Dans le secteur technologique, les entreprises qui dominent aujourd’hui peuvent rapidement tomber dans l’oubli demain. BlackBerry et Nokia en ont été les exemples les plus frappants, et certains analystes de Wall Street craignent que Apple, la société la plus valorisée au monde, ne se retrouve dans une situation similaire si elle ne renforce pas rapidement ses investissements dans l’intelligence artificielle (IA).
Dans les années 2000, BlackBerry était le leader incontesté des smartphones, grâce à son clavier QWERTY emblématique, la réception instantanée de courriels et son image d’outil indispensable pour les professionnels, atteignant une valeur par action supérieure à 140 dollars en 2008. Cependant, son refus de se réinventer face à l’arrivée de l’iPhone d’Apple a rapidement modifié la donne. En quelques années, la valeur de BlackBerry a chuté de plus de 97 %.
De son côté, Nokia incarnait la durabilité et la fiabilité dans le domaine des téléphones mobiles, représentant plus de 40 % de parts de marché mondiale à son apogée. Mais sa décision tardive d’adopter les smartphones à écran tactile, combinée à une stratégie erronée avec le système d’exploitation Symbian et une collaboration ratée avec Microsoft, a précipité sa chute. En 2013, Nokia a vendu sa division mobile à Microsoft, clôturant un chapitre autrefois impensable.
Le point commun à ces deux échecs réside dans l’incapacité à s’adapter rapidement à une disruption technologique. Leur succès passé est devenu une lourde charge qui a freiné leur capacité à prendre des décisions audacieuses à temps.
Récemment, l’analyste Dan Ives de Wedbush Securities a lancé un avertissement à Apple, souvent considérée comme optimiste à l’égard de la société de Cupertino. Il met en garde contre une éventuelle « crise BlackBerry ou Nokia » si Apple ne se mobilise pas rapidement dans le domaine de l’IA générative.
Malgré ses 2,4 milliards d’appareils actifs fonctionnant sous iOS, dont 1,5 milliard d’iPhones, Apple semble faire preuve de retenue face à une concurrence qui avance à grands pas : Microsoft, Google, Meta, Amazon, et même des startups comme OpenAI poussent à la transformation de l’IA. Ives qualifie la position d’Apple de « regarder de loin en sirotant une limonade dans un parc », plutôt que de se lancer dans la compétition.
Pour éviter cette trajectoire périlleuse, l’analyste propose trois stratégies clés : d’abord, acquérir Perplexity AI, une startup spécialisée dans un moteur de recherche basé sur l’IA capable d’apporter des réponses contextuelles précises. Bien que la société ait nié des négociations avec Apple, Ives souligne qu’une acquisition de plus de 30 milliards de dollars serait une option rentable, compte tenu du potentiel de revenus liés à l’IA. Ensuite, Apple devrait attirer des talents externes en IA pour dynamiser ses projets, en apportant un leadership expérimenté dans ce domaine. Enfin, il recommande d’intégrer profondément Gemini, le chatbot d’IA de Google, dans l’écosystème Apple, malgré les défis réglementaires possibles. Selon lui, OpenAI n’est pas une option viable à long terme, et le temps presse pour prendre des décisions stratégiques.
L’histoire de BlackBerry et Nokia illustre que la disruption ne pardonne pas : rester figé dans une conception obsolète ou sous-estimer l’impact de l’IA générative pourrait coûter cher à Apple. La société possède une capitalisation boursière de 3,33 trillions de dollars et une croissance spectaculaire depuis 2008, mais elle doit agir avant que sa position de leader ne s’érode.
Ce « moment BlackBerry ou Nokia » n’est pas une prédiction inévitable, mais une mise en garde. Apple dispose des ressources et de l’infrastructure pour s’imposer dans cette nouvelle ère, à condition de passer à l’action rapidement. La course à l’IA n’est pas une mode passagère : elle déterminera les gagnants et les perdants de la prochaine décennie.
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