Aotec saisit l’Audience nationale pour l’extension du spectre aux grands opérateurs en raison de la distorsion de la concurrence.

Carte des bandes de fréquence en Espagne : Répartition et implications pour les utilisateurs

Titre : L’Association Nationale des Opérateurs de Télécommunications conteste l’élargissement des concessions de fréquence au profit des grands opérateurs

L’Association Nationale des Opérateurs de Télécommunications (Aotec) a déposé quatre recours devant l’Audiencia Nacional pour contester la décision du gouvernement d’accorder une extension gratuite de dix ans des concessions de spectre radioélectrique à des opérateurs majeurs tels que Vodafone, Xfera, Orange et Telefónica Móviles. Cette mesure, prise le 20 juin dernier par le biais de plusieurs ordonnances ministérielles, s’appuie sur la Disposition Transitoire Deuxième de la Loi Générale des Télécommunications et a été mise en œuvre sans aucune contrepartie ou compensation financière exigée.

Aotec considère que cette extension automatique crée une distorsion majeure du marché, favorisant les opérateurs ayant une grande part de marché et entravant ainsi la compétitivité. Selon ses estimations, la valeur des concessions récemment accordées a augmenté de plus de 1,7 milliard d’euros, sans qu’il y ait eu de bénéfice pour l’État ou le secteur dans son ensemble.

Aotec fait valoir dans son recours que "de nombreuses licences avaient été attribuées par concours, et maintenant elles sont renouvelées pour une décennie sans permettre l’entrée de nouveaux acteurs ni garantir un usage efficace du spectre".

Une demande ignorée lors de la consultation publique

En amont de l’extension, Aotec avait proposé, lors de la phase de consultation publique, que l’accès au marché de gros soit facilité pour les opérateurs de réseaux mobiles virtuels et que les opérateurs soient contraints de céder du spectre peu utilisé. L’association s’inquiète particulièrement que, suite à cette extension, les opérateurs aient choisi de mutualiser l’utilisation de la bande de 700 MHz, ce qui restreint davantage les possibilités de participation de nouveaux acteurs dans le déploiement de la 5G.

Avant même la pandémie, Aotec avait promu plusieurs alternatives pour garantir un écosystème compétitif dans le domaine de la 5G, avertissant qu’un marché fermé pourrait entraîner une nouvelle fracture numérique, alors même que le déploiement de la fibre optique commençait à atténuer cette fracture dans les zones rurales.

Fusion, déréglementation et risque d’oligopole

Le recours judiciaire d’Aotec s’inscrit dans un contexte européen où les grands opérateurs défendent des politiques de concentration, conformément au Livre Blanc sur les infrastructures numériques publié par la Commission Européenne en février 2024. Ce document prône la réduction de la fragmentation du marché des télécommunications, considérant les fusions comme un moyen d’atteindre une supposée "autonomie stratégique" dans le secteur numérique.

Cependant, plus de 800 opérateurs intégrés dans l’European Local Fibre Alliance (Elfa), y compris Aotec, ont déjà exprimé leur rejet de cet argument. Ils estiment que la diversité des opérateurs ne affaiblit pas l’Union Européenne, mais constitue plutôt un facteur clé d’efficacité, d’innovation et de couverture sur l’ensemble du territoire, sans nécessiter de subventions ou d’incitations publiques.

Aotec met également en garde contre un processus croissant de déréglementation des marchés, soutenu par Bruxelles et les grands opérateurs, qui pourrait compromettre les garanties actuellement en place permettant aux acteurs plus petits de rivaliser dans des conditions raisonnables.

Augmentations tarifaires dans l’offre de gros MarCo

En parallèle de son recours, Aotec a exprimé à la Commission Européenne ses préoccupations concernant les changements proposés dans l’offre de gros d’infrastructures physiques (MarCo) présentée par Telefónica sous la supervision de la CNMC.

Cette modification propose des hausse tarifaires comprises entre 11 % et 29 %, jugées injustifiées par l’association. Aotec dénonce le fait que ces prix soient calculés sur la base de données biaisées du fournisseur dominant, appliquant à tort les principes de la Recommandation Gigabit de l’UE, conçue pour de nouvelles infrastructures.

La concurrence comme moteur de la transformation numérique

Face à la CNMC et à la Commission Européenne, Aotec souligne le rôle déterminant des opérateurs alternatifs dans l’expansion de la bande passante et la réduction de la fracture numérique. Selon l’association, la concurrence est la meilleure garantie d’innovation, d’efficacité et de prix accessibles pour les citoyens et les entreprises.

Dans un contexte marqué par des fusions, des concessions prolongées sans appel d’offres et des pressions pour réduire la réglementation, Aotec plaide pour un modèle pluraliste et équitable qui permettrait aux opérateurs neutres de continuer à jouer un rôle central dans le déploiement numérique en Espagne.

Source : Communiqué de presse AOTEC

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