La Chine fait un pas décisif dans sa stratégie technologique avec le lancement d’un ordinateur de bureau doté de son propre processeur x86, conçu par Zhaoxin et intégré par MAXHUB. Ce nouvel appareil, nommé AI+ PC, vise à se positionner comme une alternative crédible aux systèmes basés sur les processeurs d’Intel et AMD, deux géants qui ont dominé le marché mondial des puces x86 pendant des décennies.
Cette annonce arrive à un moment clé. Le gouvernement chinois soutient depuis plusieurs années des fabricants nationaux comme Loongson et Zhaoxin afin de réduire leur dépendance technologique face à l’Occident. Si Loongson a opté pour des architectures propres telles que LoongArch, c’est désormais Zhaoxin qui met en avant le x86 domestique — une architecture licenciée permettant d’exécuter l’écosystème logiciel mondial le plus répandu.
Le processeur phare dans cette initiative est le Zhaoxin KX-7000, un chipset fabriqué selon une architecture chiplet en 7 nm, doté de 8 cœurs et 8 threads, entièrement compatible avec les instructions x86 32 et 64 bits, y compris les extensions telles qu’AVX. Sur le plan technique, il intègre une cache L2 de 4 Mo, une cache L3 de 32 Mo, une fréquence maximale de 3,6 GHz, ainsi qu’une GPU intégrée C-1190 supportant DirectX 12, OpenCL 1.2, OpenGL 4.6, et capable de décoder les formats H.265/H.264 avec sortie dual 4K. Une architecture propriétaire de connectivité, ZPI 4.0, relie le CPU et le Die d’E/S dans un seul encapsulant, facilitant ainsi la performance et la stabilité.
Le design rappelle le socket LGA 1700 des processeurs Core, témoignant d’une volonté de proposer un produit comparable en termes de format et de fonctionnalités. Selon les tests précoces, le KX-7000 double la performance de sa génération précédente (KX-6000), marquant une étape importante pour l’écosystème technologique local.
Le premier système intégrant ce processeur est le MAXHUB AI+ PC, un ordinateur de bureau compact de 10 litres qui mise sur l’intégration de l’intelligence artificielle directement dans le matériel. Il présente un design minimaliste pouvant être placé verticalement ou horizontalement, avec une architecture simplifiée de câblage pour réduire les défaillances électriques. Alimenté passivement à 180 W et doté de sorties vidéo VGA, HDMI, DisplayPort, de plusieurs ports USB-A et réseau Gigabit, il se veut très pratique.
Ce que distingue surtout ce PC, c’est son logiciel assisté par IA. MAXHUB a développé un système où fonctions telles que le recadrage intelligent d’images, la conversion de documents, l’extraction automatique de texte ou l’envoi à des écrans grand format sont intégrées et anticipent les besoins de l’utilisateur, transformant ainsi le workflow traditionnel.
En termes de performances, les démonstrations ont montré une capacité fluide pour la lecture vidéo en 1080p et 4K à 30 fps, une exécution efficace des applications bureautiques telles que WPS Office, et une vitesse de transfert en cloud satisfaisante. Des tests de stabilité sous stress (AIDA64) ont confirmé une température stable autour de 84 °C sans erreur, même lors d’utilisations prolongées.
Ce développement s’inscrit dans un contexte où la Chine cherche à créer un écosystème de matériel et de logiciel autosuffisant, en dépit du fait que le KX-7000 reste éloigné en puissance absolue des derniers processeurs d’Intel (Meteor Lake, Arrow Lake) ou AMD (Zen 5). Néanmoins, l’important est la compatibilité native avec le logiciel x86, permettant à Zhaoxin de s’installer sur le marché tout en évitant la dépendance vis-à-vis des architectures étrangères.
Le mouvement de MAXHUB illustre la volonté chinoise de bâtir une industrie technologique autonome, combinant hardware et intelligence artificielle pour l’avenir. Bien que ce processeur ne rivalise pas encore en performance brute, il représente une étape symbolique majeure, prouvant que la Chine dispose désormais d’une alternative locale fiable pour ses besoins en computing, s’éloignant progressivement des séquences de dépendance classiques.
Ce pas vers la souveraineté technologique est porteur de nombreux enjeux, notamment celui de réduire la dépendance extérieure tout en favorisant l’innovation domestique dans un secteur stratégique. L’aventure ne fait que commencer, mais la voie semble désormais tracée.