ASML mise gros sur Mistral AI : l’alliance étrange qui pourrait changer l’avenir technologique de l’Europe

ASML mise gros sur Mistral AI : l'alliance étrange qui pourrait changer l'avenir technologique de l'Europe

ASML, le géant néerlandais de la lithographie avancée, a marqué les esprits dans le secteur de l’intelligence artificielle en devenant actionnaire principal de Mistral AI, la startup française qui, en seulement deux ans, est passée d’une promesse à un symbole européen dans le domaine. L’opération, rapportée en premier par Reuters, prévoit une investissement de 1 300 millions d’euros dans le cadre d’une levée de fonds totale de 1 700 millions, valorisant Mistral à hauteur de 10 milliards d’euros.

Ce partenariat n’est pas anecdotique. Pour la première fois, le leader mondial de la fabrication de machines de lithographie à ultraviolets extrêmes (EUV), indispensables à la production des puces de dernière génération pour TSMC, Intel ou Samsung, s’engage massivement dans l’actionnariat d’une entreprise d’intelligence artificielle. Deux objectifs principaux l’animent : renforcer la souveraineté technologique européenne et exploiter les capacités de Mistral pour optimiser ses propres processus industriels.


Chips + IA : le duo qui façonnera la prochaine décennie

Ce qui peut sembler une alliance improbable s’éclaire lorsqu’on le place dans son contexte. ASML constitue l’élément clé de l’industrie des semi-conducteurs : il contrôle plus de 90 % du marché mondial des machines de lithographie avancée. Sans ses équipements, ni les 3 nm de TSMC ni la prochaine génération d’Intel ne seraient possibles. De son côté, Mistral AI s’impose comme la alternative européenne dans les modèles de langage et l’infrastructure d’IA, avec une approche ouverte et efficace contrastant avec celle d’OpenAI, Google DeepMind ou Anthropic.

La convergence est évidente : la fabrication de puces dépend désormais de l’intelligence artificielle. Qu’il s’agisse de l’optimisation des paramètres en lithographie, de la maintenance prédictive ou de la modélisation de processus, les algorithmes sont maîtres de l’efficacité, du rendement (yield) et des coûts. ASML sait qu’elle doit intégrer l’IA pour préserver son leadership, et Mistral recherche un partenaire industriel capable de lui apporter du poids, de la crédibilité et un accès mondial à ses clients.


Mistral AI : l’étoile montante en Europe

Créée en 2023, Mistral a déjà levé plus de 1 milliard de dollars avant cette nouvelle étape. Son produit phare est une gamme de modèles de langage open source, conçus pour garantir une grande efficacité d’inférence et une facilité de déploiement en milieu industriel.

La société développe aussi Mistral Compute, une infrastructure d’IA utilisant 18 000 Superchips NVIDIA Grace basés sur Blackwell. Avec le soutien d’ASML, cette position leur confère une place unique : ils peuvent rivaliser avec des géants comme OpenAI ou Anthropic, tout en proposant une offre plus conforme à la réglementation européenne et dotée d’une indépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis ou de la Chine.


NVIDIA, le troisième partenaire discret

Il serait impossible de comprendre cette dynamique sans mentionner NVIDIA, qui entretient une alliance technologique et financière avec Mistral. La startup française dépend de ses GPU pour bâtir ses infrastructures, mais elle offre aussi quelque chose que NVIDIA ne contrôle pas complètement : le discours sur la souveraineté numérique européenne.

Avec ASML en tant qu’actionnaire principal, la collaboration prend une nouvelle dimension. L’Europe parvient à faire en sorte qu’un fournisseur critique de hardware (NVIDIA), une infrastructure indispensable (ASML) et une startup IA innovante (Mistral) tous forment un écosystème connecté.


Quels bénéfices pour ASML ?

Au-delà du volet stratégique, l’intérêt opérationnel est aussi évident : exploiter l’IA de Mistral pour perfectionner ses propres technologies. Voici quelques domaines clés :

  • Contrôle des processus : optimisation des paramètres en lithographie EUV et DUV.
  • Maintenance prédictive : diminution des arrêts imprévus en fabrication de chips.
  • Metrologie avancée : analyse en temps réel des variations et des défauts.
  • Développement produit : simulations plus rapides pour les futures générations de machines.

Chaque amélioration marginale dans ces domaines peut engendrer des économies de plusieurs millions d’euros et renforcer la position d’ASML face à des concurrents émergents tels que Canon ou Nikon, qui cherchent aussi à s’imposer en lithographie avancée.


L’Europe cherche à renforcer ses capacités

La collaboration entre ASML et Mistral s’analyse comme un mouvement politique-industriel de premier plan. L’Europe, incapable à elle seule de rivaliser en termes d’investissement avec les États-Unis ou la Chine, mise sur un alignement stratégique pour réduire sa dépendance.

10 milliards d’euros pour Mistral, l’Europe dispose déjà d’un acteur significatif dans le domaine de l’IA. Avec ASML à ses côtés, cet acteur bénéficie d’un appui financier et industriel. Le défi maintenant est de transformer cet investissement en produits compétitifs et de bâtir un écosystème autour, comprenant des clouds européens, des intégrateurs et des clients d’entreprise.


Rumeurs autour d’Apple et d’éventuelles acquisitions

Par ailleurs, circulent des rumeurs selon lesquelles Apple s’intéresserait à l’acquisition de Mistral AI ou de Perplexity, dans le cadre de sa stratégie pour accélérer sa marche en avant dans le domaine de l’IA. Bien que rien ne soit confirmé, cette perspective complique la situation : avec ASML dans le conseil d’administration et avec la portée politique du projet, une vente totale à un géant américain serait difficile à justifier en Europe.

De son côté, Mistral manifeste un intérêt à acquérir des startups plus petites pour étoffer son portefeuille. Fortifiée par cette levée de fonds, il n’est pas exclu de voir des opérations de consolidation dans les mois à venir.


Conclusion : une démarche aussi surprenante qu’indispensable

L’entrée de ASML en tant qu’actionnaire principal de Mistral AI peut paraître surprenante, mais elle traduit une réalité incontournable : les puces et l’intelligence artificielle ne sont plus deux mondes séparés. Consciente de son retard face aux États-Unis et à la Chine, l’Europe a choisi de miser sur ses deux atouts majeurs : le monopole mondial d’ASML en lithographie et l’innovation ouverte de Mistral en IA.

Si cette alliance est menée à bien, elle pourrait marquer un tournant dans la souveraineté technologique européenne. Il ne suffit pas d’accueillir plus de touristes ou de favoriser certains secteurs ; il faut que la valeur et l’innovation restent chez nous. En matière d’IA, cela se traduit par la création d’acteurs européens à fort potentiel, dotés d’envergure globale.


Questions fréquentes (FAQ)

Quel montant ASML a-t-il investi dans Mistral AI ?
ASML a engagé 1 300 millions d’euros lors de la dernière levée de fonds de Mistral, qui totalise 1 700 millions.

Quelle est la valorisation de Mistral AI après cette opération ?
La startup française est valorisée à environ 10 milliards d’euros, ce qui en fait la startup IA la plus valorisée d’Europe.

Quel rôle joue NVIDIA dans cette histoire ?
NVIDIA agit comme partenaire technologique et financier, fournissant ses Superchips Grace Blackwell. La participation d’ASML consolide cette collaboration en y apportant son soutien industriel et stratégique.

Ce mouvement pourrait-il permettre à l’Europe de rivaliser avec les États-Unis et la Chine en IA ?
Pas seul, mais il constitue une étape essentielle vers la souveraineté technologique européenne. La réussite dépendra de la manière dont Mistral utilise ses fonds, de son intégration avec ASML, et de sa capacité à bâtir un écosystème d’IA à vocation européenne.

Source : Reuters et Noticias inteligencia Artificial

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