L’Union européenne se lance dans la construction de ses premières gigafactories d’IA et mobilise 20 milliards d’euros en investissements
La Commission européenne a ouvert une consultation publique afin de sélectionner les consortiums qui seront chargés de construire les premières gigafactories d’intelligence artificielle (IA) en Europe. Ces installations, qui viseront à produire plus de 100 000 puces d’IA, représentent un pas décisif vers l’ambition de l’Union européenne de devenir un acteur majeur sur la scène mondiale de l’IA.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan d’action AI Continent, qui prévoit de mobiliser jusqu’à 20 milliards d’euros d’investissements publics et privés via le fonds européen InvestAI. L’annonce a été faite par la vice-présidente en charge de la Sécurité technologique, de la Sécurité et de la Démocratie, Henna Virkkunen, lors de la présentation d’une feuille de route européenne pour le développement de l’IA.
Un soutien sans précédent à l’infrastructure IA
La création de ces gigafactories marquera un effort sans précédent pour doter l’Europe d’infrastructures adaptées pour des modèles de traitement de données avancés et des capacités d’analyse de pointe. Ces installations seront conçues pour intégrer des centaines de milliers de puces, quadruplant ainsi la capacité actuelle des usines d’IA en Europe. Actuellement, treize projets de fabriques d’IA sont déjà en cours dans l’UE, dont l’un se situe à Barcelone, soutenus par le règlement EuroHPC modifié en 2024.
Au-delà des infrastructures : données, talents et régulations
La stratégie européenne ne se limite pas à la construction d’installations. La Commission a également prévu la création de laboratoires de données au sein de ces gigafactories, destinés à collecter et à traiter de vastes volumes de données de haute qualité. En outre, des efforts seront déployés pour attirer des experts internationaux et encourager le retour de chercheurs européens grâce à des programmes comme MSCA Choose Europe et des bourses de la future AI Skills Academy.
Sur le plan réglementaire, la Commission s’engage à simplifier le cadre législatif et à introduire le Cloud and AI Development Act, une législation visant à inciter l’investissement dans des centres de données durables et à multiplier par trois la capacité de calcul dans l’UE au cours des cinq à sept prochaines années.
Promotion de l’IA dans divers secteurs
Malgré la croissance de l’écosystème de l’IA, seulement 13 % des entreprises européennes ont incorporé ces technologies dans leurs opérations. Pour inverser cette tendance, des consultations publiques et des dialogues sectoriels seront menés pour encourager l’adoption de l’IA dans des domaines clés tels que l’automobile, l’énergie, la santé et l’industrie pharmaceutique.
Prochaines étapes
La Commission européenne a déjà lancé deux consultations publiques relatives au Cloud and AI Development Act et à la stratégie Apply AI, ouvertes jusqu’au 4 juin 2025. Une troisième consultation sur la Data Union Strategy sera lancée en mai.
En se basant sur les résultats de ces consultations et les retours du secteur, Bruxelles finalisera la sélection des consortiums et présentera de nouvelles propositions législatives d’ici la fin de l’année.
En résumé
La compétition mondiale pour l’intelligence artificielle est lancée, et l’Europe désire jouer un rôle de premier plan. Avec des investissements audacieux et une stratégie globale couvrant l’infrastructure et la régulation, la Commission européenne trace la voie vers une transformation numérique où l’IA devient le moteur de l’innovation et de la souveraineté numérique sur le continent.