La IFA 2025 de Berlin a servi de vitrine pour AMD, permettant à la société de répondre à une avalanche de questions sur sa stratégie présente et future. Bien que aucun nouveau produit n’ait été dévoilé, AMD a laissé transparaître des messages clairs concernant ses plans en matière d’intelligence artificielle, de NPUs, de GPUs, du futur du scaling FSR Redstone et, bien sûr, du controversé rebranding de ses puces.
L’intelligence artificielle, « sous-estimée » selon AMD
Alors que l’industrie semble n’évoquer qu’elle, AMD soutient que l’intelligence artificielle est encore à ses débuts et qu’elle serait même « sous-évaluée ». Jack Huynh, vice-président senior et responsable de la division Computing and Graphics, a affirmé que les trois à cinq prochaines années seront déterminantes : « Nous croyons que l’IA sera pour cette génération ce que fut Internet il y a quelques dizaines d’années ».
Lors de l’IFA à Berlin, AMD a souligné l’importance de l’IA locale, exécutée directement sur les appareils sans dépendre du cloud, comme clé pour la sécurité et la confidentialité. Un clin d’œil évident à sa stratégie de renforcer la présence de NPUs dans les PC et portables.
Le « PC parfait » et le rôle des NPUs
La société a défendu l’idée qu’il ne peut y avoir d’AI PC sans une base matérielle solide. Son objectif : offrir la meilleure combinaison possible de hardware et software pour un « PC parfait » au service des utilisateurs comme des entreprises.
Dans cet écosystème, les NPUs (Neural Processing Units) joueront un rôle de plus en plus central. AMD a souligné que ces unités ne remplaceront pas les CPU ou GPU, mais qu’elles prendront en charge davantage de tâches grâce à leur meilleure efficacité énergétique. Selon Huynh, la clé réside dans le rapport performance/watt plutôt que dans la puissance brute.
AMD a également profité de l’occasion pour répondre à l’éternel débat ARM vs. x86, en affirmant que la supposée inefficacité de x86 est désormais dépassée : « Aujourd’hui, les Ryzen et Intel Core offrent une autonomie très longue sur portables, sans renier l’écosystème complet x86 ».
GPUs : ventes solides, mais débat sur la part de marché
Un point délicat concernait la part de marché des GPUs. Selon un récent rapport de Jon Peddie Research, AMD détient à peine 6 % du marché des cartes graphiques discrètes, face à NVIDIA et ses RTX. La société a évité de commenter directement ces chiffres, s’appuyant plutôt sur les données de Mercury Research, généralement plus favorables.
Ce qu’elle a admis, c’est que la demande continue de dépasser la capacité de production : « Les GPU Radeon se vendent bien dans le gaming comme dans les secteurs professionnels. Nous travaillons à augmenter notre capacité ».
FSR Redstone en perspective
Un autre annonce majeur fut la confirmation que FSR Redstone, l’évolution de la technologie de reescalade FidelityFX Super Resolution, sera lancée ce semestre comme prévu. AMD prévoit une présentation dédiée pour dévoiler les nouveautés de cette norme face à NVIDIA DLSS et Intel XeSS.
Prix des portables : pas de guerre contre les Chromebooks
Concernant le marché des portables, AMD a précisé qu’elle n’entrerait pas dans une guerre des prix avec les Chromebooks extrêmement abordables à environ 300 ou 400 dollars. La stratégie consiste plutôt à proposer des portables dotés de NPUs performantes à partir de 600 dollars, équipés de processeurs comme Kraken Point et Kraken2, qui ont permis de réduire le prix moyen de leur gamme avec IA intégrée en moins d’un an.
Pas de « Radeon Now » prévu
Interrogée sur un service « cloud gaming » propre au style de GeForce Now, AMD a été catégorique : il n’y aura pas de « Radeon Now ». La société préfère se concentrer sur la fourniture de matériel à des tiers, y compris à des concurrents, comme c’est déjà le cas avec GeForce Now, qui utilise des processeurs AMD Ryzen Threadripper dans son infrastructure.
La controverse du rebranding
Le sujet le plus sensible concernait le rebranding des puces. AMD a reconnu recourir à cette pratique, tout en affirmant qu’il s’agit d’une stratégie pour vendre une « expérience actualisée » plutôt qu’un simple changement de nomenclature. Par exemple, les nouveaux processeurs pour consoles portables Ryzen Z2, Z2 Extreme et Z2 Go cohabitent avec des architectures Zen 5, Zen 4, voire Zen 2 sous une même marque.
La presse spécialisée voit toutefois d’un mauvais œil que l’on présente comme « nouveaux » des chips qui ont en réalité plusieurs années. AMD a contre-attaqué en évoquant la fragmentation des architectures Intel — Lunar Lake, Arrow Lake, Raptor Lake — et en défendant la plus grande homogénéité de sa gamme Ryzen.
AMD : entre la pression de NVIDIA et l’opportunité de l’IA
En résumé, AMD arrive à l’IFA 2025 avec un message clair : renforcer sa position dans l’IA, miser sur les NPUs et conserver sa présence dans le domaine des GPUs, malgré la domination de NVIDIA. Le défi sera de convaincre le marché et les utilisateurs que ses solutions offrent un équilibre compétitif entre performance, efficacité et prix.
Questions fréquentes (FAQ)
Qu’est-ce que FSR Redstone ?
C’est la prochaine évolution de la technologie de reescalade FidelityFX Super Resolution d’AMD, qui rivalise avec DLSS de NVIDIA. Elle promet une meilleure qualité d’image et un support plus étendu dans les jeux.
Pourquoi AMD mise-t-elle sur les NPUs ?
Parce qu’elles permettent de traiter les tâches d’IA avec une efficacité énergétique supérieure à celle des CPU ou GPU, favorisant l’exécution de l’IA en local sur les PC et portables.
Quelle est la part réelle d’AMD sur le marché des GPUs ?
Selon la source, Jon Peddie Research la situe à 6 %, tandis que Mercury Research donne des chiffres plus élevés. AMD affirme que ses ventes restent solides.
Y aura-t-il un service de cloud gaming propre à AMD ?
Non. La société préfère fournir du hardware à des tiers, y compris à ses concurrents, plutôt que de développer sa propre plateforme de jeu en cloud.
via : computerbase