Une avancée majeure dans la communication optique
Depuis sept ans, l’équipe de Taara, faisant partie de la division de recherche avancée de Google X, travaille sur une idée ambitieuse : transmettre des données par des faisceaux de lumière sans avoir recours à des câbles. Cette technologie s’est révélée être une solution efficace dans des régions où la connectivité traditionnelle est inviable en raison de coûts élevés, d’obstacles géographiques ou d’un manque d’infrastructure.
Récemment, l’équipe a atteint un jalon clé avec le lancement de la puce Taara, une avancée qui réduit considérablement la taille de la technologie sans compromettre la vitesse ni la portée.
Comment fonctionne Taara ?
Le système de communication optique de Taara utilise des faisceaux de lumière infrarouge hautement dirigés pour transmettre des données entre deux points. C’est une alternative à la fibre optique, mais sans la nécessité de déployer des câbles souterrains coûteux.
La première version de cette technologie, le Taara Lightbridge, reposait sur une combinaison de miroirs, capteurs et systèmes de calibration mécanique pour guider les faisceaux de lumière et établir une connexion à haute vitesse. Bien que cette méthode ait permis de transmettre des données à des vitesses allant jusqu’à 20 Gbps sur des distances de 20 km, sa taille, comparable à celle d’un feu de signalisation, compliquait son déploiement dans certains environnements.
Avec la puce Taara, l’entreprise a réalisé une avancée remarquable : tout ce système a été miniaturisé pour atteindre la taille d’un ongle, éliminant les composants mécaniques au profit d’un logiciel de contrôle avancé.
La clé : une puce photonique de pointe
Au cœur de cette innovation se trouve une puce en silicone photonique qui utilise une matrice de phase optique pour diriger, suivre et corriger les faisceaux de lumière avec une précision extrême.
Au lieu de compter sur des moteurs et des miroirs pour ajuster la trajectoire de la lumière, la puce est dotée de centaines de petits émetteurs optiques qui peuvent être activés et désactivés par logiciel. Cela permet de modifier la phase de la lumière et de la diriger dynamiquement, sans nécessiter de pièces mobiles.
Les premières expériences ont démontré que la puce Taara pouvait transmettre des données à 10 Gbps sur une distance de 1 km en conditions réelles à l’extérieur. Google considère cela comme un accomplissement sans précédent dans le domaine de la photonique en silicone et prévoit d’élargir à la fois la capacité et la portée de la technologie avec de futures versions contenant des milliers d’émetteurs optiques.
Franchir les limites de la connectivité
La demande de connectivité atteint des niveaux critiques alors que la consommation de données en streaming, les applications d’IA et les réseaux à haute vitesse augmentent.
Actuellement, la fibre optique demeure le standard d’excellence en matière de connectivité, mais son déploiement n’est pas toujours viable en raison de coûts élevés, de complexité technique et de barrières géographiques.
D’autre part, les réseaux sans fil traditionnels, comme le 5G et le Wi-Fi, dépendent du spectre électromagnétique, qui est de plus en plus encombré et subit des problèmes de capacité.
L’équipe de Taara envisage la communication optique comme un avenir avec une bande passante pratiquement illimitée. Comme la fibre optique mais sans câbles, Taara peut étendre la connectivité à des endroits inaccessibles et alléger la saturation du spectre radioélectrique, offrant une alternative innovante aux solutions existantes.
Applications et avenir de la puce Taara
Grâce à son design compact et efficace, la puce Taara pourrait redéfinir l’infrastructure Internet dans divers domaines :
- Connectivité dans les régions éloignées : elle pourrait fournir un accès Internet haut débit à des communautés isolées sans nécessiter d’infrastructure coûteuse.
- Optimisation des centres de données : elle permettrait d’améliorer l’interconnexion des serveurs sans les limitations des câbles en fibre.
- Véhicules autonomes : elle faciliterait la communication entre véhicules grâce à une transmission de données plus rapide et plus sécurisée.
- Réseaux maillés mondiaux : elle permettrait d’interconnecter des appareils à grande échelle avec une latence minimale.
L’équipe de Google prévoit de lancer son premier produit commercial basé sur la puce Taara en 2026, bien qu’avant son arrivée sur le marché, elle invite chercheurs et développeurs à explorer les applications potentielles de cette technologie révolutionnaire.
Google pourra-t-il maintenir son engagement envers Taara ?
Le projet Taara a émergé de l’ancien Google Loon, un plan ambitieux visant à apporter Internet dans des zones reculées via des ballons dirigeables. Contrairement à Loon, qui a été annulé, Taara a prouvé qu’il est plus pratique et viable, avec des mises en œuvre réussies en Inde, en Afrique et dans les Caraïbes.
Cependant, l’historique de Google avec des projets innovants est mixte : tandis que des initiatives comme Waymo (voitures autonomes) ont prospéré, d’autres comme Google Stadia ont été abandonnées prématurément.
Si Taara parvient à perdurer et à faire évoluer sa technologie, cela pourrait redéfinir la façon dont Internet est déployé dans le monde entier, en se mesurant à des solutions comme Starlink de SpaceX et d’autres réseaux de connectivité avancée.
Pour l’instant, la puce Taara représente un pas vers un avenir où la connectivité ne sera plus limitée par des câbles, des coûts ou des barrières géographiques, mais sera aussi illimitée que la lumière elle-même.
via : X.company