Google se prépare à franchir une nouvelle étape dans l’univers des systèmes d’exploitation pour ordinateur de bureau. Après plus d’une décennie à miser sur ChromeOS pour les Chromebooks, la société travaille désormais sur Aluminum/Aluminium OS, une nouvelle plateforme basée sur Android et conçue pour fonctionner sur ordinateurs portables, tablettes et PC de bureau, avec l’intelligence artificielle Gemini en son centre.
Bien que ce projet ne soit pas encore officiellement présenté au grand public, plusieurs fuites et offres d’emploi publiées par Google elle-même permettent d’esquisser les grandes lignes de ce nouveau système d’exploitation, destiné à concurrencer frontalement Windows 11 et macOS dans la prochaine génération d’appareils équipés de processeurs Arm.
De ChromeOS à Aluminum OS : la convergence d’Android et du bureau
Actuellement, le marché des systèmes d’exploitation pour PC est dominé par trois grands noms : Windows, macOS et Linux. À leurs côtés, Google maintient depuis 15 ans ChromeOS, principalement présent dans les Chromebooks éducatifs et les ordinateurs portables d’entrée de gamme. Basé sur Linux et utilisant le navigateur Chrome, ChromeOS est fortement axé sur le cloud et les applications web.
Cependant, cette orientation a montré ses limites :
- Une difficulté à séduire les utilisateurs avancés et les professionnels.
- Une forte dépendance au web au détriment des applications natives traditionnelles.
- Une faible traction dans les gammes moyennes et haut de gamme, face à la concurrence de Windows et macOS.
Avec Aluminum OS (également appelé « Aluminium OS » dans certains médias), Google souhaite précisément briser ces barrières. Selon les informations disponibles, ce système sera :
- Basé sur Android, et non simplement une interface navigateur sur Linux.
- Conçu dès le départ pour ordinateur de bureau, portables, appareils convertibles et mini-PC.
- Visant à unifier l’écosystème : applications Android, services Google et fonctionnalités qui jusqu’à présent étaient séparés entre Android et ChromeOS.
Concrètement, Google poursuit une approche similaire à celle qu’Apple a construite avec iOS, iPadOS et macOS : créer un environnement où applications et expériences circulent plus aisément entre mobile, tablette et ordinateur de bureau.
Un système d’exploitation « AI First » avec Gemini au cœur
Un des piliers de Aluminum OS sera l’intégration poussée de l’IA Gemini, la famille de modèles de langage développée par Google. Selon des documents internes et des filtrations, il s’agirait d’un système « construit avec l’intelligence artificielle au centre », partageant une philosophie similaire à celle que la société adopte avec Android XR et d’autres projets récents.
Bien que la liste précise des fonctionnalités ne soit pas encore définitive, on attend de Gemini qu’il apporte notamment :
- Assistants contextuels capables d’aider dans toutes les parties du système : rédaction de courriels, résumé de documents, génération de contenus, etc.
- Recherche unifiée dans fichiers locaux, applications et web, en langage naturel.
- Automatisation des tâches : flux de travail intelligents connectant applications, services et données, sans que l’utilisateur ait besoin de programmer.
- Fonctionnalités hors ligne améliorées, en utilisant des modèles exécutés directement sur l’appareil lorsque le matériel le permet.
Dans cette optique, Aluminum OS s’inscrit dans la tendance du secteur : des systèmes d’exploitation « AI native » ou « AI first », chez Microsoft comme chez Apple, où l’intelligence artificielle devient une couche transversale plutôt qu’une simple application additionnelle.
Un partenariat avec Qualcomm et des PC équipés de nouveaux processeurs ARM
Un autre pilier de ce projet concerne le hardware. Google collabore avec Qualcomm pour développer la nouvelle génération de processeurs Snapdragon X Elite et X2 Elite, destinés aux ordinateurs portables et PC architecturés sur ARM.
Ces puces promettent :
- De bonnes performances face aux CPU d’Intel et AMD dans de nombreux scénarios.
- Des GPU intégrés (Adreno) capables de rivaliser avec les solutions graphiques traditionnelles, tout en offrant des économies d’énergie substantielles.
- Un fort accent sur l’IA hardware-accelerated, idéal pour les fonctionnalités Gemini intégrées dans le système d’exploitation.
Cette stratégie est logique : un Android de bureau basé sur des processeurs ARM permet d’exécuter nativement des applications mobiles, sans recourir à des couches d’émulation complexes. Si Google parvient à offrir une expérience desktop fluide — gestion des fenêtres, multitâche, support des périphériques et applications professionnelles — Aluminum OS pourrait devenir une alternative crédible à Windows sur les nouveaux PC Arm.
Ce que l’on sait jusqu’à présent : nom interne, stratégie et échéances
Malgré l’absence encore d’annonce officielle, plusieurs éléments commencent à s’assembler :
- Le nom « Aluminium OS » apparaît dans des offres d’emploi chez Google, mentionnant explicitement un nouveau système basé sur Android pour ordinateurs portables et tablettes, avec l’IA comme cœur.
- Ce même matériel évoque une stratégie large incluant des appareils d’entrée de gamme, de milieu de gamme et haut de gamme, laissant entendre que Google ne veut pas se limiter aux Chromebooks bon marché, mais viser également le MacBook Air, Surface Laptop et autres ultraportables haut de gamme.
- Parallèlement, plusieurs médias spécialisés évoquent une coexistence provisoire de ChromeOS et Aluminum OS, avec une transition progressive où certains appareils continueront avec ChromeOS pendant que d’autres adopteront le nouveau système.
- Le calendrier évoqué par diverses sources prévoit un lancement commercial vers 2026, profitant de la maturité des premiers PC équipés de Snapdragon X et de l’intégration de Gemini dans tout l’écosystème Google.
À noter aussi, l’utilisation du nom : plusieurs filtrations utilisent la graphie britannique « Aluminium OS », certains y voyant un clin d’œil à Chromium (la base ouverte de ChromeOS), tandis que d’autres parlent de « Aluminum OS » pour les marchés anglophones, notamment américain.
Les défis de Google : de l’éducation et des gammes basses au PC haut de gamme
Malgré l’ambition, ce mouvement n’est pas exempt de défis. Google arrive sur le secteur du bureau dans un contexte où :
- Windows conserve la majorité du marché PC.
- macOS maintient une base fidèle dans les secteurs créatif et professionnel.
- Linux continue d’occuper une niche chez les développeurs et serveurs, et gagne en visibilité avec des distributions plus accessibles.
ChromeOS a rencontré du succès principalement dans l’éducation et sur des appareils à bas coût, mais ses tentatives dans le haut de gamme, notamment avec des Chromebooks plus performants, n’ont pas réellement décollé. Aluminum OS ambitionne de changer cette image de « système bon marché et limité » pour devenir une option crédible aussi pour les portables premium, mini-PC et formats 2-en-1.
Parmi les zones d’incertitude restant, figurent :
- Le niveau de compatibilité avec les Chromebooks existants.
- Le modèle précis de boutique d’applications en mode bureau.
- Comment seront intégrées les applications classiques de productivité et les workflows professionnels face à l’écosystème bien ancré de Windows et macOS.
Impacts potentiels de Aluminum OS pour utilisateurs et développeurs
Si Google parvient à concrétiser son projet, Aluminum OS pourrait avoir plusieurs conséquences significatives :
- Pour les utilisateurs, davantage d’options pour acheter un ordinateur portable ou un PC axé sur l’IA et une bonne autonomie, sans dépendre uniquement de Windows ou macOS.
- Pour les fabricants, une nouvelle voie pour commercialiser des appareils ARM compatibles Android, avec le support de Google Play et des applications mobiles déjà existantes, mais avec une interface adaptée au bureau.
- Pour les développeurs, un écosystème où une base Android unique pourrait alimenter à la fois mobiles, tablettes et ordinateurs, en réduisant la fragmentation et en facilitant l’adaptation des applications aux grands écrans.
La réussite dépendra de la capacité de Google à convaincre fabricants, entreprises et utilisateurs que cette fois, le bureau est vraiment une priorité — un pari qu’elle avait déjà tenté sans succès avec des projets comme Andromeda OS. La grande différence réside désormais dans la maturité des processeurs ARM pour PC et dans la montée en puissance de la intelligence artificielle comme valeur ajoutée.
Questions fréquentes sur Aluminum / Aluminium OS
1. Aluminum OS remplacera-t-il complètement ChromeOS ?
—Les informations disponibles indiquent une cohabitation sur une période transitoire. ChromeOS restera présent sur certains appareils pendant que Aluminum OS sera déployé progressivement sur de nouvelles gammes. La transition, selon les filtrations, viserait à faire migrer progressivement les utilisateurs de ChromeOS vers la nouvelle plateforme basée sur Android.
2. Será limité uniquement aux processeurs ARM comme Snapdragon X ?
—Le déploiement initial ciblera les PC avec processeurs ARM, où Android peut fonctionner nativement, sans émulation. La prise en charge d’autres architectures n’est pas encore confirmée, mais le succès du système dépendra de l’étendue du matériel compatible proposée par Google.
3. Quel rôle jouera Gemini dans le système ?
—Gemini ne sera pas seulement un chatbot ; il s’agira d’une couche d’IA intégrée partout dans le système, de la recherche à la productivité, en passant par l’assistance contextuelle. Il aidera à organiser l’information, automatiser des tâches, générer du contenu et offrir des fonctions intelligentes en ligne ou localement, selon la configuration matérielle.
4. Quand les utilisateurs pourront-t-ils tester Aluminum OS sur leurs PC ?
—Il n’y a pas de date officielle pour le moment, mais plusieurs sources évoquent un lancement prévu en 2026, en cohérence avec l’arrivée de nouveaux appareils portables et de bureau équipés de Snapdragon X et adoptant Gemini. D’ici là, Google devrait continuer à dévoiler davantage d’informations lors de conférences et événements pour développeurs.
via : notebookcheck