maîtrisés.
Sécurité et formation : deux facettes d’un même enjeu
Selon Intel, le concept de AI PC bouleverse les règles en matière de sécurité :
“Aujourd’hui, les PC dotés d’IA permettent de détecter des menaces dès la couche matérielle, voire avant même que le système d’exploitation ne se lance”, explique Cornejo, en faisant référence aux capacités combinées des nouveaux processeurs et plateformes telles que Intel vPro.
Cependant, l’étude révèle que le vrai obstacle n’est plus uniquement technologique, mais humain :
- 95 % des employés estiment avoir besoin d’une formation spécifique pour exploiter efficacement une PC avec IA.
- Mais seulement 42 % des entreprises proposent une formation continue.
- Un 33 % se limite à former les utilisateurs une seule fois,
- et un 35 % admet n’offrir aucun entraînement.
“De nouvelles outils et modèles apparaissent chaque jour. Il ne suffit pas de donner une machine et une formation une seule fois”, avertit Cornejo. “C’est une opportunité pour tous ceux qui évoluent dans cet écosystème : il faut expliquer quoi utiliser, pour qui, et comment cela augmente la productivité.”
Concernant les cas d’usage, l’étude indique que l’IA est déjà appliquée à des tâches très concrètes :
- 73 % l’utilisent pour optimiser la recherche.
- 72 % pour la traduction en temps réel, notamment dans les outils de collaboration.
- 71 % pour le texte prédictif (emails, messagerie, documents).
Cela signifie que l’IA est déjà présente dans des activités quotidiennes, même si de nombreuses entreprises ne savent pas encore quelles outils spécifiques se cachent derrière.
L’opportunité au Pérou : des millions d’ordinateurs prêts à être renouvelés
L’un des chiffres qui a le plus marqué l’auditoire concerne la carte du renouvellement technologique dans la région. Selon les données partagées par Intel :
- Le Pérou est le troisième pays d’Amérique latine avec le plus grand parc informatique à renouveler.
- Environ 3,6 millions d’appareils ne peuvent pas être mis à jour vers Windows 11.
- Et 70 % de ces appareils ont cinq ans ou plus.
En grande partie, cela s’explique par le “pic d’achats” durant la pandémie, lorsque de nombreuses entreprises ont massivement renouvelé leurs PC pour soutenir le télétravail. Ces équipements ont atteint leur fin de cycle :
“Aujourd’hui, nous avons des machines obsolètes, sans capacités d’IA”, souligne Cornejo. “Avec notre troisième génération de processeurs Core Ultra, nous avons des arguments pour accélérer la migration.”
Selon Intel, les AI PC peuvent réduire jusqu’à 65 % la gestion à distance et diminuer de 90 % les visites techniques en présentiel, un aspect clé dans les environnements de travail hybride et pour les organisations multi-sites.
Panther Lake : la troisième génération d’Intel Core Ultra
Dans la seconde partie de l’événement, l’attention s’est portée sur Federico Cañete, spécialiste technique chez Intel pour l’Amérique Latine, chargé de détailler les nouveautés de Panther Lake, nom de code de la troisième génération d’Intel Core Ultra.
Cañete contextualise :
“Une étude de Boston Consulting estime qu’en 2028, 80 % des PC seront équipés d’IA. Si nous voulons être prêts, il faut une AI PC dès aujourd’hui.”
Nodo 18A, RibbonFET et PowerVia
Panther Lake sera la première architecture d’Intel fabriquée sur le processus 18A, en production dans deux usines aux États-Unis. Cette plateforme introduit deux innovations clés :
- RibbonFET : un transistor de nouvelle génération où la guillemette enveloppe totalement le canal en 3D, améliorant contrôle et efficacité.
- PowerVia : système qui alimente la puce par le dessous, libérant de l’espace en haut pour les signaux et améliorant la consommation d’énergie.
Architecture à “tuiles” : CPU, GPU et plateforme
Loin du design monolithique classique, Panther Lake mise sur une architecture modulaire en “tuiles” ou mosaïques reliées via la technologie Foveros :
- Compute Tile : contient les cœurs CPU.
- GPU Tile : intégration des graphiques Intel Arc de nouvelle génération.
- Platform Controller Tile : gère la connectivité (Wi-Fi, Bluetooth, PCIe) et le traitement d’images, entre autres.
Trois types de cœurs et un “chef d’orchestre” avec IA
L’architecture hybride évolue également. Panther Lake intègre trois types de cœurs :
- P-Cores (Performance) : puissance maximale pour les tâches exigeantes et monocœurs.
- E-Cores (Efficacité) : équilibre entre performance et consommation.
- Low Power E-Cores : cœurs ultra faibles en consommation pour les tâches de fond.
Le Thread Director, système utilisant l’IA pour attribuer dynamiquement les charges de travail, décide où chaque processus doit s’exécuter :
“La politique est claire : d’abord, on essaye d’utiliser les cœurs à faible consommation ; si ce n’est pas suffisant, on monte en gamme vers les cœurs efficaces, puis, en dernier recours, vers ceux à haute performance”, explique Cañete. “Avec une cache partagée augmentée de 50 %, on vise à maximiser l’autonomie sans sacrifier la réactivité.”
GPU Xe³ et NPU de cinquième génération : jusqu’à 180 TOPS dans une seule PC
Pour l’IA, la GPU et la NPU occupent une place centrale.
GPU Xe³ : plus de graphismes, plus d’IA
Panther Lake intègre la troisième génération de graphiques Xe (Xe³) :
- 50 % de performance en plus par rapport à la génération précédente (Lunar Lake).
- Améliorations pour les jeux et la création de contenu ainsi que pour les applications d’IA.
- Unités XMX pour accélérer les calculs matriciels (courants dans les modèles d’IA).
- Ray Tracing pour des graphismes plus réalistes.
Seule la GPU peut atteindre jusqu’à 120 TOPS (trillions d’opérations par seconde en IA), équivalent de toute la capacité IA de la plateforme Lunar Lake.
NPU v5 : une IA véritablement efficace
La Unité de Traitement Neuronal (NPU) en est à sa cinquième version :
- Moins de moteurs (de 6 à 3), mais plus grands et puissants.
- Jusqu’à 50 TOPS de performance.
- Soutien natif pour les opérations en virgule flottante 8 bits (FP8), éliminant certaines étapes de quantification et améliorant l’efficacité.
Cañete insiste : ce n’est pas uniquement la NPU qui gère l’IA :
- La CPU est idéale pour les tâches nécessitant une faible latence, comme la traduction vocale en temps réel.
- La GPU excelle dans les charges massivement parallèles, telles que la génération d’images ou de vidéos.
- La NPU représente la voie la plus efficace pour les tâches de fond et continues, comme le floutage d’arrière-plan ou la suppression du bruit lors des appels vidéo.
“En combinant ces trois moteurs, Panther Lake peut atteindre jusqu’à 180 TOPS au total”, affirme-t-il. “Ce qui ouvre la voie à des expériences d’IA plus complexes et fluides directement sur l’appareil.”
Connectivité et efficacité : Wi-Fi 7, Bluetooth 6.0 et 40 % de consommation en moins
Panther Lake est également équipé de série de :
- Wi-Fi 7
- Bluetooth 6.0
- Thunderbolt 4 sur toutes les configurations
Côté consommation, Cañete souligne une réduction d’environ 40 % par rapport à la génération précédente. Une partie de cette économie provient de l’Unité de Traitement d’Images (IPU), capable d’améliorer la vidéo et de réduire le bruit, déchargeant ainsi la CPU et économisant jusqu’à 1,5 watt.
L’architecture modulaire permet aussi à Intel d’offrir plusieurs configurations de cœurs :
- Un modèle de base avec 8 cœurs (4 haute performance et 4 à faible consommation).
- Deux modèles avec 16 cœurs, destinés aux stations de travail, aux créateurs de contenu, et aux appareils de gaming.
Pérou comme laboratoire pour l’ordinateur professionnel à IA
Avec des millions d’équipements à renouveler, l’inquiétude grandissante concernant la sécurité des données dans le cloud et une région où l’IA s’immisce dans le quotidien, Intel considère le Pérou comme un marché stratégique.
La convergence de :
- Besoin de renouvellement (3,6 millions de PC incapables de passer à Windows 11).
- Demande de productivité et de collaboration dans des environnements hybrides.
- Et la pression pour protéger des données sensibles sans dépendre exclusivement du cloud.
créent un terrain fertile pour que les AI PC avec Panther Lake deviennent la prochaine vague de renouvellement technologique dans le pays.
Selon Cornejo, il s’agit d’une nouvelle étape dans la productivité basée sur l’appareil : moins de dépendance au cloud, une sécurité renforcée au niveau matériel, et une expérience IA que l’employé peut emporter partout, prête à fonctionner même sans connexion.
source : ctoperu