Intel et AMD réduisent de plus de 50 % le prix de leurs CPU pour serveurs : l’effet Huawei KunPeng 930

Intel et AMD réduisent de plus de 50 % le prix de leurs CPU pour serveurs : l'effet Huawei KunPeng 930

Une révolution inédite secoue le marché mondial des processeurs pour serveurs. Tant Intel qu’AMD ont simultanément réduit les prix de leurs CPU haut de gamme, avec des remises dépassant parfois 50 % sur certains modèles. Ce qui fait particulièrement parler, ce n’est pas seulement l’ampleur des réductions, mais aussi leur synchronisation, un phénomène rare entre deux géants rivaux qui, habituellement, ne coordonnent pas leurs stratégies commerciales.

L’explication la plus crédible pointe vers la Chine : l’arrivée du Huawei KunPeng 930, un processeur à architecture propre avec jusqu’à 40 noyaux par chiplet et une configuration pouvant atteindre 160 noyaux par carte mère, aurait déclenché une alarme en Silicon Valley. La sortie de ce processeur, basé sur une architecture ARM, semble avoir incité à des mouvements stratégiques de la part des concurrents américains.

Alors que le marché des serveurs est en plein essor, porté par l’intelligence artificielle, le cloud et les centres de données hyper-évolutifs, la demande pour des processeurs est en forte croissance. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un processeur AMD EPYC 9965 (Turin) de 192 noyaux est passé de 14 813 dollars à 9 713 dollars, tandis qu’un Intel Xeon 6980P avec 128 noyaux a vu son prix chuter de 12 460 à seulement 5 836 dollars, avec des réductions allant jusqu’à 55 % sur l’ensemble de la gamme.

La suspicion grandit autour du processus de fabrication du KunPeng 930, notamment concernant la possible implication de TSMC, fabricant taïwanais interdit de produire des puces avancées pour Huawei en raison de sanctions américaines et européennes. Si ces processeurs seraient effectivement fabriqués par TSMC sur leur nœud N5, cela pourrait provoquer un tollé diplomatique, certains y voyant une violation des sanctions, d’autres une avancée stratégique pour la Chine dans la guerre technologique.

Ce contexte inquiète Intel et AMD, qui semblent réagir pour protéger leur part de marché. Si Huawei parvient à déployer massivement ses processeurs en Chine, cela pourrait lui permettre de s’approprier une partie importante du marché local des serveurs, d’affaiblir la dépendance chinoise aux technologies occidentales, et d’accélérer la transition vers une architecture ARM face à la domination x86.

Ces événements rappellent la crise des processeurs à l’époque d’AMD EPYC face à Intel, mais avec une nouvelle dynamique : Huawei, soutenue par le gouvernement chinois, pourrait devenir un acteur majeur dans le segment des serveurs, déstabilisant ainsi le duopole américain qui détient actuellement la majorité du marché.

Au-delà des enjeux commerciaux, cette guerre des prix et l’émergence de Huawei dans le secteur ont des implications stratégiques pour l’industrie du cloud et la haute performance en calculs massifs. Pour les géants du hyperscale comme Amazon, Microsoft ou Google, cela représente une opportunité de négocier de meilleures offres, tandis que pour la géopolitique mondiale, c’est une nouvelle étape dans la compétition technologique entre les États-Unis et la Chine.

En conclusion, la baisse simultanée des prix par Intel et AMD n’est pas une simple stratégie commerciale, mais un signal clair que le marché des processeurs pour serveurs est en pleine mutation. Avec Huawei potentiellement sur le point de s’imposer comme un troisième acteur majeur, la domination historique des États-Unis dans ce secteur pourrait être remise en question dans un avenir proche. La question n’est plus de savoir si Huawei réussira à s’imposer, mais combien de temps il lui faudra pour établir sa place dans cette course stratégique.

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